Crise en Centrafrique : que fait Oxfam ?

La crise politique qui sévit en Centrafrique, conjuguée aux tensions communautaires et religieuses que les différents acteurs armés s’efforcent d’instrumentaliser, a plongé le pays dans une crise humanitaire sans précédent.

La situation

Depuis décembre 2013, la Centrafrique fait face à une augmentation des violences intercommunautaires et de graves violations des droits de l’Homme, forçant une partie de la population centrafricaine à fuir ce climat de peur dans les pays voisins, au Cameroun, au Tchad ou en République Démocratique du Congo.

Malgré le déploiement des forces militaires françaises (Sangaris) et de l’Union Africaine (MISCA), l’insécurité est toujours omniprésente dans le pays. Rétablir la sécurité et le système judicaire, et assurer la protection des Centrafricains est une priorité majeure pour rétablir un climat de paix au cœur de l’Afrique.

Oxfam alerte sur l’ampleur de cette crise humanitaire et sur les besoins grandissants des populations affectées par le conflit.

L’aide internationale

La communauté humanitaire a besoin de 551,5 millions de dollars pour venir en aide à 1,9 million de personnes pour l’année 2014 mais, à la mi-mars, seulement 19% de ce montant avaient été engagés. A l’occasion de la conférence des donateurs à Bruxelles, le 21 janvier dernier, les donateurs ont promis 200 millions de dollars en faveur de la crise.

Il est crucial que les donateurs respectent leurs engagements pris lors de cette conférence afin de soutenir et garantir la reconstruction et la stabilisation de la Centrafrique dans les années à venir.

Vers une crise nutritionnelle ?

Aujourd’hui, en Centrafrique, 90% de la population ne mange qu’une fois par jour. Une mauvaise récolte, l’arrivée de la saison des pluies combinées à une augmentation des prix des denrées alimentaires, une baisse des revenus et des déplacements massifs de population ont provoqué une crise alimentaire majeure. On estime à 1,3 million le nombre de personnes en besoin d’une assistance alimentaire immédiate.

Nos actions sur le terrain

En réponse à cette situation humanitaire dramatique Oxfam a pris la décision en décembre 2013 d’ouvrir un programme d’urgence en République centrafricaine en déployant une équipe à Bangui. L’objectif étant d’augmenter la réponse humanitaire en apportant une assistance adéquate aux personnes les plus vulnérables.

Oxfam a débuté son programme en janvier 2014 en travaillant avec deux partenaires locaux pour apporter un soutien aux communautés déplacées. Oxfam travaille étroitement avec l’église du quartier de Castor au centre de la capitale pour fournir de l’eau potable à 40 000 personnes. Oxfam mène des opérations sur six sites de personnes déplacés autour de Bangui et soutient les familles les plus vulnérables grâce à des transferts monétaires.

Oxfam intervient principalement dans le domaine nutritionnel, de l’eau et de l’hygiène pour les déplacé-es mais aussi dans le domaine de la protection. Seul 30% de la population a accès à l’eau potable. Actuellement, Oxfam fournit 50 000 litres d’eau par jour dans les camps de déplacés à Bangui. L’équipe d’Oxfam a aussi réhabilité des infrastructures sanitaires en installant de nouvelles latrines et en mené une campagne de sensibilisation sur les gestes d’hygiène auprès de 20 000 personnes.

Un programme a également été mis en place au sud du Tchad à Moissala pour répondre au mieux aux besoins des réfugié-e-s, où Oxfam est présente depuis de nombreuses années.

Pour répondre à la crise, Oxfam appelle à :

  • Des mesures strictes pour rétablir la sécurité des populations de Bangui et dans le pays en sécurisant les principales routes empruntées par les acteurs humanitaires vers le Cameroun et le Tchad pour faciliter la distribution de l’aide d’urgence.
  • Une augmentation de l’assistance humanitaire immédiate en ciblant particulièrement les populations les plus vulnérables.
  • Soutenir des efforts urgents pour distribuer des semences avant le début de la saison agricole.
  • Des engagements financiers sur le long terme de la part des donateurs et des agences d’aide humanitaire afin de se préparer à vivre une  probable aggravation et prolongation de la crise alimentaire.
  • S’assurer que les agences fournissant un accès aux services d’eau, assainissement et hygiène reçoivent des financements suffisants afin que les sites accueillant les déplacés respectent les normes.
  • Améliorer et renforcer la protection des acteurs.

Quelques chiffres

Source : OCHA (Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies)

  • La Centrafrique est un des pays le plus pauvre du monde. 179ème sur 187 de l’indicateur de développement humain
  • On estime à 2,5 millions le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Soit plus de la moitié de la population totale (4,6 millions d’habitants)
  • Près de 280 000 personnes sont réfugiées dans les pays limitrophes
  • Plus de 644 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays dont 219 000 seulement à Bangui.