A Mogadiscio, « un jour sans coup de feu est un jour calme »

« A Mogadiscio, les armes sont partout. Les jeunes hommes surtout, ils en possèdent tous une. Certains en ont même installé sur leurs voitures. On finit par s’habituer, c’est notre quotidien ! » Fartun Adan est née et a grandi en Somalie. Elle dirige le Centre Elman pour la paix et les droits humains, une organisation qui œuvre à la formation et à la réinsertion des enfants soldats.

A la fin des années 1980, l’époux de Fartun, Elman, tenait en ville un commerce d’électronique qui marchait bien. Le pays était alors enlisé dans les conflits, comme il l’est encore aujourd’hui. De nombreux adolescents, désœuvrés, ont rejoint les milices locales, devenant des enfants soldats. « C’était devenu normal, pour un jeune de 14 ans, de se promener avec un fusil« . Elman, l’époux de Fartun, a commencé à proposer une formation professionnelle à certains de ces enfants soldats, dans son magasin. En 1991, il crée le centre Elman pour la paix. En leur fournissant ainsi une éducation et une formation, il les a aidés à se réinsérer dans la communauté. « Des gens viennent encore me voir aujourd’hui et me disent, les larmes aux yeux, comment mon mari a changé leur vie. » _ En 1996, Elman a été assassiné : les seigneurs de guerre n’appréciaient pas de voir leurs jeunes recrues quitter leurs rangs et retrouver une vie « normale ». Réfugiée au Canada, Fartun est retournée à Mogadiscio en 2007 et a repris les rênes de l’organisation. Compte tenu du grand nombre d’enfants soldats dans le pays, les besoins dans ce domaine étaient réels. « Ces jeunes pensent que la seule manière de gagner de l’argent est d’avoir un fusil, de se battre contre d’autres gens« , explique Fartun. Après avoir obtenu des fonds de l’Unicef, sa petite organisation a recommencé à dispenser des formations professionnelles aux enfants soldats et à les aider à se réinsérer dans la société. « D’anciens enfants soldats sont aujourd’hui enseignants, se félicite Fartun. Dans la ville, nombreux sont les électriciens et mécaniciens qui sont passés par nos formations professionnelles. » Mais le Centre Elman ne collecte pas les armes de ceux qui décident d’abandonner leur vie de soldat : trop dangereux. Elles retournent donc dans le circuit informel. Face aux nombreux problèmes que connaît la Somalie, Fartun a plaidé la cause de son peuple au-delà des frontières de son pays. En partenariat avec Oxfam, elle s’est exprimée devant l’Union africaine, sur les droits humains. Elle a également rencontré un représentant de l’Union européenne. Et a même pris la parole devant un homme politique britannique, un certain David Cameron. _ Pour elle, un Traité fort et ambitieux sur le commerce des armes pourra avoir un réel impact : « Aujourd’hui, il est très facile d’acheter une arme en Somalie, le TCA permettrait déjà de contrôler quelles armes arrivent en Somalie et de quels pays. Ça n’arrêtera pas la circulation d’armes en Somalie, mais ce serait une avancée importante. »

Agissez

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