En agissant maintenant, il est possible d’éviter une nouvelle catastrophe au Sahel en 2012

Si aucune action immédiate n’est entreprise, près de 13 millions de personnes courent le risque d’être confrontées à une grave crise alimentaire qui menace de dégénérer en urgence humanitaire de grande ampleur dans la région du Sahel, en Afrique centrale et de l’Ouest.

En investissant aujourd’hui dans des actions précoces, plus efficaces et moins coûteuses, il est possible de prémunir les populations les plus vulnérables des pires effets de la crise qui s’annonce, à un moindre coût que si l’on attend. L’intervention ne doit pas se limiter à répondre aux besoins urgents. Elle doit aussi s’attaquer aux causes profondes des crises afin d’éviter qu’elles ne se reproduisent. En investissant davantage dans des actions de long terme destinées à réduire la vulnérabilité des populations face aux chocs extérieurs, nous pouvons œuvrer à rompre le cycle de la faim au Sahel.

La situation

Des systèmes d’alerte précoce ont permis de rassembler un ensemble de facteurs et de données annonciateurs d’une crise majeure dans les prochains mois. Pluviométrie faible, bas niveau des ressources en eau, mauvaises récoltes, manque de pâturages, prix alimentaires élevés, chute des rentrées d’argent en provenance des migrants sont autant de causes annonciatrices de graves problèmes. Dans toute la région, les prix des denrées alimentaires sont en moyenne de 25% à 50% plus élevés que la moyenne de ces cinq dernières années. _ Les récoltes sont moins abondantes suites aux pluies particulièrement imprévisibles. Selon la FAO, la production agricole dans la région est de 25% inférieure à celle de 2010. En Mauritanie et au Tchad, pays les plus touchés, ont connu une baisse de leurs productions céréalières de respectivement de 52% et 50%. Au Tchad, Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et au nord du Sénégal les taux de malnutrition oscillent entre 10% et 15%, et dépassent même ce seuil d’urgence de 15% dans certaines régions. Plus d’un million d’enfants font face à un risque de malnutrition sévère. Dans certaines régions du Tchad des villageois en sont réduits à détruire les fourmilières pour récupérer les céréales stockées par les fourmis. En Mauritanie, 700 000 personnes, près d’une famille sur quatre, arrivent difficilement à couvrir leurs besoins alimentaires quotidiens. Au Tchad, 3,5 millions de personnes, soit plus de 30% de la population, sont confrontées à l’insécurité alimentaire. De plus, le conflit dans la nord du Mali a jeté 160 000 personnes sur les routes. Plus de la moitié d’entre elles ont passé la frontière avec le Burkina Faso, le Niger ou la Mauritanie. Les violences au Nigeria ont également provoqué une diminution importante des volumes de céréales exportés vers le Niger et le Tchad. – a crise en image

L’action d’Oxfam

Oxfam augmente ses opérations afin de répondre dès à présent aux besoins des populations les plus vulnérables. Dans plusieurs régions affectées, nous aidons les communautés à renforcer leurs capacités de résilience face à la prochaine crise et nous avons déjà à fournir une aide d’urgence (transferts d’argent, programmes eau et hygiène… Une intervention rapide et précoce face à la crise qui s’annonce est essentielle pour protéger les populations concernées en 2012. Mais Oxfam rappelle aussi que, pour éviter que ces crises ne se répètent encore et encore, il faut agir face aux causes profondes et fournir une aide de long terme aux populations les plus pauvres d’une région dans laquelle, chaque année « normale », hors période de crise, 300 000 enfants meurent de maladies liées à la malnutrition. L’agriculture et la sécurité alimentaire sont au coœur du travail de plaidoyer et de mobilisation citoyenne d’Oxfam France. _ Nous défendons la mise en œuvre de politiques agricoles et alimentaires, commerciales et climatiques au Nord et au Sud qui soient cohérentes et permettant de répondre aux enjeux de la faim et de la pauvreté dans les pays du Sud, ainsi qu’aux nouveaux défis posés par les changements climatiques. _ Nous demandons également une régulation plus importante des marchés en faveur des populations les plus pauvres. Soutenez les actions de plaidoyer d’Oxfam France pour peser sur les politiques françaises, européennes et mondiales et prévenir de futures crises :


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Oxfam appelle à une transformation de la manière dont nous cultivons et partageons la nourriture afin que chacun et chacune ait suffisamment à manger. Dans un monde où nous disposons de suffisamment de nourriture pour tous, rien ne justifie que quiconque souffre de la faim. Nous devons changer la façon dont nous cultivons et partageons la nourriture car c’est là que réside le problème.

– Oxfam a lancé la campagne CULTIVONS pour combler les failles de notre système alimentaire défaillant, pour que les causes structurelles des crises comme celle-ci soient traitées. Rejoignez le mouvement !

Aller plus loin

Lire le billet de Mark Fried, coordinateur des politiques d’Oxfam Canda. Échapper au cycle de la faim : Les chemins de la résilience au Sahel, analyse détaillée de la crise alimentaire chronique qui frappe les pays du Sahel, par le Groupe de travail du Sahel (SWG), réseau inter-organisations, basé au Royaume-Uni, travaillant principalement sur le Niger, le Mali, le Tchad et le Burkina Faso. (15 novembre 2011) – La faim au Sahel : une urgence permanente ? Tout faire pour la prochaine sécheresse ne cause pas une nouvelle crise humanitaire (note d’information d’Oxfam, 15 décembre 2010) – Lire également le rapport Un retard dangereux : Le coût d’une réponse tardive à des alertes précoces lors de la sécheresse de 2011 dans la Corne de l’Afrique sur les manquements de la réponse de la communauté internationale lors de la crise en Afrique de l’Est en 2011. – Des stars du football comme Seydou Keita, Alain Traoré, Moussa Sow ou encore Souleymane Diawara s’engagent auprès d’Oxfam pour « gagner le match contre la faim.