Accès aux toilettes : à travers le monde, des réalités bien différentes

Pour la Journée mondiale des toilettes, nous mettons en lumière une réalité que nous oublions trop souvent : si l’accès aux toilettes semble être, en France, une évidence, ce n’est pas le cas pour encore un trop grand nombre de personnes. Pourtant, l’absence d’installations sanitaires est une source majeure de propagation de maladie, mais aussi d’insécurité – notamment pour les femmes. Dans son action humanitaire, la confédération Oxfam a développé une expertise, reconnue mondialement, pour fournir, quelque soit la situation et le plus rapidement possible, un accès à de l’eau potable, à des toilettes, à des installations et des produits d’hygiène. Donner accès à des sanitaires à travers le monde, dans les zones les plus reculées ou au cœur de camps de personnes réfugiées, c’est protéger la santé et la dignité de toutes et tous.

En images, parcourons les réalités bien différentes, à travers le monde, de l’accès aux toilettes. Et découvrez une partie du travail de la confédération Oxfam, que nous réalisons grâce à toutes les personnes qui nous soutiennent.

Les dangers derrière l’absence d’accès aux toilettes

  • 3,6 milliards de personnes dans le monde, soit la moitié de la population mondiale, ne disposent pas d’un accès à des installations sanitaires gérées en toute sécurité.
  • Au moins 2 milliards de personnes dans le monde boivent de l’eau provenant d’une source contaminée par des matières fécales.
  • Chaque jour, plus de 800 enfants de moins de cinq ans meurent d’une diarrhée causée par une eau insalubre.
  • L’absence de toilettes à l’école pousse les jeunes filles à s’absenter lors de leurs menstruations.
  • L’absence d’installations sanitaires ou des installations peu sécurisées (absence de toit, de porte, de verrou, de lumière) augmentent considérablement les risques d’abus et de violences sexuelles pour les femmes et les jeunes filles.
  • Chaque dollar investi dans des services sanitaires élémentaires rapporte jusqu’à cinq dollars, grâce au recul des maladies et aux gains de productivité, en plus de créer des emplois tout au long de la chaîne de services.

Pourtant, le 6e Objectif de Développement Durable (ODD) pour 2030 est bien d’assurer un accès universel et équitable à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement.

L’accès à des toilettes sûres est un droit essentiel, pour assurer la santé, l’autonomie et la dignité des populations. C’est une priorité de la confédération Oxfam dans chacune de ses interventions humanitaires.

Au Yémen

Crédit : VFX ADEN/Oxfam. La confédération Oxfam a installé des latrines pour les yéménites contraints de fuir la violence, comme ici dans le district d’ Al Madaribah. Janvier 2019.

La guerre au Yémen a contraint plus de 4 millions de personnes à quitter leur foyer et à se déplacer dans le pays. Au milieu du désert, dans des camps de fortune, les yéménites ne disposent ni d’accès à de l’eau potable, ni de sanitaires ou de systèmes d’assainissement.

Depuis 2015, Oxfam intervient dans le pays, pour soutenir les populations civiles, (re)construire des infrastructures sanitaires et hydriques. Aujourd’hui, 20,7 millions de yéménites ont besoin d’une aide humanitaire. L’absence d’accès à des infrastructures et des produits d’hygiène de base est le terrain idéal pour la propagation d’épidémies, telles que le choléra. Depuis le début de la guerre au Yémen, il y a 6 ans, ce sont en moyenne 50 nouveaux cas de choléra qui ont été enregistré par heure. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a recensé plus de 2,7 millions de cas suspects depuis 2017.

Crédit : Pablo Tosco. Alya Mohammed, devant des toilettes installées par Oxfam. Le village d’ Eana Alfareeda, où elle vit, ne dispose d’aucun service. Ni accès à l’eau, ni électricité, ni école. Oxfam y a installé 21 latrines, en face des différentes maisons, pour que les femmes n’est pas à se déplacer loin, notamment la nuit.

En Inde

Crédit : Roanna Rahman/ Oxfam

Un cochon se repose dans des toilettes cassées et abandonnées, par un jour chaud et humide de juillet. Ces toilettes ont pourtant été construites dans le cadre d’un programme gouvernemental, dans l’État d’Assam. Les maisons, fournies à des travailleurs dans les plantations de thé il y a 30 ou 40 ans, étaient équipées de toilettes, aujourd’hui délabrées et cassées. Elles le sont depuis des années. Avec un approvisionnement en eau trop faible et inconstant, et des habitudes jamais prises, ces toilettes sont restées à l’abandon.

Très peu de plantations de thé ont construit des toilettes dans les quartiers où elles logent leurs travailleurs. Certaines ont fourni des toilettes, mais aucun approvisionnement en eau. Une fois les fosses septiques remplies, il incombait aux travailleurs des plantations de thé de les vider, et non aux compagnies. Une poignée de travailleurs ont construit leurs propres toilettes et cela peut être attribué à une situation financière plus avantageuse. De manière générale, c’est dans les bois ou à l’intérieur même des plantations que les travailleurs font leurs besoins.

Ce non-accès aux toilettes des personnes qui ramassent et travaillent le thé, consommé à travers le monde, est un symbole de leurs conditions de vies et des inégalités extrêmes et indignes dans les chaînes de production.

En Somalie

Crédit : Pablo Tosco/Oxfam. Toilettes installée dans le désert de Somalie, pour soutenir les communautés pastorales impactées par les changements climatiques. Février 2019.

La Somalie subit de plein fouet les effets des changements climatiques. Les sécheresses y sont plus longues et plus intenses. Pour les communautés pastorales, nomades, qui migraient selon les saisons des pluies et vivaient de leurs troupeaux, la situation est catastrophique. Contraintes de s’installer ailleurs, elles font face au manque d’eau. Dans ces régions désertiques, la confédération Oxfam est présente. Nous apportons de l’eau potable par camions citernes. Nous installons également des toilettes avec des stations de lavage de mains, pour permettre une hygiène de base et lutter contre les maladies. Au milieu du désert, des toilettes restent nécessaires.

Crédit : Pablo Tosco/Oxfam. Aisha Mahamat utilise les toilettes et la station de lavage de mains installées dans le désert de Somalie, pour soutenir les communautés pastorales impactées par les changements climatiques. Février 2019.

Les installations sanitaires, un enjeu de sécurité pour les femmes et les jeunes filles

Pour de trop nombreuses femmes et jeunes filles, contraintes notamment de vivre dans des camps de réfugiés et de déplacés, se rendre aux toilettes constituent trop souvent un risque de se voir harcelées, agressées, violées. L’installation de sanitaires, et la manière dont ils sont installés, constituent un enjeu majeur de sécurité pour elles.

La confédération Oxfam a mené un travail de recherche dans ce sens, en Irak, au Nigeria et en Ouganda. Les résultats sont frappants et rappelle l’extrême nécessité de penser ces constructions en lien direct avec les communautés de femmes. Au risque sinon de les exposer aux dangers ou de voir les installations peu ou pas utilisées.

Lors des premiers mois, de nombreux camps recourent à des installations sanitaires collectives, un moyen rapide et économique de répondre aux besoins immédiats et de réduire les risques de santé publique jusqu’à ce qu’une meilleure solution soit élaborée. Le partage des latrines et des zones d’hygiène corporelle entre de nombreux étrangers peut toutefois être une expérience effrayante, notamment pour les femmes. Une fois la nuit tombée, les filles et les femmes quittent leur abri principalement (et inévitablement) pour se rendre aux toilettes, encore plus lorsqu’elles ont leurs règles. Or, cela peut se révéler risqué.

Cette recherche conclut que l’installation d’un éclairage de bonne qualité dans les camps renforce la sécurité des personnes. De nombreux facteurs affectent la sécurité, surtout pour les filles et les femmes, et l’éclairage ne peut être qu’un volet d’une stratégie complète et bien coordonnée pour réduire les risques de violences. L’installation de sanitaires doit prendre en compte :

Un éclairage, fixe et/ou portatif, pour renforcer le sentiment de sécurité. Mais distribué par ménage, les éclairages portatifs sont souvent accaparés par les hommes. Par ailleurs, un éclairage public rend possible une vie familiale et communautaire une fois la nuit tombée, évitant de transformer les camps en zones vides, plus dangereuses pour les femmes qui doivent s’y déplacer. Les services d’ordre ou d’intervention d’urgence sont également rendus plus faciles.

Les installations sanitaires doivent être séparées pour les femmes et les hommes, de manière claire, et pas seulement par un écriteau. Elles doivent se trouver dans des espaces différenciés. Mais les latrines des femmes ne peuvent pas être dans des zones isolées des camps, obligeant les femmes à les traverser entièrement et les laissant isolées.

Des infrastructures de mauvaise qualité, abîmées, sans toit ou porte, augmentent les risques de voyeurisme et de violence et sont ainsi moins utilisées.

La crainte des animaux dangereux, tels que les serpents et les scorpions réduit le taux de fréquentation des installations sanitaires. Un éclairage peut permettre de les voir et de les éviter.

Les femmes et les filles ressentent de l’embarras si des hommes les voient se rendre aux toilettes. L’accès pour se rendre aux sanitaires des femmes doit donc dans la mesure du possible leur permettre d’être cachées de la vue des hommes.

En Zambie

Crédit : Alexis Huguet/Oxfam. Toilettes installées dans le camp permanent de Mantapala, en Zambie. Mai 2018.

Les violences en République Démocratique du Congo ont forcé des milliers de personnes à fuir. Certaines ont traversé la frontière pour trouver refuge en Zambie. Les camps de réfugiés les accueillent. Souvent conçus comme temporaire et pour un nombre limité de personnes, ils perdurent souvent des mois, des années durant, et se retrouvent vite surchargés. Des camps permanents sont ensuite construits, donnant accès à un terrain aux familles réfugiés pour leur permettre de cultiver et de se reconstruire une maison.

Dans ces camps (temporaires et permanents), Oxfam est intervenue pour construire des toilettes. La confédération a également constitué et formé des équipes dédiées à l’entretien des toilettes et à la sensibilisation des populations aux bonnes pratiques d’hygiène. Dans deux camps de Zambie, près de 900 toilettes ont été construites par la confédération Oxfam, en lien avec ses partenaires locaux.

En Irak

Crédit : Tegid Cartwright/Oxfam. Toilettes de l’école pour filles de Al Rusul en Irak, à l’ouest de Mossoul, avant leur réhabilitation par les équipes de la confédération Oxfam. Février 2018.

Cette photo a été prise dans les toilettes de l’école pour filles de Al Rusul, en Irak, à l’ouest de Mossoul, avant l’intervention de la confédération Oxfam. Après la guerre qui a ravagé le pays, de nombreuses installations sanitaires étaient laissées à l’abandon. Oxfam y a mené un travail de réhabilitation, pour installer des sanitaires neufs, propres et fonctionnels pour les jeunes filles de cette école. Au total, la confédération Oxfam a rénové les toilettes d’une trentaine d’écoles dans la région.

Crédit : Tegid Cartwright/Oxfam. Gashaw Shareef , membre de l’équipe de la confédération Oxfam en Irak, dans les toilettes de l’école pour filles de Al Rusul en Irak, à l’ouest de Mossoul, après leur réhabilitation par les équipes de la confédération Oxfam. Février 2018.

A Lesbos, en Grèce

Crédit : Giorgos Moutafis. Sur l’île de Lesbos, en Grèce, des milliers de personnes sont prises au piège de la politique migratoire européenne. Les installations sanitaires sont le reflet de leurs conditions de vies insoutenables et inhumaines, au cœur même de l’Europe.

Depuis l’accord passé entre l’Union européenne et la Turquie, l’île de Lesbos en Grèce est devenue une prison à ciel ouvert pour les demandeurs d’asiles. Des milliers de femmes, d’enfants, d’hommes sont bloqués sur l’île, dans des conditions de vies indignes, inhumaines et dangereuses, sans informations sur les procédures à mener, qui deviennent infinies.

Ces personnes vivent dans des camps surpeuplés – le tristement célèbre camp de Moria, puis de Moria 2, après l’incendie du premier – avec peu d’accès à de l’eau potable ou à des installations sanitaires. Elles partagent, en bien trop grand nombre, des installations vétustes, laissées à l’abandon. Ce manque d’hygiène et cette promiscuité sont le cadre idéal à la propagation de maladies, à l’affaiblissement des populations, aux violences pour les femmes et les jeunes filles. Ces conditions de vies, dont les sanitaires sont un exemple marquant, sont le symbole du déni d’humanité que toutes ces populations subissent au quotidien, au sein même de l’Europe.

Au Mozambique

Crédit : Peter Caton/DEC. Au Mozambique, après le passage des cyclones Idai puis Kenneth, la confédération Oxfam, en partenariat avec de nombreuses autres organisations, est intervenue en urgence pour soutenir la population. Installer des sanitaires est alors une des priorités, pour éviter la propagation d’épidémies telles que le choléra et redonner des conditions de vies dignes aux populations impactées par la catastrophe.

Cécilia se lave les mains à l’extérieur d’une latrine installée par la confédération Oxfam, après le passage des cyclones Idai et Kenneth, qui ont ravagé le Mozambique en mars 2019. Les cyclones ont détruit sa maison. Réfugié dans un camp temporaire, elle a dû attendre un mois avant d’avoir un abri. Un mois à dormir dehors avec ses enfants, sans les installations de base les plus nécessaires. Une petite parcelle de terrain lui a ensuite été donnée, pour s’installer et cultiver quelques légumes. La coalition humanitaire sur place a assuré l’installation des équipements essentiels du camp.

Crédit : Peter Caton/DEC. Toilettes installées par Oxfam dans un camp aux alentours de Beira, au Mozambique, suite au passage des cyclones Idai et Kenneth, en mars 2019.

Au Bangladesh

Crédit : Salahuddin Ahmed. Dans le camp de réfugié de Cox’s Bazar, au Bangladesh, la confédération Oxfam travaille avec les femmes réfugiées Rohingyas pour développer des toilettes répondant à leur besoin, notamment en termes de sécurité. Novembre 2019.

Iffat Tahmid Fatema, ingénieure en santé publique au sein de la confédération Oxfam, parle avec un groupe de femmes Rohingyas, réfugiées au Bangladesh, dans le camp de Cox’s Bazar. Oxfam associe, dans le développement et la construction des sanitaires dans ce camp, des groupes de femmes, pour connaître leurs besoins, les difficultés rencontrées et avoir leur retour d’expérience. Les femmes réfugiées sont au cœur du processus de conception et d’installation, en lien également avec une équipe d’architectes. Cette collaboration a permis de développer quatre structures sanitaires différentes, dans quatre camps au Bangladesh. Le camp de Cox’s Bazar accueille plus de 900 000 réfugiés Rohingyas.

Vous rendez ces actions possibles

Assurer l’accès à des sanitaires, à de l’eau potable, à de la nourriture, à des moyens financiers : telles est la mission humanitaire d’Oxfam à travers le monde. Nous soutenons toutes les personnes contraintes de vivre dans la pauvreté la plus extrême. Nous cherchons à changer nos sociétés, à modifier durablement un système inégalitaire qui créé et alimente ces drames humanitaires. Ces changements sont long et demandent toute notre détermination et la force de notre mobilisation collective. Tant qu’ils ne seront pas survenus, nous répondrons présent-e-s pour soutenir toutes celles et ceux qui en ont besoin. Ensemble. Grâce à vous.

 

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