« Je veux être un exemple »

Yasmine, jeune activiste tchadienne est chanteuse et réalisatrice. Elle utilise l’art pour mener des actions de sensibilisation auprès des populations rurales du Sahel.

À 6 ans elle allait aux concerts avec son père et après elle chantait à la maison. « Dès petite je chantais toute la journée. J’apprenais les chansons par cœur. Ma sœur m’enfermait dans la chambre pour ne pas m’entendre. »

En 2007 elle part étudier au Cameroun, c’est là qu’elle rencontre le groupe 2H record avec lequel elle fait ses premiers pas musicaux. Lors d’une tournée de concert au Tchad, Yasmine découvre une triste réalité. « Quand je suis partie en tournée en 2013, dans les régions j’ai rencontré des filles victimes de fistules obstétriques [une condition touchant de nombreuses femmes dans les zones rurales d’Afrique cause incontinences urinaire ou fécale suite à un accouchement difficile]. C’est terrible, les parents ne veulent pas ou ne peuvent pas les faire soigner. »

Crédit photo : Oxfam / Sylvain Cherkaoui

Elle a donc crée le cinéma nomade. C’est le moyen qu’elle a trouvé pour sensibiliser les habitants des zones rurales. « Je fais du cinéma, du théâtre-forum et des concerts sur différents sujets : les fistules, le mariage précoce, la scolarisation des filles, l’excision, les conflits entre agriculteurs et éleveurs. Je veux que les Tchadiens soient comme les autres. »

Elle est particulièrement marquée par la situation des enfants, en particulier les filles. « Le Tchad fait partie des pays du Sahel avec le taux de déscolarisation le plus élevé. J’étais fâchée de voir si peu de filles à l’école. Je veux être un exemple, j’ai parlé aux familles, aux enseignants. » Selon elle ce plaidoyer a porté ses fruits. « Quand j’ai refait une tournée en 2017, j’ai remarqué qu’il y a avait plus de filles à l’école. J’étais contente. Je veux que la femme ait sa place dans la société. »

Mais c’est à N’Djamena qu’elle veut développer son plus grand projet. Son rêve est de construire un orphelinat, elle cherche des financements, le centre a déjà un nom, Oum Al Koul (la maman de tous).
Elle est bouleversée par la situation des enfants dans la rue. « Quand je vois les enfants dans la rue, je me demande où sont les parents. J’ai vu plein d’enfants sur la route, la route ne fait pas d’enfants. »

Pour elle c’est aux citoyens d’agir. « On a commencé le cinéma nomade sans aide du gouvernement, maintenant on a trouvé des financements. Il faut travailler pour qu’on t’aide. »

Yasmine, super héroïne du Sahel

« Je veux être un exemple. »

Accès à la santé au Sahel

Le Sahel a été une des dernières régions en Afrique subsaharienne à s’engager dans le développement des systèmes de protection sociale pour les plus pauvres et les plus vulnérables. Malgré l’engouement actuel et l’augmentation des ressources qui est alloué à ces programmes, la protection sociale reste extrêmement précaire pour les populations sahéliennes.

Le Sahel reste également l’une des régions enregistrant les statistiques sanitaires les plus alarmantes du monde, l’espérance de vie en bonne santé y est de 53 ans en moyenne. Plus de la moitié des familles n’ont pas les moyens d’offrir à leurs enfants le suivi médical dont ils auraient besoin. Le niveau d’éducation joue également un rôle central dans la capacité des populations à accéder à des soins de santé, et en particulier des femmes, qui sont les premières en charge des soins pour les enfants.

Pour Oxfam, ces inégalités peuvent être combattues par des politiques d’éducation, de santé et de protection sociale qui garantissent des services gratuits, universels, publics, adaptés aux femmes et aux filles et transparents envers les bénéficiaires.

Pour tout comprendre de la situation au Sahel voir notre page dédiée au sujet.