Sénégal : vers la couverture santé universelle

Le président sénégalais Macky Sall a annoncé le 20 septembre dernier le lancement d’un programme de couverture maladie universelle. L’objectif : couvrir 75% des besoins en santé des Sénégalais-e-s, d’ici à 2017. Ce programme veut réformer les institutions de prévoyance maladie et renforcer les systèmes de mutuelles ainsi que les politiques de gratuité, notamment dans les domaines des vaccinations, de la dialyse, des antirétroviraux et des antipaludéens. Cette annonce arrive à point nommé dans un pays où 80% de la population n’a pas de couverture maladie.

Charlotte Soulary, chargée de plaidoyer Santé pour Oxfam France s’est rendue dans la commune de Pikine, en banlieue de Dakar en mai dernier avec l’association sénégalaise COSEPRAT. L’occasion de constater les attentes de la population, pour qui l’accès aux soins représente une véritable lutte face aux dépenses de santé.

« Nous avions notamment rencontré Oulèye D., coiffeuse, mère de sept enfants, qui doit assumer presque seule les dépenses de sa famille avec un revenu d’environ 1 000 francs CFA (2 euros) par jour. L’un de ses fils de trois ans s’était brulé avec de l’huile chaude en jouant à côté du feu de sa voisine. Elle s’est d’abord rendue chez « les sœurs », parce que les soins y sont moins coûteux. Mais comme, la brûlure s’était infectée, Oulèye s’était décidée à aller à un centre de santé. Après consultation, les médecins lui avaient remis une ordonnance que ses amis avaient aidé à payer. A chaque visite, elle devait acheter un « ticket » à 500 francs. Au bout de la troisième fois, elle ne pouvait plus y retourner, faute de moyens, alors que la blessure de son fils n’était pas complètement guérie. Dans le cas d’Oulèye, comme dans de nombreux foyers au Sénégal, les dépenses en santé constituent une réelle barrière à l’accès aux soins. »

Ces situations ne concernent malheureusement pas que le Sénégal. Chaque année dans le monde, plus de 100 millions de personnes basculent dans la pauvreté suite à des dépenses de santé auxquelles elles ne peuvent faire face. Des centaines de millions d’autres renoncent tout simplement à se faire soigner, faute d’argent. Les difficultés d’accès aux services de santé sont d’autant plus grandes pour les populations les plus pauvres, notamment en Afrique où seulement 10% de la population bénéficie d’une couverture maladie.

Les barrières financières à l’accès aux soins maintiennent les populations dans une inégalité majeure face à la santé : celle d’y accéder seulement lorsqu’on en a les moyens. Pour que des pays comme le Sénégal puissent mettre en place des programmes efficaces de couverture universelle en santé, la communauté internationale a un rôle essentiel à jouer. Les pays donateurs finançant l’aide au développement doivent appuyer des Etats comme le Sénégal, en augmentant la part de leur aide dédiée à la protection sociale en santé.

C’est pourquoi nous lançons la campagne « La santé, à quel prix ? » pour que chacun-e puisse accéder aux soins, quels que soient ses revenus, et sans discriminations.