La pandémie de Covid-19 représente un nouveau défi pour un pays déjà dévasté par la guerre

Après 5 années de conflit, la situation au Yémen empire avec une récente recrudescence des combats, l’approche de la prochaine saison des pluies et le durcissement des frontières en raison de la pandémie mondiale de Covid-19. Le bilan est sans appel : depuis l’entrée dans le conflit de la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite en mars 2015, on estime que 12 366 civils ont été tués lors des combats. Après une baisse des hostilités vers la fin de 2019, les combats se sont à nouveau intensifiés dans les gouvernorats de Sanaa, Marib et Aljawf en janvier et février de cette année.

Dans ce contexte de guerre, ce sont les combats mais aussi les maladies et la faim provoquées par le conflit qui sont à l’origine des souffrances de la population. Chaque heure depuis 5 ans :

plus de 90 personnes sont déplacées et forcées de fuir leur foyer. Au total, plus de quatre millions de personnes ont été déplacées dans des camps de fortune ou accueillies dans des communautés à travers le pays depuis 2015.
plus de 50 nouveaux cas suspects de choléra sont signalés

En ce qui concerne la sécurité alimentaire, le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté de 4,7 millions au cours des cinq dernières années pour arriver jusqu’à 11 millions de personnes.

Une situation qui se voit encore plus fragilisée par le défi que pose le Covid-19. Tous les vols à destination et en provenance du pays ont été annulés, ce qui a restreint les déplacements de certains travailleurs humanitaires mobilisés pour venir renforcer la réponse d’urgence humanitaire. Seuls 50% des centres de santé au Yémen fonctionnent aujourd’hui, et ceux qui sont ouverts sont confrontés à une grave pénurie de médicaments, d’équipements et de personnel.

Environ 17 millions de personnes – plus de la moitié de la population – n’ont pas accès à l’eau potable, essentielle pour la consommation mais aussi pour lutter contre des maladies qui ravage le pays depuis plusieurs années : depuis le début de l’épidémie de choléra en 2017, plus de 2,3 millions de cas suspects ont été enregistrés. La prochaine saison des pluies qui devrait commencer en avril va surement faire augmenter de nouveau le nombre de cas : selon les projections d’Oxfam, il pourrait y avoir un pic en 2020 de plus d’un million de nouveaux cas.

Selon Jon Cerezo, responsable de campagne humanitaire chez Oxfam France, «alors que la communauté internationale est à juste titre soucieuse de protéger ses propres citoyens contre le Covid-19, elle ne peut pas oublier la population du Yémen qui souffre d’une guerre injuste. Après cinq ans de massacres, de maladies et de déplacements massifs de populations, et maintenant face à la menace croissante de la pandémie mondiale, les Yéménites ont désespérément besoin que toutes les parties belligérantes acceptent un cessez-le-feu immédiat dans tout le pays et reprennent les négociations pour parvenir à une paix durable et inclusive. »

 

Contact Presse :
Jon Cerezo, Responsable campagne humanitaire, 06 51 15 54 38

 

Notes aux rédactions :

• Avec l’aide de l’OMS et du ministère de la Santé du Yémen, Oxfam prévoit de répondre à la menace de Covid-19 au Yémen avec des formations dans le domaine de la sensibilisation à la prévention du virus.
• Les données sur le nombre de morts parmi les civils ont été fournies par le Projet de données sur les lieux et les événements des conflits armés (ACLED) et sont disponibles ici.
• Les données sur le nombre de personnes déplacées proviennent de la matrice de suivi des déplacements de l’Organisation internationale pour les migrations. Leurs rapports montrent qu’au moins 4,03 millions de personnes ont été déplacées au Yémen entre le 26 mars 2015 et le 7 mars 2020.
• Les données sur le nombre de cas suspects de choléra proviennent de l’OMS et sont disponibles ici. Il montre qu’il y a eu 2 325 812 cas suspects entre le 26 mars 2015 et le 5 mars 2020.
• Des données sur le nombre de personnes qui souffrent de la faim sont fournies par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture dans son rapport de l’état de l’insécurité alimentaire dans le monde qui, entre décembre 2014 et décembre 2019, a enregistré une augmentation de 6,3 millions à 11 millions de personnes.