A Lesbos, Oxfam soutient les populations migrantes

Oxfam est présente sur l’île de Lesbos, en Grèce, depuis 2015, afin de soutenir les populations migrantes qui y arrivent,  contraintes de fuir les persécutions, la violence et la pauvreté. Elles sont plus de 13 000 à être aujourd’hui bloquées dans le camp de Moria, le principal camp de l’île. Il est prévu pour accueillir 3 000 personnes.

Oxfam apporte un soutien juridique, afin que les populations ne se retrouvent pas piégées dans les méandres des procédures de demandes d’asile, de les informer de leurs droits et des démarches à suivre. Oxfam travaille également avec les communautés sur place, afin d’améliorer, autant que possible, les conditions de vie du camp et la protection des personnes qui y vivent – et tout particulièrement les femmes et les enfants.

Marion Bouchetel, ancienne avocate, chargée de plaidoyer avec Oxfam en Grèce.

Ancienne avocate, Marion Bouchetel travaille avec Oxfam sur l’île de Lesbos en Grèce, en tant que chargée de plaidoyer. Elle nous parle de la situation des personnes migrantes et du travail que réalise Oxfam sur place.

Quelle est la situation à Lesbos et sur les îles grecques ?

Même si l’ampleur des arrivées a diminué depuis 2015, les personnes fuyant des persécutions et conflits continuent de débarquer régulièrement sur les îles grecques, où elles sont contraintes de demeurer dans des conditions sordides et inhumaines.

 

Cinq îles grecques se partagent aujourd’hui l’accueil de plus de 31 000 personnes, alors qu’elles n’ont la capacité initiale d’en accueillir que 6 000.

 

Le camp de Moria, sur l’île de Lesbos, reçoit la majorité des gens : il est construit pour un peu moins de 3 000 personnes mais atteint désormais plus de quatre fois sa capacité d’accueil, avec 13 000 personnes, dont plus de 40 % sont des enfants. Ces femmes, hommes et enfants vivent dans des conditions sanitaires et sécuritaires inimaginables et manquent de tout. En raison des difficultés et lenteurs des procédures de demandes d’asile, elles restent parfois bloquées à Moria pendant plusieurs années.

Quel est le travail d’Oxfam sur place ?

Oxfam est installée à Lesbos depuis 2015. Nous travaillons auprès des personnes qui vivent dans le camp de Moria et gérons un programme de protection qui, entre autres choses, fournit de l’information et de l’assistance juridique gratuite aux demandeurs d’asile.

En quoi consiste ce travail d’aide juridique ?

Nous intervenons en partenariat avec deux associations d’avocats : ELIL (European Lawyers in Lesvos) et le GCR (Greek Council for Refugees).

Nous organisons des sessions hebdomadaires d’information de groupe sur le processus de demande d’asile dans le camp de Moria, en différentes langues. Nous travaillons avec les avocats qui préparent les demandeurs d’asile à leur entretien avec le service d’asile, en leur fournissant des informations et conseils juridiques, et une représentation au cours des différentes étapes de la procédure d’asile. Les avocats aident les demandeurs d’asile à comprendre et naviguer à travers ces procédures qui sont longues et complexes.

En pratique, les personnes connaissent rarement leurs droits du fait du manque d’information, et des rumeurs qui courent. Cet accompagnement est crucial, car si une personne est mal informée, elle risque de s’orienter vers la mauvaise procédure, de voir ses droits violés, et de rester bloquée pendant des mois, voire des années, sur l’île.

Quelle est selon toi la plus-value d’Oxfam sur place ?

Le programme d’Oxfam à Lesbos est à base communautaire. Cela veut dire que dans toutes nos activités, y compris quand nous faisons du plaidoyer, nous travaillons en dialogue constant et en étroite collaboration avec les personnes que nous soutenons. Nous aidons les différentes communautés qui cohabitent dans le camp à identifier les problèmes qu’elles rencontrent ainsi qu’à proposer leurs propres solutions.

Nous travaillons à la mise en place de comités de représentants au sein de chaque communauté vivant dans le camp, afin de faciliter le dialogue avec les autorités locales et de mettre en place les solutions qu’elles ont identifiées ensemble. C’est une approche très innovante du travail humanitaire.

Quelles sont les demandes d’Oxfam et que peut-on faire de plus ?

La situation sur les îles grecques et ailleurs en Europe remet fondamentalement en question les politiques migratoires européennes. Ces politiques ont un impact gravissime sur la vie de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants qui ont fui les conflits et la violence et demandent une protection internationale en Europe.

Nous appelons les responsables politiques, en Grèce mais aussi en France, aux niveaux européen et international, à accueillir plus de personnes demandant l’asile sur leur territoire et à mettre en place des services de soutien pour ces populations. La communauté internationale a le devoir d’aider les personnes contraintes de fuir leur foyer, où qu’elles se trouvent, et les pays qui les accueillent, et de faire respecter les droits humains et fondamentaux des personnes migrantes, notamment le droit d’asile.