Dans son dernier rapport, « Derrière le code-barres, des inégalités en chaînes », Oxfam montre la face sombre de notre système alimentaire en révélant comment des millions de femmes et d’hommes qui produisent la nourriture que nous consommons touchent un salaire ne leur permettant pas de se nourrir correctement tandis que l’industrie agro-alimentaire engrange toujours plus de bénéfices.
Oxfam a passé au crible 12 produits de consommations courantes dans plusieurs pays du monde sur les 20 dernières années et le constat est sans appel : le modèle économique de l’industrie agro-alimentaire alimente les inégalités et génère des souffrances humaines pour les travailleurs : travail forcé, salaires de misère, insécurité alimentaire, violations des droits humains et des droits du travail.
Par exemple, pour un kilo de crevettes provenant de Thaïlande puis vendu en France en 2015 à 15,68 euros, le pêcheur n’a touché que 48 centimes. Dans ce pays, plus de 90 % des travailleurs interrogés dans les usines de transformation de fruits de mer ont déclaré avoir souffert de la faim au cours du mois écoulé.
Pour des produits comme le jus d’orange brésilien, les haricots verts du Kenya, le thé indien, la crevette vietnamienne et le thon en conserve thaïlandais, les paysans ou travailleurs touchaient moins de 5 % du prix final payé à la caisse.
Accepter que la misère humaine soit un des ingrédients de la nourriture que nous mangeons est impensable, d’autant plus lorsqu’on sait que les supermarchés génèrent des bénéfices colossaux et récompensent généreusement leurs actionnaires et leurs dirigeants.
Alors que beaucoup de travailleurs et de paysans vivent dans la pauvreté, les huit plus grandes chaînes de supermarchés cotées en bourse ont réalisé 22 milliards de dollars de bénéfices dont 15 milliards de dollars ont été reversé à leurs actionnaires en 2016, soit près des deux tiers.
En France, Carrefour a versé en 2016, 57 % de ses 894 millions de bénéfices sous forme de dividendes à ses actionnaires. Si l’entreprise n’avait reversé ne serait-ce que 1% de ce montant aux ouvriers vietnamiens dans le secteur de la transformation de la crevette, plus de 14 000 d’entre eux auraient pu accéder à un revenu vital.