David contre Goliath: à quand la victoire de David?

Le Niger, un des pays les plus pauvres du monde, fournit 30% de l’uranium traité par Areva, multinationale française. Ainsi, le Niger permet indirectement le fonctionnement d’une ampoule sur cinq en France, l’uranium servant à faire de l’électricité. Et pourtant, le Niger ne s’enrichit pas. Sa richesse naturelle ne lui permet pas de se développer et de permettre à la population d’avoir accès à des services de santé universels, à l’eau potable, à l’éducation et au soutien de l’agriculture paysanne pour lutter contre la faim et la malnutrition.

Pourquoi ? Notamment parce que les multinationales, comme Areva, ne reversent pas une rétribution juste au pays.

Le Niger et Areva : David contre Goliath ?

Areva, l’entreprise détenue à plus de 86% par l’Etat français, extrait de l’uranium dans les plus gros pays producteurs (Kazakhstan, Canada et Niger dans le ‘top3’), pour le transformer en électricité.

L’uranium nigérien représente près de 30 % de la production totale d’Areva. Aujourd’hui, en France, près d’une ampoule sur cinq fonctionne grâce à cet uranium nigérien. Et pourtant, malgré cette formidable richesse, le Niger est le 2e pays le plus pauvre du monde en termes d’indice de développement humain (un indicateur composé de plusieurs données pour évaluer la richesse ou la pauvreté du pays).

Areva au Niger : un premier pas vers la justice en 2014

A la fin de l’année 2013, Areva renégociait en toute confidentialité son contrat d’exploitation des mines d’uranium avec le gouvernement nigérien. A travers notre partenaire sur place, le ROTAB [1] nous avons appris qu’il s’agissait notamment d’avoir des taux avantageux sur le prix de l’uranium, contrevenant au code minier nigérien de 2006.

Main dans la main, nous avons agi ! Nous avons lancé une pétition en France et en Afrique de l’Ouest pour demander le respect de ce code minier et qu’Areva paye sa juste part au Niger. Nous avions remis cette pétition à Areva.

Nous avions également rencontré des représentants du gouvernement français pour les mettre devant leurs responsabilités face à cette injustice criante.

Remise de pétition au directeur de la communication d’Areva

Remise de pétition au directeur de la communication d’Areva

Manifestation au Niger pour la renégociation des contrats d’Areva

Manifestation au Niger pour la renégociation des contrats d’Areva

Sous la pression de la société civile, en France comme au Niger, Areva avait fini par signer un contrat respectant les lois du Niger et devant permettre une rémunération juste de l’uranium par Areva. C’était en mai 2014.

Trois ans plus tard, Areva ne semble toujours pas contribuer justement …

Trois ans après, le bilan que nous dressons est en demi-teinte : Areva a signé un contrat qui respecte le code minier, c’est un grand pas, certes.Pourtant le Niger n’obtient toujours pas une rétribution juste pour l’exploitation par Areva de l’uranium de son sol. Areva a en effet trouvé de nouveaux moyens de faire baisser la part qu’elle reverse au Niger (voir encadré).

Correctement valorisée, l’exploitation de l’uranium par Areva aurait pu rapporter jusqu’à 15 millions d’euros de redevance supplémentaire au Niger en 2015, soit l’équivalent de près de 10% du budget de la santé, dans un pays où l’espérance de vie dépasse à peine 60 ans.

Le pouvoir citoyen plus utile que jamais

Nous refusons un monde dans lequel une entreprise, qui plus est détenue par l’Etat français, ne paye pas justement ce qu’elle doit, en particulier à un pays si pauvre, qui a besoin de ces fonds pour couvrir les besoins fondamentaux de sa population.

Une première étape vers plus de justice et moins de pauvreté consiste à obliger les grosses entreprises à publier le détail de tous les paiements versés aux gouvernements, pays par pays et projet par projet. Grâce au travail de fonds de nos experts, au soutien de nos membres et aux campagnes menées, cette obligation existe désormais au niveau français pour les entreprises du secteur extractif et forestier. Ainsi, nous pouvons tracer les contributions des entreprises, de travailler en bonne entente avec celles qui ne se soucient pas uniquement du profit, et de dénoncer les incohérences, voire les abus flagrants des autres.

Cette année, nous avons analysé les données publiées pour suivre les actions de six entreprises du secteur extractif. Ainsi, nous avons pu montrer comment Areva ne rétribue pas le Niger à sa juste valeur pour l’exploitation de son sol. Et pourtant, il y a trois ans jour pour jour, nous avions tenu tête au géant de l’industrie française.

  • Nous constatons l’importance de la transparence financière qui permet de mettre en lumière les pratiques indécentes des entreprises.
  • Areva (tout comme Total) a réagi à notre rapport. Les grandes entreprises voient leurs pratiques et leurs agissements remis en cause et sentent bien que la société civile, vous et nous, gardons l’œil sur leurs agissements.

La lutte contre la pauvreté est une affaire de patience et de persévérance : nous faisons pression sur les multinationales afin qu’elles aient des pratiques plus éthiques.

Prochaines étapes ?

  • Obtenir une telle contrainte pour toutes les entreprises
  • Et maintenir notre pression sur l’entreprise Areva pour que, dans ce combat déséquilibré, David l’emporte sur Goliath et que les besoins des populations passent avant les profits

Madina vit au Niger et sa fille, Aichatou est tombée malade à cause de la malnutrition : Madina est trop pauvre pour lui donner autre chose que du millet et elle dépend de l’aide humanitaire. Madina et Aichatou doivent passer avant les profits !

Madina vit au Niger et sa fille, Aichatou est tombée malade à cause de la malnutrition : Madina est trop pauvre pour lui donner autre chose que du millet et elle dépend de l’aide humanitaire. Madina et Aichatou doivent passer avant les profits !