Développement : La France de moins en moins solidaire

L’aide publique au développement, bien utilisée et bien ciblée, peut être un incroyable catalyseur de changement. Pourtant, pour la 3ème année consécutive, l’aide française est  sacrifiée sur l’autel du budget et de l’austérité.

Des chiffres en baisse…

Alors qu’au niveau mondial, on observe une tendance à la hausse, l’aide française est encore et toujours en baisse. Selon les chiffres rendus public aujourd’hui par l’OCDE, l’organisme en charge de publier les chiffres officiels de l’APD, il y a de quoi s’alarmer : seul 0,41% du revenu national brut a été alloué à la solidarité internationale. Bien peu comparé à nos voisins anglais qui atteignent cette année l’objectif de 0,7%, à l’origine fixé pour financer les Objectifs du Millénaire pour le Développement, en 2015.

Une semaine après un remaniement ministériel qui a fait disparaitre de l’organigramme gouvernemental le ministre  délégué au développement, le signal est clair : les engagements de la France en termes de solidarité internationale ne sont pas la priorité… De nouvelles coupes budgétaires ont été réalisées, affectant les domaines de service public, notamment celui de la santé.

En toute transparence

Cette baisse de l’APD est d’autant plus consternante que la France a récemment réalisé des pas dans la bonne direction, sur le plan de la transparence de son aide.

Dans une étude de l'Agence Française de Développement datant de 2012, 78 % des Français-e-s affirmaient vouloir être davantage informé-e-s sur l’APD. En janvier dernier, le ministère des Affaires étrangères a mis en ligne un nouveau site interactif sur l’aide française au Mali. Ce site permet de savoir quels sont les projets financés par la France au Mali, avec qui, et sous quelles conditions (prêt ou don). Bref, ce site permet à l’Etat mais aussi à la société civile malienne ainsi qu’à la population française, de savoir où va l’argent public français dépensé au Mali. D’autant plus que les informations sont fournies suivant le standard international de l’Initiative Internationale pour la Transparence de l’Aide (IITA), ce qui permet de les comparer à celles d’autres pays bailleurs.

Un pas vers plus de transparence démontré aussi par le vote en février dernier de la première Loi d’orientation et de programmation sur le développement et la solidarité internationale.

Un monde en crise

Certes la France connaît un contexte économique plus que maussade, mais face aux défis colossaux auquel les pays en développement doivent faire face, elle doit se montrer à la hauteur.

Crises politiques, humanitaires, alimentaires, climatiques… les urgences mondiales et les défis du développement n’ont jamais été aussi grands. Et des solutions existent… à condition de s’en donner les moyens. Les Etats riches n’ont par exemple versé aux pays pauvres que 2% des financements nécessaires pour faire face aux conséquences du changement climatique.

Pourtant, l’aide au développement sauve des vies et en améliore des milliers d’autres.

Si la France veut  rester un acteur de poids  pour la solidarité internationale, elle doit dès à présent augmenter son APD, notamment à destination des pays les plus pauvres, et convaincre les pays européens engagés dans le processus de la taxe sur les transactions financières d’en affecter les recettes aux enjeux de développement.