Conflit israélo-palestinien : nouvelle escalade des tensions

Au Proche Orient, les civils paient une fois de plus les graves conséquences de l’échec des dirigeants

Depuis le 10 mai, la situation en Palestine et Israël s’est très fortement dégradée. Le bilan, très lourd, ne cesse de s’aggraver. Une de fois de plus, les populations civiles subissent les graves conséquences des échecs de leurs dirigeants politiques, qui peinent à négocier une paix juste et durable pour les Palestiniens et les Israéliens. Ce nouveau cycle de mort et de destruction nous éloigne encore d’une solution de fond à la crise et entraîne de nouvelles violations des droits humains, en particulier pour toute une génération perdue d’enfants et de jeunes palestiniens.

Pour Laila Barhuom, responsable plaidoyer d’Oxfam à Gaza :

« Les Palestiniens de Gaza ont subi trois guerres successives au cours des dix dernières années. Nous sommes fatigués. Jour après jour, nous regardons les bombes tomber sur les maisons où vivent nos amis et notre famille et les bâtiments où travaillent nos collègues, en nous demandant si nous serons les prochains. Et jour après jour, nous attendons en vain la condamnation sans équivoque de la communauté internationale qui n’arrive jamais. Lorsqu’un cessez-le-feu sera finalement déclaré, nous creuserons à nouveau des décombres et commencerons à reconstruire, seulement pour attendre un autre cycle de bombardements pour détruire ce que nous avons fait. »

Des milliers de frappes se succèdent, des centaines de morts et milliers de blessés durcissent le bilan des derniers 7 jours, bilan qui risque de s’alourdir fortement. Deux millions de Palestiniens vivent à Gaza, pris au piège et sans nulle part où se cacher face à un bombardement qui arrive de tout côté.

La situation était pourtant déjà complexe auparavant. Le blocus qui dure depuis 14 ans interdit à la plupart des gens de quitter Gaza, ce qui a dévasté l’économie et restreint l’accès aux services les plus élémentaires, tels que les soins de santé et l’éducation. Alors que les maisons, les routes et les services essentiels continuent d’être ciblés sans discrétion, les services de santé et les systèmes d’approvisionnement en eau déjà paralysés sont sur le point de s’effondrer.

A ce stade, la situation met en danger la vie de centaines de milliers de personnes. Le lancement de roquettes par des groupes militaires palestiniens dans la bande de Gaza et en Israël, et les frappes aériennes visant Gaza, se poursuivent avec une intensité extrême dans les zones civiles. Une escalade violente qui continue dans tout le territoire palestinien occupé et en Israël.

« Aujourd’hui, nous sommes témoins de l’échec de longue date de la communauté internationale à protéger la dignité des Palestiniens et les droits humains. Il est temps de briser le cycle de la guerre suivie de trêves et de promesses d’aide humanitaire qui ne représentent que des pansements sur des blessures profondes et, au contraire, de s’attaquer véritablement aux racines de l’injustice et de la violence perpétrées sous l’occupation. »

– Gabriela Bucher, Directrice générale d’Oxfam.

 

Des impacts humanitaires déjà très importants dans la bande de Gaza

La situation déjà très tendue se dégrade suite à l’escalade des derniers jours. Depuis le 10 mai, Israël a fermé les passages de Erez et de Kerem Shalom – principal point de passage commercial de la bande de Gaza – à la circulation des marchandises, bloquant l’entrée d’aide humanitaire, de carburant destiné à la centrale électrique de Gaza ainsi que des vaccins Covid-19. Cette pénurie a déjà conduit à une baisse de la disponibilité globale d’électricité pour les habitants de la bande, la réduisant à 4 à 8 heures par jour, ce qui a perturbé la fourniture des services de base, y compris l’eau, l’assainissement et les soins de santé.

Les infrastructures d’eau, hygiène et assainissement ont également été gravement touchées, notamment les réseaux d’eaux usées, les canalisations ou encore les puits. L’usine de dessalement de l’eau de mer du nord de Gaza continue de ne pas être opérationnelle, ce qui met en danger l’accès d’environ 250 000 personnes à l’eau potable. Mais ce sont malheureusement toutes les infrastructures basiques qui sont impactées : résidences, commerces, écoles, réseau électrique et même routes ou terrains agricoles.

La réponse au Covid-19 s’est aussi vue gravement impactée. Le système de santé de Gaza, déjà submergé par la longue pandémie, est considérablement surchargé. Depuis le début de l’escalade, le nombre quotidien de tests a été réduit à environ 1 200 par jour (contre environ 3 000 auparavant), et la campagne de vaccination est suspendue pour le moment, notamment à cause de la fermeture des passages.

 

Une escalade aux causes profondes, une solution qui repose sur une pression internationale 

Cette escalade ne doit pas dissimuler les causes sous-jacentes de la violence, mais plutôt obliger à se concentrer à nouveau sur leur réduction. Les violations dont nous sommes témoins sont le résultat direct de semaines de brutalité et de force excessive de la part des colons et de la police israélienne contre des Palestiniens, le personnel médical et les manifestants à Jérusalem-Est, ainsi que des efforts pour évacuer de force les habitants de Sheikh Jarrah de leurs foyers. Ils sont également le résultat d’années d’impunité face aux violations de droits humains de la part d’Israël et au manque de pression internationale pour exiger des responsabilités.

Les Palestiniens de tous les territoires occupés sont confrontés à une oppression et discrimination quotidiennes et systémiques dans le cadre de la politique de l’État israélien. Ils sont privés de leurs droits fondamentaux à la liberté de mouvement, à la liberté de culte et à la liberté de se réunir et de s’exprimer pacifiquement. Les habitants de Gaza sont pris au piège, soumis à un siège et n’ont nulle part où fuir pour leur sécurité. À Jérusalem-Est et dans de nombreuses régions de Cisjordanie, ils courent quotidiennement le risque d’être déplacés de force, dans le cadre d’un effort parrainé par l’État pour soutenir les organisations de colons qui cherchent à chasser les Palestiniens de leurs terres. Ce sont toutes des violations flagrantes du droit international.

Les mots comptent, mais ils ne suffisent pas. La communauté internationale a le devoir de condamner rapidement et sans équivoque toutes les violations des droits humains et du droit international, où et quand elles se produisent. Les gouvernements doivent prendre des mesures courageuses pour mettre fin à l’impunité et demander des comptes à ceux qui violent le droit international. Sans une pression internationale conséquente, l’espoir d’un cessez-le-feu immédiat et d’une solution inclusive et durable semble malheureusement lointain.

Oxfam, présente à Jérusalem et Gaza depuis les années 80 porte assistance à environ 700 000 personnes en partenariat avec des organisations de la société civile locale. Nous portons soutiens aux communautés en renforçant leurs moyens de subsistance, l’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires, notamment à travers une aide d’urgence lors d’escalades militaires et d’inondations. Actuellement nos équipes sur place s’apprêtent à déployer une réponse humanitaire d’urgence suite à la situation actuelle.