Syrie : escalade des violences dans la Ghouta, les populations civiles ont besoin d’une aide urgente

Depuis mon bureau à Damas, je peux entendre, nuit et jour, le grondement des explosions à l’est de la capitale. A chaque tir de mortier dirigé vers la ville, nous nous demandons avec anxiété où les obus atterrissent. Un nuage de fumée noire s’élève au loin dans le ciel de la Ghouta orientale. Pour les personnes qui vivent et travaillent ici, à Damas, c’est notre quotidien.

Déluge de feu sur les civils

Aujourd’hui, les reportages télévisés et la presse internationale dressent le portrait douloureux de la Ghouta orientale. Je me souviens encore de l’époque où la Ghouta était le berceau d’une multitude d’usines syriennes, fières. Désormais, nous assistons au spectacle bouleversant de civils pris en étau dans les combats, dont des mères et leurs enfants terrorisés. Le nombre exact de morts reste difficile à déterminer, mais certains rapports font état de plus de 500 pertes civiles dans la Ghouta orientale depuis le début de l’intensification des frappes le 19 février dernier.

À Damas également, l’augmentation des tirs de mortier menacent les populations civiles. Au cours de la semaine dernière, des dizaines de Syrien.ne.s ont été tué.e.s, laissant des familles déchirées.

En tant que résident à Damas, je témoigne du retour de la terreur, nous rappelant les prémices du conflit. J’entends les pleurs des enfants se mêler au fracas des obus et des mortiers. Bien que la zone à l’est de la capitale soit la plus exposée au danger, des attaques ont également visé la capitale -même.

L’urgence d’un couloir humanitaire

Les populations civiles de la Ghouta orientale ont aujourd’hui un accès extrêmement restreint aux produits de bases. Le peu disponible coûte un prix exorbitant – hors de portée de la majeure partie des familles. L’ONU fait état d’un taux de malnutrition très élevé chez les enfants et alerte quant aux terribles difficultés auxquelles sont confrontés les bébés, les femmes enceintes et allaitantes et les personnes âgées.

Les organisations humanitaires n’ont eu qu’un accès virtuel à la Ghouta orientale, malgré l’évidence de l’urgence critique. Le 14 février, le premier convoi humanitaire de l’ONU autorisé depuis novembre 2017 a pu approvisionner à peine plus de 7 000 personnes. C’est une infime goutte d’eau dans l’océan de cette catastrophe, où près de 300 000 hommes, femmes et enfants ont désespérément besoin d’eau, de nourriture et d’une assistance médicale.

Nous devons agir

Le week-end dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté une résolution appelant à une trêve en Syrie et à l’acheminement immédiate de l’aide humanitaire indispensable. Les pressions sont grandissantes pour entraver cette mise en œuvre. Ces derniers jours, le ciel s’est légèrement éclairci. Nous espérons que cette accalmie ne sera pas passagère et que l’aide vitale pourra être acheminée vers celles et ceux qui en ont besoin.

La Ghouta orientale est, de façon absurde , l’une de ces zones dites « de désescalade », définie en vertu de l’accord signé en mai 2017, à Astana, par l’Iran, la Russie et la Turquie. Cet accord engage toutes les parties à mettre fin rapidement aux violences et à améliorer la situation et l’accès humanitaire.

Les signataires de cet accord et l’ensemble des parties prenantes doivent aujourd’hui faire de ces engagements une réalité.

Alors que le conflit en Syrie ne montre aucun signe d’apaisement, des centaines de milliers de personnes se trouvent dans une situation critique et sont exposées à une violence continue. Sur une population de 22 millions d’habitants, la moitié a fui les zones de combat et plus de 13,5 millions ont urgemment besoin d’aide.

En Syrie, en Jordanie et au Liban, les équipes Oxfam portent assistance à plus de 2 millions de personnes, en leur fournissant de l’eau potable, des installations sanitaires et en apportant un soutien vital aux familles qui ont tout perdu.