Aide publique au développement 2015 : bilan d’une mobilisation politique et citoyenne

A l’automne dernier, le projet de Loi de finances pour 2015 était présenté à l’Assemblée nationale, prévoyant une baisse de 3% des crédits APD et une baisse de près de 20% sur l’ensemble du mandat de François Hollande. Le budget de l’APD, amputé de 80 millions d’euros était de nouveau en danger et pour la quatrième année consécutive.

A cette période, nous nous sommes mobilisés à travers notre plaidoyer, l’envoi de brochure auprès des parlementaires, l’influence de nos réseaux en région, un affichage mobile devant l’Assemblée nationale mais aussi auprès des médias pour interpeller les député-e-s sur l’importance de la politique d’aide publique au développement.

Suite à ces efforts, lors du débat sur le budget, les parlementaires de tous les partis politiques (UMP, PS, Ecologistes, Front de gauche), ont voté, à l’unanimité, un amendement visant à redéployer 35 millions d'euros pour les pays les plus pauvres.

Une victoire de courte durée. La veille du passage au Sénat, le gouvernement prend les parlementaires de court en déposant un contre amendement, faisant le choix de nier la volonté des parlementaires et de détourner un peu plus l’aide française des pays les plus pauvres. Cette opposition du gouvernement a donné lieu à une véritable fronde de la part des sénateurs et sénatrices sur cette politique publique.

Le bras de fer entre le gouvernement et les parlementaires s’est achevé cette semaine et le verdict est tombé : une enveloppe de 20 millions d’euros, sur les 35 millions d’euros initialement prévus, a été finalement voté pour venir en aide aux populations les plus vulnérables. La politique de renoncement de l’Etat ne l’a pas emporté face au mécontentement des sénateurs. La mobilisation des parlementaires, qui se sont emparé-e-s des enjeux, est à saluer. L’aide publique au développement intéresse, questionne et cette bataille, première dans l’histoire, est le résultat même de l’influence de notre plaidoyer auprès des décideurs.

Un plaidoyer soutenu par l’action de nos groupes locaux partout en France qui sont allés à la rencontre de leurs députés, mais aussi par l’interpellation des parlementaires via des actions Twitter. Cette mobilisation a été renforcée pendant la Semaine de la Solidarité Internationale, fin novembre, lors de rencontre associative, manifestation ou encore conférence, débats.

Des efforts récompensés puisque l’action des groupes locaux a contribué à la présence des députés à l’examen du budget à l’Assemblée nationale et du vote de l’amendement soutenu par Oxfam France.

Cette prise de conscience de la part des parlementaires est de bon augure pour les prochains budgets et laisse présager un regain d’intérêt sur cette politique. Mais rien n’est encore joué. La France se doit de montrer l’exemple et de mener une politique de solidarité internationale ambitieuse et transparente. Au vu des multiples enjeux, elle doit respecter ses engagements de consacrer 0,7% de la richesse nationale à l’aide au développement, à l’instar d’autres pays d’Europe comme le Royaume-Uni.

Parce que l’APD peut contribuer à sauver des vies et lutter contre la pauvreté et les inégalités dans le monde, la mobilisation des parlementaires est essentielle et doit se poursuivre dans les prochaines années à venir, pour que cette aide devienne une réalité pour les pays les plus pauvres.