Sur la « route de la mort » en Côte d’Ivoire

Face à la crise humanitaire provoquée par des mois de violences politiques dans les pays ouest-africains, le réseau Oxfam intensifie ses activités en Côte d'Ivoire. L'ONG fournit déjà de l'eau potable et des services sanitaires à des milliers de réfugiés qui ont fui vers le Libéria voisin, et a commencé à travailler en Côte d'Ivoire même, où plus d'un million de personnes ont été déplacées. _ Les affiliés anglais et espagnols d'Oxfam, présents dans la région, ont lancé une {{[campagne pour lever 16 millions de dollars->http://www.oxfam.org/fr/pressroom/pressrelease/2011-04-06/cote-ivoire-liberia-refugies-appel]}} pour la crise humanitaire en Côte-d'Ivoire. _ {Philippe Conraud, coordinateur humanitaire pour l'Afrique de l'Ouest, témoigne après sa visite de l'une des zones les plus touchées par le conflit, le long de ce qu'il a appelé la "route de la mort", où les armes et la violence sont omniprésentes.}

Des dizaines de milliers de civils ont été déplacés. Plusieurs milliers ont fui vers Grand Gedeh, au Libéria, où Oxfam mène une intervention d'urgence. Mais d'autres sont toujours en Côte d'Ivoire, vivant dans la brousse ou dans des sites temporaires le long de la route de Guiglo, en passant par Bloléquin et Toulépleu, près de la frontière avec le Libéria. C'est ici que ce se sont déroulés une partie des combats les plus violents qui ont eu lieu en Côte d'Ivoire il ya quelques semaines. Cette route, je l'appelle "la route de la mort". Hormis certaines agences onusiennes, accompagnées de convois de maintien de la paix des Nations unies, très peu d'acteurs humanitaires sont venus depuis que les combats ont eu lieu. Nous avons voulu faire notre propre évaluation, voyager sans escorte armée, en nous arrêtant dans des villages pour parler aux gens. Nous connaissons peu la région, et nous avons une certaine appréhension : que verrons-nous, qui rencontrerons-nous, comment se comporteront nos interlocuteurs… On ne sait jamais à l'avance ce qui peut arriver et quelles rencontres on peut faire. _ Nous avons tout de même pris la précaution d'avoir avec nous tous les numéros de téléphone des commandants militaires basés dans la région, que nous avons rencontrés dès notre arrivée. Sur une portion de route de 60 km, nous sommes passés par 12 points de contrôle. Une semaine auparavant, il parait qu'il y en avait 17. La route principale est contrôlée par le FRCI, les Forces républicaines de Côte d'Ivoire, qui relèvent de la capitale. Mais dans des villes comme Bloléquin, c'est le Far West. Nous avons vu de nombreux groupes militaires et des armes partout. Jeunes hommes armés de kalachnikovs sur leur dos ; différentes armées "légitime défense" et mercenaires libériens, qui ont combattu des deux côtés pendant le conflit. Pour un civil, je pense qu'il serait très, très difficile de faire ce même voyage. Mais nous sommes des étrangers, voyageant durant le jour, dans un véhicule marqué Oxfam avec un drapeau aux couleurs de l'ONG, ce qui offre une certaine protection. Malgré tout, aucun d'entre nous ne se sent à l'aise. Nous avons traversé plusieurs villages qui ont été complètement détruits. Villages fantômes, totalement déserts, et entièrement brûlés, avec de nombreux cadavres. _ Mais dans d'autres, à notre grand étonnement, il y avait beaucoup plus de villageois que ce à quoi nous nous attendions. Difficile de comprendre ce qui les a motivés à revenir dans des villages réduits en cendres, jonchés de corps. _ Certains ont dit se sentir en sécurité mais, selon moi, ce n'est pas l'explication complète. Et, bien qu'il existe de nombreuses raisons tribales et ethniques, ce n'est pas tout à fait clair pour moi pourquoi un village a été brûlé alors qu'un autre est resté presque intact. Certains villages ont été complètement pillés. Les maisons qui restent n'ont pas de fenêtres, portes ou toits. Beaucoup de gens se déplacent avec des armes et seuls les hommes sont rentrés, il n'ya pas de femmes, un signe clair qu'ils ne se sentent pas assez en sécurité pour revenir. Dans les mois à venir, il y aura un énorme besoin de réhabilitation et de reconstruction des maisons et des puits, qui sont les principales sources d'eau. Ils n'ont pas été utilisés depuis des semaines et devront être nettoyés avant de pouvoir être utilisés à nouveau, d'autant plus que des corps ont parfois été jetés dans ces puits, ce qui constitue pour certains un vrai frein psychologique. Oxfam prévoit de travailler ici. Mais ça n'est pas pour demain ou même pour la semaine prochaine : trop dangereux pour le moment. Mais dans les prochains mois, nous devrons être là. C'est notre mandat humanitaire. A l'heure actuelle, nous travaillons avec des déplacés au Libéria et à l'intérieur de la Côte d'Ivoire. Ces personnes doivent pouvoir rentrer chez eux. Et nous y retournerons avec eux pour les aider à reconstruire. Mais cela prendra du temps. Tout d'abord, il faudra beaucoup de temps avant que les habitants acceptent d'y retourner, et s'y sentent en sécurité. Puis, ils devront retourner à leurs vies normales et leurs activités de tous les jours. Et cela pourrait prendre plusieurs années. Je reste malgré tout quelqu'un d'optimiste, je crois en la vie, en l'espoir, en l'avenir, mais ce sera loin d'être facile. Il y a encore beaucoup d'armes partout et beaucoup dépendent de leurs armes pour survivre. Tant que la région ne sera pas désarmée, les habitants continueront d'avoir peur, seront harcelés et ne pourront pas avoir une vie normale.écouvrir le travail du réseau international Oxfam dans la régio – Voir les actions d'Oxfam France sur la rotection des civil et sur le ontrôle du commerce des arme