Conflits en Afrique : pas question de jouer les prolongations

Comme partout dans le monde, en Afrique, des millions de personnes suivent avec passion la Coupe du monde. Pour nombre de ces fans de foot qui vivent dans des régions en conflit, un match, qu’il s’agisse de la Coupe du monde ou d’une partie dans le quartier, est une échappatoire. Loin des caméras de télévision, ils sont des millions à retourner à la dure réalité du conflit une fois le match terminé.

Pas assez de joueurs sur le terrain ?

Pour faire face à l’afflux des 500 000 personnes venues soutenir leur équipe, le Brésil a mobilisé 170 000 membres des forces de sécurité. C’est cinq fois plus que les forces de maintien de la paix déployées par l’ONU pour protéger les populations civiles des violences armées au Soudan du Sud, au Soudan et en République centrafricaine.

Au Soudan du Sud, la plus jeune nation du monde, des milliers de personnes ont perdu la vie et 1,5 million ont dû fuir les violences, soit trois fois le nombre de supporters à la Coupe du monde. Dans ce même pays, plus de 7 millions de personnes ne mangent pas à leur faim, tandis qu’en Somalie, près de 3 millions se trouvent en situation de crise. Ils sont  2,5 millions en République centrafricaine et plus de 6 millions au Soudan. En tout, cela représente plus que la population des Pays-Bas, Robin van Persie, buteur star de la sélection orange, inclus.

Des crises différentes, une origine commune : la violence armée

Les conflits armés sont l’une des principales raisons pour lesquelles tant d’enfants, de femmes et d’hommes ne peuvent pas manger à leur faim. L’ONU estime que 2,2 milliards de dollars sont nécessaires pour prévenir la sous-alimentation et la faim au Soudan du Sud, au Soudan, en Somalie en République centrafricaine. Autant que ce que vont dépenser, entre hot-dogs, déplacements et hôtels, les supporters de foot au Brésil pendant cette Coupe du monde.

Il est grand temps de mettre fin à ces conflits pour que les personnes déplacées puissent rentrer chez elles et reconstruire leur vie. Il est aussi vital d’empêcher de nouvelles crises d’éclater. Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a des dispositifs d’alerte en place. Il est donc possible de déceler et de prévenir les conflits. Mais les arcanes politiques poussent souvent le Conseil de paix et de sécurité à ne faire que de vagues déclarations au lieu d’intervenir avec fermeté. L’Union africaine doit prendre des mesures énergiques pour faire taire les armes, comme elle le promet si souvent.

La société civile se mobilise

Pour ne pas rester de simples spectateurs, les citoyennes et citoyens africains s’engagent dans la partie. Malgré les affrontements qui ont éclaté il y a six mois au Soudan du Sud, beaucoup ont tout mis en œuvre pour s’entraider, sans accorder d’importance à l’appartenance ethnique. Quatorze leaders africains ont publiquement exigé que le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, et son ancien vice-président, Riek Machar, mettent un terme aux effusions de sang.

En Somalie, les organisations de la société civile ont averti que les conditions de vie des populations sont nettement en-dessous des standards acceptables.

Dans le but de rappeler l’importance de ces crises, les citoyen-ne-s et militant-e-s d’Africans Act 4 Africa organise en ce moment des matchs de foot à travers l’Afrique en signe de solidarité avec les populations du Soudan du Sud, du Soudan, de Somalie et de Centrafrique.

Le match n'est pas fini

Il n’est pas trop tard pour éviter la famine au Soudan du Sud ou pour empêcher que les violences au Soudan, en Somalie et en République centrafricaine ne s’aggravent. Nous pouvons sauver des vies en apportant aux populations l’aide dont elles ont besoin et en faisant pression sur les responsables politiques pour qu’ils pèsent de tout leur poids dans les processus de paix.

D’expérience, nous savons qu’il n’est pas question de jouer les prolongations. L’Union africaine et la communauté internationale doivent agir sans plus attendre.

Ne restez pas sur le banc de touche, rejoignez l'équipe d'Africans Act 4 Africa et participez à leur campagne #SilencetheGuns pour que les dirigeants de l'Union africaine respectent leurs promesses de mettre fin aux conflits en Afrique.