« On ne peut pas compter sur les autorités pour nous donner nos droits, il faut les défendre »

Adam est une jeune activiste malienne. Elle lutte pour que les revendications des jeunes soient entendues, elle se bat pour la démocratie et la promotion de la citoyenneté.

Adam s’est engagée très jeune dans les milieux associatifs, elle faisait partie du parlement des enfants, mais elle fut vite déçue. « On était là pour la décoration, nos discours étaient formatés et dictés à l’avance, on parlait des jeunes mais sans leur demander leur avis. »

Aujourd’hui, elle préside l’Association des Jeunes pour la Citoyenneté Active et la Démocratie (AJCAD). Cette association est née après la campagne d’Oxfam “My Rights, My Voice” qui appuyait les jeunes de huit pays à travers le monde dans les revendications de leurs droits en matière d’éducation et de santé. « À la fin du programme on a voulu continuer. On voulait créer un mouvement. Ça nous a poussés à créer l’AJCAD. »

L’AJCAD fait un travail de sensibilisation et de renforcement du leadership auprès des jeunes dans les villages ou les quartiers. « On va dans les quartiers, on forme des leaders et des cellules communautaires de proximité. Les jeunes débattent, sont sensibilisés et peuvent échanger plus facilement. » Tous les sujets de société sont abordés, de l’engagement citoyen à la sexualité en passant par la politique. « Pour les dernières élections on a aidé les jeunes à obtenir leurs cartes électorales. »

Crédit photo : Oxfam / Sylvain Cherkaoui

75% de la population malienne a moins de 35 ans, mais selon Adam les jeunes ne sont pas pris en compte dans les décisions politiques. « On travaille pour interpeller les autorités sur la situation des jeunes, on a écrit un manifeste qu’on a fait signer par les politiciens. Le Président a même adressé une lettre à la jeunesse sous la pression de l’AJCAD. »

Adam s’engage pour les jeunes mais aussi pour les femmes alors que les autorités n’appliquent pas leurs propres lois. « Le gouvernement actuel présente 8 femmes sur 38 membres du gouvernement alors que la loi exige un minimum de 30%. Elles ne participent pas aux processus de décision, elles servent de décor. »

Elle a conscience de la place de la femme au Mali, elle veut faire évoluer les mœurs mais sans choquer. « Je fais partie de la génération épargnée par l’excision, mais les femmes sont encore instrumentalisées pour pratiquer ces traditions. » Adam est lucide. « On ne peut pas compter sur les autorités pour nous donner nos droits, ils s’arrachent. »

Adam, super héroïne du Sahel

« On ne peut pas compter sur les autorités pour nous donner nos droits, il faut les défendre »

Au Sahel, une jeunesse pleine d’espoir

L’expression démocratique des populations sahélienne se heurte ces dernières années à une réduction importante de l’espace civique, qui constitue une condition indispensable pour que les membres de la société civile puissent se développer et défendre leurs intérêts, affirmer leurs valeurs et leurs identités, revendiquer leurs droits, demander aux détenteurs de pouvoir de rendre des comptes et apporter des changements positifs à la société. Mais pour cela, il est nécessaire que le cadre juridique permette la liberté d’association et l’expression de la société civile, sans discrimination ou sélection par les autorités, ni réglementations discriminatoires envers les femmes ou basées sur la sexualité.

Les populations du Sahel, dont les jeunes, aspirent au respect de leurs droits les plus fondamentaux, à plus de justice, de transparence, de redevabilité, à tous les niveaux. Ils souhaitent des institutions répondant à leurs besoins et pouvoir participer davantage à la vie publique et démocratique de leur pays.

Le renforcement du contrat social entre citoyens et pouvoirs publiques doit passer par le redéploiement d’institutions efficaces, inclusives et équitables, capables d’améliorer les services publics et l’engagement citoyen.

Pour tout comprendre de la situation au Sahel voir notre page dédiée au sujet.