G8 : Compte à rebours final

Aujourd'hui, je fais mes bagages et pars pour Enniskillen en Irlande du Nord où se tiendra le prochain sommet du G8. Le rassemblement annuel du "groupe des 8" (qui regroupe quelques-uns des plus puissants pays au monde) attire toujours des manifestants et les médias du monde entier, et se terminera par une grande déclaration et l'inévitable photo de famille.

Cela fait maintenant huit ans que j'assiste à ce spectacle et je sais que cette année ne dérogera pas à la règle. Oxfam sera à Enniskillen pour transmettre un message au G8 : il est temps de mettre un terme au scandale de la faim dans le monde.

Bien que le G20 lui ait fait de l'ombre, le G8 a gagné en visibilité par rapport à ces dernières années, notamment au Royaume-Uni, qui l'accueille cette année. Il a également suscité l'intérêt d'une coalition de plus de 200 ONG britanniques, qui ont se sont réunies pour former une campagne majeure, appelée IF, visant à lutter contre la faim dans le monde. Cette année, le Royaume-Uni présidera le sommet, et David Cameron vante déjà la réunion comme le "sommet du G8 le plus ambitieux jamais tenu". Il a promis de s'attaquer à trois des grands problèmes qui frappent le monde actuellement : le commerce, la fiscalité et la transparence ; et il s'est également engagé à agir contre la faim dans le monde.

Ce ne sont pour l'instant que des paroles, l'heure de vérité consistera à voir si les huit dirigeants pourront tenir promesse la semaine prochaine. Les décisions qu'ils prendront sur deux problèmes clés pourraient faire toute la différence dans la lutte contre la faim dans le monde.

L'évasion fiscale est un problème qui fait les gros titres dans la plupart des pays du G8, mais ses répercussions sur les pays en développement préoccupent moins. Chaque année, les pays en développement perdent plus de 160 milliards de dollars du fait d'un seul type d'évasion fiscale. Largement de quoi éradiquer largement la faim dans le monde. Mais cela n'est que la partie émergée de l'iceberg, puisque des centaines de milliards de dollars sont également dissimulés dans des paradis fiscaux par les pays les plus riches du monde et par les grandes entreprises. Nous demandons aux dirigeants des pays du G8 d'être plus intransigeants sur l'évasion fiscale, en changeant les règlementations qui protègent les entreprises et les individus qui ont recours aux paradis fiscaux, afin que personne ne puisse dissimuler son argent et éviter de payer des taxes sans être inquiété.

Les accaparements de terres sont un problème qui est dans le viseur depuis trop longtemps. La course pour les terres dans les pays en développement exposent les communautés vulnérables au risque de perdre leur maison, leur mode de vie et les terres dont elles dépendent pour se nourrir. Pendant ce temps, la course pour mettre en place des règlementations adéquates afin d'empêcher les accaparements de terres vient à peine de démarrer. Les entreprises et investisseurs des pays du G8 ont, depuis l'an 2000, déjà acheté dans les pays en développement une surface de terres plus grande que la superficie de toute l'Irlande. L'équivalent de toutes ces terres pourraient permettre de cultiver assez de denrées pour nourrir 96 millions de personnes. Le G8 dispose d'une occasion en or de protéger les personnes des accaparements de terres en accroissant la transparence des investissements fonciers, et en forçant ses propres entreprises à révéler les informations concernant toute transaction foncière dans lesquelles elles seraient impliquées. Vont-ils en profiter ?

Comme le montre son propre "Rapport de redevabilité", le G8 ne s'est jusqu'à présent pas illustré lorsqu'il s'agissait d'honorer ses engagements. Toutefois, ces dernières semaines, le G8 montre quelques signes d'encouragement et paraît avancer dans la bonne direction. La semaine dernière, les gouvernements se sont engagés à débourser 4,15 milliards de dollars pour s'attaquer à la malnutrition lors d'un évènement spécial sur la nutrition, et cette semaine, nous constatons que certains pays du G8 ont entrepris quelques actions en matière de fiscalité et de transparence de l'industrie extractive. Néanmoins, nous sommes encore loin d'arriver à un accord sur les terres et la fiscalité qui permettrait de venir en aide aux pays pauvres. Avec plus d'un milliard d'êtres humains vivant en situation d'extrême pauvreté et une personne sur huit qui se couchera le ventre vide ce soir, le G8 doit passer à la vitesse supérieure ces prochains jours. Oxfam suivra chaque étape du G8, demandera aux dirigeants d'agir davantage et nous partagerons bien sur avec vous les dernières infos sur le sommet !