Crise mondiale : les leaders du G20 doivent prendre leurs responsabilités

Oxfam France est présent à Londres les 1 et 2 avril 2009 pour le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des principales puissances économiques du monde. Cette rencontre est capitale à de nombreux égards.

La crise économique et financière appelle une stratégie globale et des actions coordonnées pour réguler la finance et l’économie mondiale. Mais les leaders du G20 ne doivent pas passer à côté de l’essentiel : assumer toute leur responsabilité dans cette crise et inclure l’ensemble des pays en développement dans les solutions qui seront proposées.

L'impact de la crise économique sur les pays pauvres

Pour être un succès, le G20 doit impérativement prendre en compte l’impact de la crise économique sur les pays pauvres. Déjà touchés par la volatilité des prix des matières premières et la crise alimentaire, ces pays sont extrêmement exposés aux conséquences d'une crise qui accroît leur instabilité politique et sociale. Les progrès réalisés ces dernières années sur les Objectifs du Millénaire pour le développement sont directement menacés. Le FMI anticipe un recul du taux de croissance en Afrique à 3% en 2009 (contre 5,4% en 2008). Un recul qui, selon la Banque mondiale, pousserait 53 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté. Sans une action forte du G20, un trait sera tiré sur les récentes avancées en matière de développement, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Les pays du G20 doivent s’accorder sur un plan de sauvetage pour les pays pauvres, incluant un soutien d’au moins 500 milliards de dollars, un accord pour prévenir le ré-endettement massif de ces pays et un engagement immédiat sur une augmentation de l’aide publique au développement.

L'absence de règles et l'opacité des circuits financiers

La réflexion globale engagée sur les solutions à apporter à la crise financière ne peut laisser à l'écart la question fondamentale de la fuite des capitaux en provenance des pays du Sud, qui compromet gravement le développement de ces Etats. Les dernières estimations de la somme des capitaux illicites qui s’envolent chaque année des pays en développement pour s’abriter dans les pays du Nord s’approchent en effet des 800 milliards d'euros. Ces pays voient ainsi disparaître de leur économie presque dix fois la valeur des fonds qu’ils reçoivent chaque année en aide internationale. Une véritable hémorragie dans les budgets publics du Sud, dont la fraude fiscale des entreprises multinationales, responsables à elles seules de 65% de la fuite de ces capitaux qui échappent à toute taxe, est la principale source. Or, c’est bien cette absence de règles et l’opacité des circuits de la finance mondiale qui sont à l’origine de la crise actuelle. Les pays du G20 doivent en tirer les leçons et proposer un véritable plan de travail pour encadrer la finance et l’économie mondiale. La publication d’une simple liste de paradis fiscaux ne suffira pas. Les pays riches, en particulier européens, doivent d’abord faire le ménage devant leur porte ! Le G20 doit s’engager à réviser les normes comptables internationales pour exiger des multinationales qu’elles rendent compte, dans chaque pays où elles opèrent, de leurs activités, de leurs bénéfices et des impôts qu’elles paient.

La réforme des institutions financières internationales

Le FMI, appelé à jouer un rôle central pour contrôler la finance internationale et soutenir les pays au bord de la faillite, n’a pas à fonctionner comme une banque de développement international. Le fonctionnement et les mandats respectifs du FMI et de la Banque mondiale doivent être revus et la gouvernance des deux structures doit être séparée. Les réformes entamées ces dernières années ne vont pas assez loin et ne remettent pas en cause la mainmise des pays les plus riches au sein de ces institutions. La place des pays en développement doit être renforcée tant dans les conseils d’administration qu’au travers des droits de vote. D’ores et déjà, le G20 doit assurer une participation pleine et entière de l’Union africaine dans ces négociations et leur suivi. De même, les pays du G20 doivent préciser leur rôle par rapport aux Nations unies, seule instance légitime au niveau international et notamment la "Commission d’experts sur la réforme du système monétaire et financier international", qui prépare la Conférence internationale de haut niveau que l’Assemblée générale des Nations unies a convoquée en juin prochain.