Pfizer, BioNTech et Moderna : les bénéfices des industries pharmaceutiques n’ont pas connu la crise.

La People’s Vaccine Alliance, qui compte aujourd’hui 80 membres dont l’Alliance africaine, Global Justice Now, Oxfam et ONUSIDA, met en avant les bénéfices démesurés qu’ont réalisé les trois grands laboratoires pharmaceutiques produisant des vaccins contre la Covid19. Pfizer, BioNTech et Moderna ont largement profité de la crise sanitaire pour s’enrichir de façon inédite, tout en s’opposant à la levée des brevets qui réduirait pourtant les inégalités vaccinales dans le monde et permettrait de lutter contre la pandémie.

1 000 dollars de bénéfices par seconde pour les big pharma et leurs vaccins anti-covid-19

Des profits records pour les grands groupes pharmaceutiques Pfizer, BioNTech et Moderna

Les derniers chiffres de la People’s Vaccine Alliance révèlent que Pfizer, BioNTech et Moderna, les grandes entreprises à l’origine des trois vaccins les plus utilisés dans la lutte contre la COVID19, ont réalisé des bénéfices records de 1 000 dollars par seconde en 2021.

Plus largement, les bénéfices annuels de ces entreprises sont estimés à 34 milliards de dollars avant impôts, ce qui représente plus de 1000 dollars par seconde, 65 000 dollars la minute ou encore 93,5 millions de dollars par jour. Par ailleurs, les profits faramineux des groupes pharmaceutiques ont permis l’émergence de neuf nouveaux milliardaires.

Dans une communication de février 2022, Pfizer a annoncé que l’entreprise prévoyait de réaliser 54 milliards de chiffre d’affaire grâce à la vente des vaccins et traitements anti-covid en 2022.

Des bénéfices annuels estimés à 34 milliards de dollars avant impôts, soit plus de 1000 dollars par seconde, 65 000 dollars la minute ou encore 93,5 millions de dollars par jour.

Ces chiffres sont basés sur les derniers rapports des entreprises qui ont été publiés lors du sommet annuel STAT réunissant les PDG de l’industrie pharmaceutique, le 16, 17 et 18 novembre 2021.

Des financements publics pour les vaccins contre le Covid-19

Pfizer, BioNTech et Moderna ont reçu un financement public de plus de 8 milliards de dollars dans le cadre de la lutte contre la Covid19. Pour autant, ces sociétés préfèrent privilégier leurs intérêts économiques au bien commun. Malgré les aides perçues, les laboratoires continuent de se faire une marge colossale lors de la vente des vaccins facturés au moins 5 fois leur coût de production.

De plus, ces trois sociétés refusent catégoriquement de mutualiser les savoir-faire et les technologies avec les pays en développement qui, contrairement aux idées reçues, disposent de producteurs compétents pour la production de vaccin. Pour Albert Bourla, PDG de Pfizer, l’appel à partager les recettes de vaccins est un « non-sens dangereux ».

Cette décision permettrait pourtant d’augmenter le rendement tout en baissant les prix. En bref, elle semble être l’unique solution durable pour sauver des millions de vies face à la pandémie de Covid19.

Les inégalités vaccinales : la levée des brevets comme seule solution  

Moins de 1% des vaccins contre les covid-19 pour les pays les plus pauvres.

Depuis le début de la crise sanitaire liée à la Covid19, les entreprises du big pharma ont vendu majoritairement des doses de vaccin aux pays riches, laissant de côté les pays à faibles revenus et mettant alors en place un véritable apartheid vaccinal.

Moins d’1% du total des vaccins produits ont été livrés aux pays les plus pauvres. Ce chiffre est d’autant plus faible du côté de Moderna qui n’en a livré que 0,2 %.  Naturellement, les pays les plus pauvres privés de doses présentent une couverture vaccinale très faible. 90 % des habitant.e.s y sont dépourvu.e.s d’un schéma vaccinal complet.

« Il est obscène que seules quelques entreprises réalisent des millions de dollars de bénéfices chaque heure, alors que seulement 2 % des habitants des pays les plus pauvres ont été complètement vaccinés contre le coronavirus. »

Maaza Seyoum de la People’s Vaccine Alliance Africa

Ces chiffres sont révélateurs des inégalités vaccinales qui touchent notre planète depuis le début de la pandémie. Car si en décembre 2021, la France et l’Union Européenne avaient vacciné plus de 70% de leur population, ce chiffre descendait à 3% pour les personnes vivant dans un pays à faible revenu.

Pour la fin du monopole des doses : le partage des savoirs devient une nécessité

A l’heure actuelle, les vaccins sont privatisés par des brevets : des droits exclusifs liés à la propriété intellectuelle. Ils sont détenus par les laboratoires les ayant développés. Les entreprises sont alors libres de fixer les prix des vaccins qu’elles produisent et de ne partager avec personne leurs techniques de production.

C’est pourquoi la People’s Vaccine Alliance appelle les Etats à voter la levée temporaire des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins mais aussi sur les tests, les traitements et autres dispositifs médicaux. L’alliance appelle également les laboratoires pharmaceutiques à partager leur savoir-faire et transférer leurs technologies avec tous les producteurs compétents.  Il existe des capacités de production nécessaires pour fabriquer des médicaments et des vaccins, mais pour cela la recette du vaccin doit être partagée !

 Les pays riches : un frein dans les négociations pour une levée des brevets

Dans cette crise sanitaire, tous les pays sont loin d’être égaux et certains payent le prix fort de l’égoïsme vaccinal des autres. Dès le début, nous avons pu observer des injustices criantes pour l’accès aux vaccin avec un accaparement de doses parles pays riches. Pourtant un dispositif nommé COVAX avait été mis en place pour permettre l’achat groupé de doses puis la redistribution de celles-ci de manière équitable. Cependant les pays riches n’ont pas joué le jeu en passant des commandes directement auprès des laboratoires.

Aujourd’hui la nécessité de lever les brevets est un débat qui est sur la table, pourtant certains pays riches, dont le Royaume-Uni et l’Union Européenne, bloquent toujours la proposition, faisant passer l’intérêt des sociétés pharmaceutiques avant l’intérêt général. Les dons de doses promis par les pays riches lors du sommet du G7 en en juin 2021 ne suffiront pas à réduire les inégalités vaccinales. De plus, seulement la moitié de ces doses ont été livrées. Ces résultats sont bien faibles et ne permettront évidemment pas d’atteindre une immunité collective mondiale.