Au Liban, permettre aux réfugiés syriens de vivre dans la dignité

Au Liban, un habitant sur quatre est aujourd’hui un-e réfugié-e syrien-ne. Près de quatre années de violence et de chaos en Syrie ont poussé plus d’un million de personnes à fuir vers ce petit pays aux ressources et infrastructures limitées.

Ces femmes, hommes, enfants, partis avec peu de choses, dans la précipitation, se sont installés là où ils le pouvaient : dans les communautés libanaises qui voulaient bien les accueillir, dans des campements de fortune au milieu des champs et des terrains vagues, dans des bâtiments en construction, des garages ou sur les trottoirs de Beyrouth.

Très impliquée dans la réponse humanitaire à la crise syrienne depuis 2012, Oxfam a soutenu près de 300 000 personnes au Liban en 2014, à travers des programmes d’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène, d’assistance alimentaire, de protection ou de préparation à l’hiver.

Boire, cuisiner, se laver restent ainsi un défi pour de nombreuses familles syriennes ayant un accès limité à l’eau. En particulier, l’aide humanitaire de l’Union Européenne a permis à Oxfam et à ses partenaires locaux libanais d’équiper des logements en toilettes et réservoirs d’eau, de construire des sanitaires collectifs et de fournir des millions de litres d’eau directement par camion.

"Maintenant on a de l’eau chaude. On a des lavabos, on peut se laver le visage et on peut faire la vaisselle dans l’évier. Avant on faisait la vaisselle sur le sol.", explique Yasmine, 23 ans, réfugiée syrienne habitant dans un abri collectif à Zgharta au Nord du Liban.

Alors que le conflit et les atrocités continuent en Syrie, une assistance de long-terme est vitale pour Yasmine et les réfugié-e-s syriens du Liban. Elle est aussi impérative pour la population libanaise, durement impactée par les conséquences économiques, sociales et sécuritaires de la crise syrienne.

Témoignage

Aurélie Millon, responsable de la collecte de fonds à Oxfam France, s’est rendue au Liban en septembre 2014 et a pu visiter les programmes d’Oxfam sur place, notamment un projet d’assistance alimentaire financé par le Ministère des Affaires Etrangères français. Elle a ainsi pu s’assurer de la bonne utilisation des dons effectués pour venir en aide aux réfugié-e-s.

"Dans une des familles de réfugiés, le père était blessé à la jambe : il a reçu des éclats d’obus, ce qui l’a décidé à tout quitter et à emmener sa famille au Liban. Il a abandonné sa maison, son travail et son statut social. Physiquement incapable de travailler, il n’a pas les moyens de se faire soigner. Les yeux brillants de souffrance, il nous a avoué sa honte à ne pas pouvoir prendre soin de ses enfants comme il le souhaiterait.

Puis il nous a remercié de fournir une aide en monnaie qui permet à sa femme d’aller dans les magasins et de choisir sa nourriture, leur rendant à ce moment-là leur capacité à être des adultes responsables et non pas des personnes assistées sans droit de choisir. Et dans ce contexte, pouvoir choisir du riz plutôt que des pâtes, des pois chiches plutôt que des lentilles ne prête pas à sourire : le respect des personnes et de leur dignité passe aussi par de petits gestes et ce choix qui semblerait futile s’avère être un pas pour s’éloigner de la détresse.

Au Liban, j’ai pu constater ce que je savais déjà : l’aide est essentielle car les gens manquent de tout, d’un toit, de nourriture, de soins médicaux. J’ai aussi pris conscience d’un autre besoin, tout aussi essentiel : le besoin de conserver sa dignité et sa capacité à croire en un futur meilleur."