Crise alimentaire dans la Corne de l’Afrique

Depuis 2011, une crise alimentaire majeure affectant plusieurs millions de personne sévit dans la Corne de l’Afrique. Considérablement aggravée par un manque d’investissement, une pauvreté profonde et des conflits régionaux, cette crise est aussi le résultat de la pire sécheresse que la région ait subi depuis soixante ans. En l’espace de quelques mois, des troupeaux entiers ont été décimés, les récoltes et les ressources vitales de milliers de familles ont été anéanties et des dizaines de milliers de personnes ont trouvé la mort.

La Somalie a été particulièrement touchée : la remière famine du XXIe siècl y a officiellement été déclarée le 20 juillet 2011. Face à la gravité de la situation, Oxfam a lancé dès le mois de juillet 2011 l’appel à dons le plus important de toute son histoire. A l’heure actuelle, Oxfam vient en aide à plus de 3 millions de personnes dans la région. La crise perdure. Au cours des derniers mois, d’importants progrès ont été réalisés dans plusieurs zones de la région, même si, en dépit de cette intense mobilisation, la crise est loin d’être terminée : les pluies prévues d’ici l’automne s’annoncent rares, des millions de personnes n’ont toujours pas accès aux services ou aux infrastructures de base et manquent cruellement de moyens pour mieux résister aux chocs à venir. Il faudra encore plusieurs années d’efforts soutenus pour reconstituer les ressources et reconstruire les vies dans cette région du globe.

Oxfam en action

En dépit d’un climat économique particulièrement tendu, en l’espace de quelques mois, Oxfam a récolté près de 118,8 millions de dollars en faveur de la Corne de l’Afrique, dont près d’un tiers de la part des particuliers. _ Recrutement de personnel local, envoi d’experts internationaux, planification et interventions d’urgence de grande envergure (en étroite collaboration avec des organisations locales et partenaires)… la réponse d’Oxfam s’est organisée très rapidement. En Somalie La Somalie, où Oxfam est présente depuis près de 40 ans, reste au centre de la crise et demeure le théâtre de l’une des plus importantes urgences humanitaires au monde. Le pays souffre des conséquences de la sécheresse et d’années de conflit. L’insécurité qui y règne en fait l’un des endroits les plus difficiles d’accès pour l’aide humanitaire. Toutefois, en collaboration avec des organisations somaliennes locales, Oxfam a jusqu’à présent pu venir en aide à 1,3 million de personnes touchées par la crise et obtenir des résultats. Depuis le début de l’intervention, à l’été 2011, 15 centres thérapeutiques nutritionnels ont soigné 150 000 enfants. _ Favoriser l’accès à l’eau et aux systèmes d’assainissement fait partie des missions d’Oxfam : installations de citernes, de pompes à eau ou de latrines… En Somalie, près de 900 000 personnes ont pu bénéficier de ces programmes. _ En parallèle, grâce aux activités de distribution d’argent, 320 000 personnes ont été en mesure d’acheter la nourriture, les semences et l’eau indispensables à leur survie. _ Un système de communication par téléphone portable destiné à limiter la propagation du choléra a lui permis d’atteindre 100 000 personnes dans des camps de déplacés. _ En prévision des prochaines récoltes, un soutien accru a été apporté aux agriculteurs de la région du Bas Juba, à qui les équipes Oxfam ont notamment distribué des semences et des outils. Éthiopie En Ethiopie, Oxfam intervient dans trois régions – Somali, Oromiya et Tigray – et vient en aide à plus d’1 million de personnes touchées par la crise. Si la situation s’est légèrement améliorée à la fin de l’année 2011, avec un niveau de précipitations satisfaisant en plaine et des récoltes jugées bonnes en plateaux, les faibles pluies du printemps 2012 ont porté un nouveau coup aux familles touchées par la sécheresse. Certaines zones du pays sont aujourd’hui susceptibles d’être confrontées à une crise de la même ampleur que la précédente. Un des principaux aspects du travail d’Oxfam en Ethiopie consiste à aider les communautés à trouver des sources durables d’eau potable, notamment en réalisant des forages, en développant des systèmes d’approvisionnement mécanisés et en améliorant les méthodes traditionnelles de culture. Dans les zones les plus sévèrement touchées, nous avons acheminé de l’eau par camion-citerne destinée à plus de 32 000 personnes. Cette eau est traitée afin de servir à la consommation, à la cuisine et au bétail. Chaque personne reçoit au moins 5 litres par jour – soit le strict minimum dont une personne a besoin quotidiennement. Nous aidons également les populations à protéger leur principal moyen de subsistance : le bétail, dont la plupart des habitants de la région dépendent pour survivre. Nous avons donc mis en place des programmes pour fournir eau, nourriture, vaccins et traitements médicaux à 500 000 têtes de bétails. Oxfam travaille également avec des groupes de femmes agricultrices et des coopératives pour assurer l’approvisionnement des marchés locaux en denrées alimentaires. Un programme qui cible plus de 250 000 petits paysans. Nous fournissons aussi aux populations une source de revenus à travers nos programmes argent-contre-travail, qui permettent de réhabiliter routes, pâturages, accès à l’eau… Enfin, Oxfam continue de fournir de l’eau, mais aussi de favoriser l’accès au soin et aux installations sanitaire aux dizaines de milliers de réfugiés ayant fui la Somalie en direction du camp de Dolo Ado, situé au sud est de l’Ethiopie. Kenya Oxfam vient en aide à près d’un million de personnes touchées par la crise au Kenya, principalement dans les régions arides du nord du pays telles que le Turkana et le Wajir ainsi qu’aux réfugiés le camp de réfugiés de Dadaab, qui accueille aujourd’hui plus de 500 000 personnes. Dans ces régions, où le bétail représente la source principale de revenus et d’alimentation de nombreuses familles, la sécheresse a rendu les animaux faibles et souvent mourants et difficiles à vendre. Le programme de « réduction des troupeaux » d’Oxfam consiste à racheter les chèvres et les moutons les plus affaiblis pour assurer à leurs propriétaires un revenu vital. La viande est ensuite vendue à la communauté. Nous aidons celles et ceux qui ont perdu leurs troupeaux à cause de la sécheresse grâce à des programmes argent-contre-travail ou des subventions. Oxfam travaille également sur la résistance du bétail, de manière à ce que celui-ci puisse survivre à la sécheresse. Dans le camp de Dadaab, l’un des plus grands camps de réfugiés au monde, les équipes d’Oxfam ont pu fournir de l’eau, des infrastructures d’hygiène et d’assainissement à plus de 100 000 réfugiés, et ce en dépit du climat d’insécurité et de violence. Au Turkana et au Wajir, nous fournissons eau et carburant, réhabilitons points d’eau et générateurs et menons des campagnes de santé publique.

Grâce à vos dons, Oxfam France a pu contribuer à améliorer la sécurité alimentaire de plus de 20 000 personnes dans le sud de la Somalie. Du 1er octobre 2011 au 31 janvier 2012, avec la collaboration d’Oxfam Novib, l’affilié néerlandais de la confédération Oxfam, et un cofinancement du Centre de Crise du ministère des affaires étrangères en France, vos dons ont permis à l’African Rescue Commitee (AFREC), une organisation locale, présente en Somalie depuis 1992, de mettre en place un projet visant à : – améliorer l’accès immédiat à la nourriture – relancer l’agriculture – augmenter l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène pour les familles les plus vulnérables du district de Jilib au sud de la région du Moyen-Djouba. Concrètement, les actions d’Oxfam et de l’AFREC : -* Distributions de liquidités pour les 1 700 ménages les plus vulnérables -** Ménages sans accès à la terre, notamment les personnes âgées et les femmes seuls avec enfant -** 60€ par ménage pour un mois. Les distributions d’argent permettent à la fois d’apporter une aide d’urgence à ces familles et de stimuler l’économie locale : -* Distribution de kits agricoles pour 500 ménages -** Chaque kit contient 20 kg de maïs, 2 kg de haricots rouges, 200 g de semences maraîchères, une houe, une hache, un râteau, une machette et un coupe-coupe. -** Grâce à ces kits, les petits paysans peuvent relancer leurs cultures -* Amélioration de l’accès à l’eau, des conditions d’hygiène et d’assainissement pour 1 250 ménages -** Distribution de kits d’hygiène, composés de savon, jerricanes et comprimés de purification de l’eau -** Réhabilitation de 20 puits ; construction de 10 nouveaux puits et défrichage des routes d’accès. -** Construction de 60 latrines à fosses, qui bénéficieront à 200 ménages -** Organisation de 6 campagnes de sensibilisation à l’hygiène. Offrir un meilleur accès à l’eau et informer les populations locales sur les règles d’hygiène de base permet de leur donner des outils durables et essentiels.

 

– Pour en savoir plus sur les actions d’Oxfam dans la Corne de l’Afrique, lire le rapport Crise alimentaire dans la Corne de l’Afrique : Rapport d’avancement 2011-2012

Notre action ici

L’aide d’urgence Oxfam a également été au premier plan pour attirer l’attention sur cette crise et pour accélérer la réponse de la communauté internationale. Nous avons contribué à lancer la harte contre la fai, qui engage les pays signataires à prendre des décisions pour mettre fin aux phénomènes de famine et de crises alimentaires résultant de sécheresse, de prix alimentaires élevés et de conflits. Aux côtés de la FAO et du PAM, nous avons lancé [un appel->/Intervenir-dans-la-Corne-de-l,1136] pour que la communauté internationale déploie tous les moyens politiques, moraux et financiers nécessaires pour affronter cette crise. Près de 6 mois après le début de la famine, Oxfam a publié un rapport intitulé [« Un retard dangereux : Le coût d’une réponse tardive à des alertes précoces lors de la sécheresse de 2011 dans la Corne de l’Afrique »->Un-retard-dangereux-Le-cout-d-une,1282] qui dénonce la lenteur de la communauté internationale à apporter une réponse d’ampleur à cette crise. Alors que des signes annonciateurs d’une crise étaient visibles dès août 2010, aucune réponse d’ampleur n’a été déclenchée avant juillet 2011. Avec pour conséquences, des milliers de morts qui auraient pu être évitées et une réponse d’urgence, au coût financier bien plus élevé qu’une réaction plus en amont. Oxfam France À la fin du mois de juillet 2011, alors que l’aide de la France dans la Corne de l’Afrique ne s’élevait qu’à 10 millions d’euros, Oxfam France a dénoncé avec vigueur cette (trop) faible contribution. Le message a porté puisque au début du mois d’août, [le gouvernement nous a répondu directement en annonçant un triplement de son aide->La-France-engage-30-millions-d,1157] sur la zone (portée à 30 millions d’euros). Dans le même temps, Oxfam plaidait auprès des pays du G20 et de l’Union européenne pour une régulation plus forte des prix des matières premières agricoles et un soutien financier à long terme de l’agriculture paysanne. Grâce aux dons reçus pour l’aide d’urgence d’Oxfam sur le terrain et aux financements obtenus en France à cette occasion, Oxfam en France à cette occasion et pour la première fois de son histoire, été en mesure de soutenir l’action immédiate des affiliés Oxfam présents dans la région en faveur des populations affectées. Aujourd’hui, l’Afrique de l’Ouest est à son tour en proie une grave crise alimentaire. En tirant les leçons des précédentes crises, et en agissant rapidement, il est possible d’éviter une nouvelle catastrophe au Sahel en 2012. Prévenir les crises : penser sur le long terme Cette crise n’était pas inévitable : Oxfam se bat pour changer les règles du jeu mondial, assurer la sécurité alimentaire de tous et soutenir l’adaptation aux conséquences du changement climatique. _ Cette crise, qui a mis en lumière les défaillances du système alimentaire mondial, démontre à quel point il est primordial de s’attaquer aux causes structurelles de la vulnérabilité alimentaire dans le monde. C’est-à-dire investir dans l’agriculture paysanne (élevage et agriculture), protéger les droits d’accès à la terre et aux autres ressources naturelles et apporter le soutien nécessaire pour faire face au changement climatique, à la hausse des prix et aux autres chocs qui les affectent. Les communautés doivent avoir leur mot à dire dans les décisions qui les concernent et les plus vulnérables doivent être mieux soutenus. Ce n’est pas un hasard si les personnes les plus affectées par la crise sont celles qui ont été le plus négligées jusqu’à aujourd’hui. [Oxfam appelle à une transformation de la manière dont nous cultivons et partageons la nourriture afin que chacun et chacune ait suffisamment à manger.->Cultivons-La-Terre-La-vie-Le-monde,1099] Dans un monde où nous disposons de suffisamment de nourriture pour tous, rien ne justifie que quiconque souffre de la faim. Nous devons changer la façon dont nous cultivons et partageons la nourriture car c’est là que réside le problème.