Défendre les droits des femmes au Burkina Faso : l’action de l’Association des Femmes Juristes

En 2018, le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) classait le Burkina Faso à la 147e place sur 162 pays dans son indice des inégalités de genre. La défense des droits des femmes et de l’égalité est un enjeu essentiel dans le pays, pour lequel Oxfam agit au quotidien, au Burkina Faso, mais aussi dans tout le Sahel et en France. Nous nous mobilisons notamment pour que l’aide publique au développement de la France et plus largement sa coopération internationale fasse de la défense de l’égalité de genre un axe majeur. Cela permettra notamment de soutenir les organisations de défense des droits des femmes et les associations féministes, qui ont aujourd’hui bien des difficultés à être financées et à développer leurs actions.

Quelques chiffres pour illustrer les inégalités femmes-hommes au Burkina Faso

Pour comprendre les inégalités et certaines réalités, quelques chiffres peuvent souvent nous aider :

  • Dans le domaine économique, le revenu annuel moyen des hommes ayant un emploi est près de 3 fois plus élevé que celui des femmes.
  • Dans une économie où le secteur informel représente presque 70 % des emplois, les femmes représentent 80 % de la main-d’œuvre non rémunérée sur les parcelles agricoles et dans les entreprises familiales, tandis qu´elles ne comptent que pour 24 % de la main-d’œuvre du secteur public et du secteur privé formel.
  • Au niveau éducatif, un garçon vivant en milieu urbain à 27 fois plus de chances de terminer son éducation secondaire qu’une fille résidant en milieu rural.

L’Association des femmes juristes du Burkina Faso

C’est dans ce contexte que nous avons rencontré, Clarisse Nadembag Zoungrana, Présidente de l’Association des femmes juristes du Burkina Faso. Créée en 1993, cette association est née de la volonté d’un groupe de femmes juristes qui, conscientes des difficultés que rencontrent les femmes burkinabés en matière de protection de leurs droits et des inégalités persistantes, ont décidé de s’unir. Leur objectif : que les femmes et les jeunes filles du Burkina Faso jouissent pleinement de leurs droits sans discrimination et en ait pleinement connaissance. Aujourd’hui, 150 femmes engagées, avocates, magistrates, huissiers, notaires, composent cette association et agissent collectivement au quotidien.

L’Association a notamment créé une clinique juridique. C’est une structure d’écoute, de conseil et d’assistance juridique, judiciaire et psycho-sociale. Elle permet aux populations en général, et aux femmes en particulier, d’obtenir les informations juridiques nécessaires pour résoudre leurs problèmes.

Le partenariat avec Oxfam a débuté en juin 2016 dans le cadre d’un Programme financé par le Danemark. Il se poursuit aujourd’hui et pour longtemps ! Les organisations féministes du monde entier, comme l’Association des femmes juristes, sont en première ligne pour faire avancer l’égalité et les droits des femmes. Il est essentiel de les soutenir.

Pour une solidarité internationale féministe

Il faudra encore plus de 100 ans avant d’atteindre la parité entre les femmes et les hommes dans le monde. Pour les pays les plus pauvres, la marche sera encore plus haute. La solidarité internationale, à travers l’aide publique au développement, doit faire de la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes une priorité. C’est un des piliers du plan de relance féministe que nous défendons.

Si l’égalité entre les femmes et les hommes est affichée comme une priorité de l’aide internationale ces dernières décennies, les faits ont du mal à corroborer les discours. En 2018, seulement un tiers de l’aide internationale intégrait le genre, et uniquement 8% visait spécifiquement les droits et l’autonomisation des femmes. Près de 60% de l’aide des bailleurs ne prend pas en compte l’impact sur la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes.

« Grande cause du quinquennat » – l’égalité entre les femmes et les hommes est une priorité affichée de la politique de développement de la France, qui parle même d’une « diplomatie féministe ».

Néanmoins, cet affichage politique ne se traduit pas encore dans la réalité de l’aide française. Selon les chiffres publiés par l’OCDE, seulement 27% de l’aide bilatérale de la France cible les inégalités – avec un recul entre 2017 et 2018. Ces chiffres sont bien loin de pays pionniers comme le Canada et la Suède, où près de 90% de l’aide intègre le genre, et place la France dans le bas du classement des pays du comité d’aide au développement de l’OCDE. Une étude d’Oxfam démontrait par ailleurs la faible qualité de la prise en compte du genre dans les projets de développement de la France.

« Il est important et très utile qu’Oxfam travaille avec une association comme celle des Femmes Juristes du Burkina Faso car nous sommes fermement convaincus de l’importance et du rôle des femmes dans la résilience et de la nécessité de travailler encore davantage à l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est pour cela que nous croyons aussi que l’aide publique au développement doit ne plus être aveugle au genre. 60 % de l’aide française est aveugle au genre et ne se préoccupe pas de cette question féministe alors que les associations féministes doit pourtant bénéficier d’un soutien ferme partout dans le monde. »

Tel est le constat dressé et rappelé par Cécile Duflot, Directrice générale d’Oxfam France, lors de sa rencontre avec l’Association des Femmes Juristes du Burkina Faso, en septembre 2021.