Soutenons les droits des femmes dans le monde !

Les inégalités entre les femmes et les hommes sont les plus universelles et les plus structurantes de nos sociétés. Dans les pays en développement, les femmes subissent de plein fouet l’extrême pauvreté et les inégalités. La solidarité internationale a son rôle à jouer ! Les pays les plus riches, à travers leur politique d’aide publique au développement, doivent prioriser la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes. Quelques mois avant l’examen en France d’une nouvelle loi du développement international et la grande conférence des Nations unies sur les droits des femmes en juillet à Paris – le Forum Génération Egalité – Oxfam demande à la France de s’engager dans une aide publique au développement féministe !

 

Il faudrait 99,5 années avant d’atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde

L’égalité femmes-hommes, un combat universel

Il n’existe aucun pays ayant atteint l’égalité entre les femmes et les hommes. Selon le Forum économique mondial, sans changement, les femmes devront encore attendre 99,5 années avant de connaître l’égalité. Les inégalités gangrènent notre système économique. Partout dans le monde, elles se traduisent par des violences sexistes et sexuelles, un inégal accès aux biens productifs et à la propriété foncière, un partage inégal des tâches domestiques au sein du foyer et une sous-représentation dans les lieux de pouvoir.

A l’échelle mondiale :

  • Les 22 hommes les plus fortunés au monde possèdent plus que l’ensemble de la population féminine d’Afrique, et de manière générale les hommes détiennent 50 % de richesses de plus que les femmes.
  • Une femme sur trois sera victime de violences physiques ou sexuelles au cours de son existence.
  • 18 % des ministres et 24 % des parlementaires sont des femmes.
  • Environ 830 femmes meurent chaque jour dans le monde de complications pendant la grossesse ou l’accouchement.
  • Près de 130 millions de filles ne sont pas scolarisées et se heurtent à de nombreux obstacles en matière d’éducation.
  • Dans les communautés rurales et dans les pays à bas revenus, les femmes consacrent jusqu’à 14 heures par jour au travail de soin non rémunéré, soit cinq fois plus que les hommes dans ces communautés.

Zoom sur les inégalités au Sahel

Dans la région du Sahel, parmi les plus vulnérables du monde, les femmes font face à de fortes inégalités. Cinq pays du Sahel, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad présentent un niveau de discrimination alarmant selon l’indicateur sur les institutions sociales et l’égalité femmes-hommes sur de l’OCDE. Les femmes et les filles ont un accès limité aux ressources, aux services et aux espaces de prises de décision. Le taux de scolarisation dans l’enseignement primaire des jeunes filles est plus bas que celui des garçons.

Au Tchad par exemple, 45% des jeunes filles ne sont pas scolarisées dans l’enseignement primaire, contre 29% des jeunes garçons. Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé, l’espérance de vie en bonne santé d’une femme au Sahel est 16 ans inférieure à celle d’une femme en Europe.

Les justicières du Sahel

Malgré les difficultés, des jeunes femmes se mobilisent au Sahel et combattent les inégalités. Découvrez les portraits de Kadiatou et Adam : de vraies super-héroïnes qui se battent pour faire avancer les droits des femmes dans leurs pays : le Niger et le Mali !

 

Pour une aide publique au développement féministe !

L’aide internationale doit faire de l’égalité une priorité

Dans le combat pour les droits des femmes et l’égalité, la solidarité internationale a son rôle à jouer. Les pays les plus riches doivent soutenir les pays les plus pauvres dans la lutte pour réduire les inégalités entre les femmes et les hommes. A la fois en soutenant les politiques publiques qui concourent à la réduction des inégalités : accès à l’éducation, la santé et la protection sociale ; agriculture paysanne et adaptation au changement climatique ; eau et assainissement ; autonomisation économique et emploi des femmes et enfin lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Mais également par le financement des mouvements féministes et de défenses des droits des femmes, mouvements qui sont en première ligne de la transformation sociale !

L’égalité entre les femmes et les hommes s’est progressivement hissée en haut de l’agenda de l’aide internationale. Néanmoins les financements restent insuffisants, et une trop grande partie de l’aide internationale demeure « aveugle au genre ». En 2018, malgré une nette augmentation par rapport aux années précédentes, seulement 4% de l’aide ciblait spécifiquement les droits des femmes. Près de 60% de l’aide des bailleurs ne prend pas en compte l’impact sur la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes.

Des pays comme la Suède et le Canada ont franchi le cap en adoptant une approche féministe de leur aide au développement. Ainsi, ils s’engagent à faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une priorité : en augmentant significativement les financements dédiés et en transversalisant les inégalités entre les femmes et les hommes à l’ensemble de leurs projets.

Une « diplomatie féministe » en France ?

« Grande cause du quinquennat » – l’égalité entre les femmes et les hommes est une priorité affichée de la politique de développement de la France. La France, à travers les voix de Marlène Schiappa et Jean-Yves Le Drian, ayant même adopté une « diplomatie féministe ».

Néanmoins, cet affichage politique ne se traduit pas encore dans la réalité de l’aide française. Selon les chiffres publiés ce mois-ci par l’OCDE, seulement 27% de l’aide bilatérale de la France cible les inégalités – avec un recul entre 2017 et 2018. Ces chiffres sont bien loin de pays pionniers comme le Canada et la Suède (avec près de 90% de l’aide intégrant le genre) et place la France dans le bas du classement des pays du comité d’aide au développement de l’OCDE. De plus, une récente étude d’Oxfam dévoile que la faible qualité de la prise en compte du genre dans les projets de développement de la France.

Enfin, l’année dernière, la France avait annoncé la création d’un fonds de 120 millions d’euros pour soutenir les mouvements féministes du sud. Cette annonce était attendue : actuellement, les mouvements de défenses de droits des femmes basées au Sud ne reçoivent que 0,02% de l’aide internationale. Néanmoins, la France semble avoir reculé sur cette annonce, et nous n’avons toujours aucune trace de la création de ce fonds.

La France doit encore faire ses preuves pour passer de la parole aux actes.

2020 une année cruciale pour les droits des femmes !

L’année 2020 est jalonnée de deux étapes décisives pour que la France réaffirme son engagement en faveur de la défense des droits des femmes dans le monde :

  • Le renouvellement de sa loi sur le développement et la solidarité internationale : présentée en Conseil des ministres le 11 mars prochain, quelques jours seulement après la Journée internationale des droits des femmes.
  • Le Forum génération égalité des Nations unies en juillet à Paris : cette conférence célèbre les 25 ans de la conférence mondiale sur les femmes de Pékin de 1995. Elle sera co-présidée par Emmanuel Macron et le président mexicain Andrés Manuel López Obrador. De nombreux chef-fe-s d’Etat du monde entier sont attendu-e-s pour prendre des engagements concrets pour accélérer la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes.

La France doit se saisir de cette occasion pour traduire sa « diplomatie féministe » en acte. Oxfam demande à la France d’adopter une aide au développement féministe à travers :

  • L’augmentation significative de son aide au développement allouée à l’égalité entre les femmes et les hommes, en suivant les recommandations du CESE et de la société civile d’adopter des cibles ambitieuses – 85% de l’aide avec le marqueur genre 1 de l’OCDE, dont 20% avec le marqueur genre 2 de l’OCDE.
  • L’amélioration de la qualité de la prise en compte du genre dans ses projets d’aide au développement, notamment en respectant les prérequis de l’OCDE.
  • La mise en place du fonds de 120 millions d’euros dédié à soutenir les organisations féministes et de défense des droits des femmes au Sud, et pérenniser l’engagement dans la durée.