Fair Finance France : et si vous repreniez le contrôle de votre argent ?

Chacun de nous possède un compte en banque. Pour autant, qui peut dire ce qui est fait de son argent une fois déposé ?  Quel contrôle avons-nous des choix d’investissements faits par notre banque ?

Face à ce constat, Oxfam France a lancé l’initiative Fair Finance France : être mieux informé sur les politiques et les pratiques de sa banque – souvent désastreuses – pour reprendre le contrôle de son argent. Derrière les principales banques françaises, et pour leurs seules activités de banques de détails, on dénombre aujourd’hui plus de 100 millions de client-e-s à travers le monde – vous !  Votre interpellation peut permettre de faire la différence et évoluer leurs pratiques dans le bon sens.

Les politiques d’investissement des banques : quelle importance ?

Cette question est pourtant fondamentale : les principales banques françaises gèrent près de 7 000 milliards d’euros d’actifs à travers le monde, soit plus de 3 fois le PIB de la France. Les cinq principales banques françaises – BNP Paribas, Société Générale, BPCE, Crédit Agricole et Crédit Mutuel-CIC – font parties du top 50 des plus grandes banques internationales.

Leurs choix d’investissement ont donc une importance cruciale et un impact direct sur des enjeux qui nous concernent tous aujourd’hui : lutte contre le changement climatique, instauration d’une fiscalité juste et équitable contre les inégalités, respect des droits humains, protection de l’environnement, commerce des armes… Autant de domaines qui ont un impact direct sur nos modes de vie et sur un enjeu majeur du XXIème siècle : la lutte contre la pauvreté.

Ce que démontre Fair Finance France

L’initiative Fair Finance France évalue les politiques d’investissement des principales banques françaises à travers plus d’une centaine de critères, sur 9 thématiques sociétales (changement climatique, environnement, droits humains, droit du travail, fiscalité, corruption, commerce des armes, transparence et redevabilité, rémunérations et bonus).

Le constat est sans appel : très peu de banques passent l’épreuve de l’évaluation et obtiennent la moyenne, quelque soit les thématiques. Fair Finance France met ainsi en lumière les lacunes abyssales des politiques d’investissements des principales banques françaises. Pourtant, afin d’éviter que leurs financements soient néfastes à la société, des garde-fous sont nécessaires. Preuve est faite qu’aujourd’hui, ils sont plus qu’insuffisants.

Les politiques d’investissement à l’épreuve de la réalité : une absence de contrôle aux conséquences désastreuses

Fair Finance France va plus loin que la seule étape de l’évaluation : des études précises mettent en lumière l’impact réel des choix d’investissement des plus grandes banques françaises. Quelques cas parlent d’eux-mêmes :  

  • En matière de lutte contre le changement climatique, entre 2009 et 2014, pour chaque euro versé en direction des énergies renouvelables, 7 euros finançaient dans le même temps les énergies fossiles[1]. Au total, les banques françaises ont accordé 129 milliards d’euros aux énergies fossiles sur cette période. Fair Finance France confronte ainsi le greenwashing des banques à la réalité des chiffres. L’absence de politiques d’investissement contraignantes permet de tels écarts, malgré leurs conséquences climaticides.
  • Toujours en matière d’impact sur le changement climatique, les cinq principales banques françaises ont contribué au financement de deux méga-centrales à charbon en Afrique du Sud : les centrales de Medupi et Kusile[2]. 1,8 milliards d’euros ont été accordés par celles-ci. Pourtant, ces centrales à charbon émettront à terme 61 millions de tonnes de CO2 par an, ce qui augmentera les émissions totales de l’Afrique du Sud de 17%. Au total, entre 2005 et 2014, les cinq plus grandes banques françaises ont soutenu le secteur du charbon, énergie fossile la plus polluante, à hauteur de 30 milliards d’euros. Des financements clairement opposé à la lutte contre le changement climatiques et aux engagements pris lors de la Conférence sur le Climat des Nations-Unies (COP21) à Paris.
  • En étudiant les activités internationales des cinq plus grandes banques françaises, Fair Finance France a mis en lumière le rôle central des paradis fiscaux dans leur stratégie internationale[3]. Plus concrètement, à l’international, les banques françaises réalisent un tiers de leurs bénéfices dans les paradis fiscaux, alors même qu’ils ne représentent qu’un quart de leurs activités, qu’un cinquième de leurs impôts et seulement un sixième de leurs employés. Derrière ces chiffres, c’est bien l’utilisation spécifique des paradis fiscaux par les banques françaises qui est interrogée : transfert artificiel de bénéfices et donc réduction de leurs propres impôts, facilitation de l’évasion fiscale de leurs clients ou encore contournement de leurs obligations réglementaires en y menant des activités spéculatives et risquées. Autant de pratiques qui ont un impact direct sur le financement des services publics essentiel dans les pays où les banques exercent pourtant leur activité économique réelle.

Face à ce constat, que peut-on faire ?

Pour agir sur les causes structurelles et les injustices qui engendrent la pauvreté, réguler le secteur financier est une nécessité. Oxfam France s’est engagée dans ce combat depuis des années et poursuit ce travail à travers Fair Finance France.

Des politiques d’investissement justes et responsables des principales banques françaises permettraient de prendre le chemin d’une économie durable, au service de l’intérêt général, sans pour autant mettre en péril leur modèle économique. Mais pour cela, comme pour chacun de nos combats, votre engagement fera toute la différence.

Vous possédez un compte dans une banque française ? Vous pouvez faire entendre votre voix ! Car quand on parle business, le client reste toujours roi !