Nations Unies sous haute tension : Témoignage de Sonia Nakad de l’ONG libanaise « Permanent Peace Movement »

A quatre jours de la fin des négociations pour un traité sur le commerce des armes, Sonia Nakad, représentante de l`ONG libanaise « Permanent Peace Movement », membre de la coalition Control Arms, revient sur les coulisses des négociations et sur la tension des derniers jours.

L’association « Permanent Peace Movement » milite en faveur de la paix et de la réduction des conflits, suite à la guerre civile au Liban (1975-1990) qui a causé plus de 150 000 morts, 70 000 mutilés de guerre et 17 000 disparus. L’ONG a rejoint la coalition internationale Control arms depuis plus de 5 ans pour participer au processus de négociation pour la régulation du commerce des armes.

Les coulisses des négociations

Sonia Nakad fait partie de la délégation des ONG du groupe arabe (Moyen-Orient et Afrique du nord), composée de personnes venant de Tunisie, Algerie, Maroc, et du Liban. Sa mission : Faire du lobbying auprès des délégations des pays arabes présents au siège des Nations Unies pendant les négociations. Concrètement cela passe par des rendez vous avec les délégations gouvernementales dans le but d’obtenir des informations sur leurs positions, les influencer et leur fournir des éléments pour les aider à prendre leurs décisions. Son rôle en tant que représentante d’une ONG libanaise n’est pas simple « La situation dans notre région est instable et pas facile. Le Liban peut jouer un rôle à l’intérieur de la région et expliquer les avantages d’un traité fort et ambitieux, Nous avons eu beaucoup de rencontres avec la délégation libanaise et avec celles du monde arabe, surtout l’Egypte l’Algérie, le Maroc, la Tunisie… Certains Etats sont plus positifs que d’autres. Nous essayons de pousser les Etats les plus favorables au traité de prendre davantage la parole pour contrebalancer les positions des sceptiques». Sonia et ses collègues participent aussi à des rendez vous avec les délégations de pays africains et européens, ce qui leur permet d’avoir une vision plus large des negociations. L’action des ONG sur place à New York est coordonnée par la coalition Control arms qui propose de bonnes conditions matérielles pour optimiser la communication, l’échange d’information et l’organisation entre ONG. « Nous sommes à l’hôtel à 200 m du lieu des négociations et nous avons à disposition le 24ième étage de l’hôtel : salles de réunions, connexions internet et téléphoniques et chambres transformées en bureau. Nous avons des réunions quotidiennes avec l’ensemble des ONG pour définir nos stratégies. Nous échangeons sur les méthodes et les exemples qui ont fonctionné. J’ai aussi une mission de communication : nous diffusons les communiqués de presse de la coalition Controls Arms aux médias et nous tentons de sensibiliser les politiciens dans les différents groupes sur le sujet ». De plus, comme dans chaque négociation, l’informel est extrêmement important. « Les couloirs sont les lieux les plus intéressants, voire même plus que les commissions de travail. Il ne faut pas négliger cet aspect et toujours avoir un œil sur ce qui se passe à la cafétéria et en dehors des salles de travail. Chacun avance avec ses relations, c’est là que peut se faire la différence.»

J- 4 et toujours pas de traité en vue !

A quatre jours de la fin des négociations, la tension est à son paroxysme aux Nations Unies. « Cette dernière semaine est très stressante. Nous avons travaillé tout le week end et nous oublions parfois de dejeuner ». Délégations gouvernementales ou ONG, tout le monde est sur le pont jour et nuit : « samedi une commission a fini à 2h du matin et hier une autre à 6 heures ». Alors que vendredi 20 juillet, 74 Etats signaient une déclaration soulignant les principes humanitaires qui devront être inclus a minima dans le traité, la France, aucun pays arabe ne l’a signé. Le rôle de lobbyiste comme Sonia est primordial dans ces moments-là pour convaincre les négociateurs, communiquer auprès des médias, et tenter de faire bouger les lignes. Quand on interroge Sonia sur son pronostic de fin de négociations, elle répond : « La fin est dans quatre jours, et ni les ONG ni les délégations gouvernementales n’ont de réponses claires. Nous pouvons avoir plusieurs scénarios, comme un traité faible non signé par de nombreux pays ou un traité fort non signé par les pays sceptiques… ». A suivre avec attention donc dans les quatre jours qui viennent…. Pour aller plus loin: – Lire également le illet de Nicolas Vercken, responsabkle de plaidoyer Conflits d'Oxfam Franc, à 10 jours de la fin des négociations – uivre les négociations sur le site d'Oxfam Francn savoir plus sur le contrôle du commerce des arme