« Le développement ne s’évalue pas au nombre de gratte-ciels »

Salim est un jeune activiste numérique tchadien. Cofondateur de Wenaklabs, il se bat pour l’accès de tous au numérique.

Salim a commencé dans le monde du numérique au début des années 2000 avec un blog où il publiait ses poèmes.
« Lorsque j’ai découvert l’informatique avec mon oncle la seule manière d’accéder à Internet c’était par le cybercafé. Mais à l’époque, c’était très cher : 6000 FCFA l’heure de connexion alors que le SMIC était de 28.400 FCFA dans le pays »

WenakLabs est une association de jeunes qui promeut la citoyenneté active à travers l’innovation et les technologies de l’information et de la communication. Son objectif etant de révolutionner le domaine du numérique au Tchad, elle mise sur l’ouverture des données publiques pour créer une dynamique de démocratie participative permettant en effet un certain partage des rôles démocratiques, garantissant entre autres aux citoyens et surtout les jeunes et les femmes la possibilité d’échanger de façon plus interactive, immédiate et plus personnalisée avec les pouvoirs publics dans le but d’influencer les attitudes, pratiques et politiques et d’atteindre une gouvernance redevable au Tchad.

Crédit photo : Oxfam / Sylvain Cherkaoui

À l’instar de la plupart des pays du Sahel, le Tchad est à la traine en termes d’accès Internet. « Environ 7% de la population est connectée et l’État bloque l’accès aux réseaux sociaux, à ceci vient s’ajouter le faible taux d’alphabétisation, autour de 30%. »

Selon Salim, « en 2019, l’accès à internet au Tchad reste un privilège, il y a trop d’inégalités entre pauvres et riches. Le Sahel est la zone la moins connectée en Afrique. »

En partenariat avec Oxfam, Wenaklabs a développé la plateforme numérique citoyenne Femmometre. Son but est de traquer les engagements politiques et publiques en faveurs de la femme, y compris l’égalité femme/homme et veiller à ce que ces promesses soient effectivement respectées.

« Au Tchad on a un souci avec le numérique, mais on veut montrer au gouvernement qu’Internet n’est pas une menace mais est un bénéfice pour le développement du pays. On a une approche pédagogique, on veut que l’Etat participe aux avancées, qu’il ne reste pas en marge. »

Le combat de Salim, c’est de permettre que le plus grand nombre puisse bénéficier des opportunités que représente Internet. « Le développement ne s’évalue pas au nombre de gratte-ciels, mais au nombre de citoyens qui peuvent accéder à la santé, à l’éducation, à un emploi. »

Salim, super héros du Sahel

« Le développement ne s’évalue pas au nombre de gratte-ciels mais au nombre de concitoyens qui peuvent accéder à l’école, la santé, un emploi. »

Liberté d’expression au Sahel

Au Tchad, les réseaux sociaux sont bloqués par les seuls operateurs fournisseurs d’internet au niveau national, alors que le numérique de nos jours contribuent grandement à l’économie du pays.

L’expression démocratique des populations sahéliennes se heurte ces dernières années à une réduction importante de l’espace civique. Les limites de l’exercice de la citoyenneté sont multiples : cadre réglementaires restrictifs, obstructions bureaucratiques et absence de protection spécifiques des acteurs engagés ou critiquant ouvertement les mesures prises par les élites au pouvoir.
Au Tchad, les associations de défense des droits Humains dénoncent depuis des années une restriction de l’espace public et notamment du droit à manifester pacifiquement, qui a encore diminué depuis les élections de 2016. La garantie des droits à la liberté d’association, d’expression, de réunion et d’information est pourtant une condition indispensable à l’expression démocratique et la stabilité politique.

Pour tout comprendre de la situation au Sahel voir notre page dédiée au sujet.