Oxfam France et Kantar font paraître aujourd’hui un nouveau sondage interrogeant les Français·es sur leur perception de la crise climatique, de ses conséquences et des rôles et responsabilités des différents acteurs – gouvernement, entreprises, citoyen·ne·s – pour y faire face. Alors que ce samedi 12 décembre marquera les 5 ans de l’adoption de l’Accord de Paris, le verdict est clair : pour une grande majorité des Français·es, il est prioritaire de faire plus. Et c’est du côté des gouvernements que l’action est attendue, car jugée insuffisante pour le moment. Pour les Français·es, les plans de relance sont l’occasion de réorienter les politiques en faveur de cette urgence climatique – mais aussi sociale.

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95% des Français·es jugent l’action face à la crise climatique importante voire prioritaire

Pour 61% des Français·es, la lutte contre les changements climatiques est perçue comme prioritaire et il est urgent d’agir. De plus en plus de Français·es expérimentent et prennent conscience des conséquences multiples des changements climatiques. Devançant nettement les autres impacts, 63% redoutent ainsi l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes, tels que les tempêtes, les inondations, les canicules ou encore les incendies. Et non à tort : la France se classe en effet au 15e rang des pays les plus touchés au niveau mondial par des phénomènes climatiques extrêmes, entre 1999 et 2018. Et 62% de la population est exposée de manière forte ou très forte aux risques climatiques, comme le reconnaît un rapport du ministère de la Transition écologique.

Pour 62% des Français·es, la France n’en fait pas assez

Alors que l’enjeu climatique est perçu comme important voire une priorité pour une très grande partie de la population française, 62% jugent aujourd’hui que la France n’en fait pas assez.

Mais qui doit agir ? Là encore, les résultats de l’enquête d’opinion trace une ligne nette. Interrogé·e·s sur les acteurs qui devraient prioritairement accentuer leurs efforts dans la lutte contre les changements climatiques, 52% des Français·es placent les gouvernements en première position. Et ils sont 89% à placer les gouvernements parmi les 3 acteurs qui doivent, en priorité, renforcer leur action en ce sens. Viennent ensuite les entreprises.

Les plans de relance, l’occasion de construire un modèle socialement et écologiquement viable

L’enquête d’opinion montre également que pour 49% des Français·es, les plans de relances doivent avant tout repenser le modèle économique pour réduire les inégalités tout en tenant compte des limites de la planète. Surtout, seuls 12% des Français·es considèrent que ces plans doivent favoriser l’économie en relançant la croissance du PIB coûte que coûte.

Une mesure concrète, fortement débattue lors des votes parlementaires des différents plans de relance dès le printemps et durant l’automne, reçoit un soutien majeur des personnes interrogées. Pour 8 Français·es sur 10, les plans de relance doivent être l’occasion d’imposer des contreparties aux entreprises afin qu’elles s’engagent dans la transition écologique et réduisent leur empreinte carbone.

Pourtant, le gouvernement et la majorité parlementaire ont écarté cette disposition du plan de relance, malgré les différents amendements déposés pour la mettre en place. Une décision à contre-courant de l’opinion, de l’urgence de la situation et de l’opportunité offerte par le contexte actuel au regard des aides publiques engagées.

Les Français·es, adeptes des gestes individuels pour agir face aux changements climatiques

Pour 47% des Français·es, les citoyens font partie des trois premiers acteurs à devoir accentuer leurs efforts dans la lutte contre les changements climatiques. L’enquête révèle une prise de conscience au niveau des comportements individuels. Une grande majorité de Français·es déclarent ainsi avoir déjà adaptés leurs pratiques : 96% déclarent avoir adopté des gestes plus respectueux de l’environnement (trier ses déchets, limiter le gaspillage, limiter l’impact de ses moyens de déplacement) et 87% consommer moins et/ou différemment (consommer moins de viande, local, bio ou éthique)

La prise de conscience citoyenne est là et les pratiques changent. Mais les gestes des citoyen·ne·s ne suffiront pas : ils ne représentent que 25% des efforts nécessaires pour respecter l’Accord de Paris – les 75% restants se trouvent entre les mains de l’Etat et des entreprises.

Pour Armelle Le Comte, responsable de plaidoyer Climat et énergie à Oxfam France : « Cinq ans après l’Accord de Paris, le bilan est inquiétant : les impacts se sont multipliés à travers le monde et si personne n’est à l’abri, ce sont les populations les plus pauvres qui sont en première ligne. Pourtant, l’action des Etats reste désespérément insuffisante. Depuis 2015, les émissions de gaz à effet de serre ont continué à augmenter, compromettant l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C. Malgré des besoins croissants, les financements climat promis aux pays en développement par les pays riches – 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 – sont bien loin d’être atteints.

Quant à la France, elle n’est pas tout simplement pas à la hauteur de l’urgence climatique. Emmanuel Macron a multiplié les envolées lyriques à l’international mais les actes ne suivent pas : la France ne respecte pas ses propres objectifs nationaux et tourne le dos à une relance à la fois verte et juste. La loi issue des propositions de la Convention citoyenne sur le climat sera la dernière séance de rattrapage, mais déjà, le risque d’une coquille vide est grand.

Cette enquête d’opinion, réalisée par Oxfam avec l’institut Kantar montre que ce ne sont pas seulement les ONG qui demandent des décisions politiques plus fortes pour répondre à la crise climatique, mais bien une grande majorité des Français·es qui a aujourd’hui conscience, et à raison, que nous subissons les impacts de l’inaction climatique. Le gouvernement a aujourd’hui une fenêtre grande ouverte pour enfin agir à la hauteur de l’urgence climatique. Utiliser les plans de relance pour imposer des contreparties écologiques aux aides, et une loi issue des propositions de la Convention citoyenne réellement ambitieuse, sont deux occasions pour rectifier le tir et ne pas poursuivre sur la voie du bilan inquiétant que nous dressons aujourd’hui 5 ans après l’Accord de Paris. »

Contact presse :

Marion Cosperec – mcosperec@oxfamfrance.org – 07 68 30 06 17

Notes aux rédactions :

1/ La synthèse de l’enquête d’opinion et les résultats détaillés sont disponibles ici

2/ L’enquête d’opinion, réalisé par Kantar pour Oxfam France, a été menée auprès d’un échantillon représentatif de 1004 Français·es, agé·e·s de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas, appliquée au sexe, à l’âge et à la catégorie socio-professionnelle, avec une stratification par région. Les interviews ont été réalisées en ligne, entre le 12 et le 18 novembre 2020.