Histoires d’aide : Alexis Nkurunziza, éclaireur public

L’aide publique au développement est un catalyseur de changement, qui permet d’améliorer les vies de millions de personnes à travers le monde. Oxfam se bat pour que les pays riches tiennent leurs promesses et fournissent une aide importante et efficace aux populations les plus vulnérables. Parce que la pertinence des programmes d’aide est parfois questionnée, Oxfam America a publié des histoires de vies qui ont été durablement changées grâce à l’aide.

Voici celle d’Alexis Nkurunziza, chercheur, défenseur des droits humains, qui fait la lumière sur les budgets publics au Rwanda.

Il y a encore quelques années, le processus budgétaire rwandais était entouré de secret. Le budget de l’Etat n’était pas publié. Il n’y avait pas de consultation. Et les citoyens ne savaient pas comment l’argent public était dépensé.

La situation serait peut-être identique aujourd’hui sans le courage et la conviction d’un homme, Alexis Nkurunziza.

L’opacité sous le feu des projecteurs

Ce chercheur et défenseur des droits de l’Homme travaillant pour le CLADHO, une fédération d’organisations des droits de l’Homme au Rwanda, a effectué des recherches qui lui ont permis de publier le Rwanda’s Open Budget Survey 2012, une note synthétisant les documents et informations budgétaires accessibles au public. S’il y a eu des progrès entre 2008 et 2010, les données 2012 révèlent que budget et activités financières ne sont toujours pas rendus publics par le gouvernement rwandais.

Les médias internationaux se sont emparés de ce rapport, ce qui a attiré l’attention des hauts responsables du gouvernement. Alexis Nkurunziza, ses collègues du CLADHO ont été reçus à plusieurs reprises par le ministre des Finances.

Un défi, à surmonter en collaboration

Malgré des épisodes très difficiles, Alexis Nkurunziza a tenu bon et a réaffirmé que seule la transparence permettrait aux citoyen-ne-s de demander des comptes au gouvernement sur l’utilisation de l’argent public. "C’était un faible prix à payer pour défendre de la bonne gouvernance et de la transparence", explique-t-il.

Ses efforts ont payé : le gouvernement rwandais a finalement accepté de publier le budget. Et les rapports tendus d’Alexis Nkurunziza avec le gouvernement sont devenus une opportunité de mieux collaborer : "Le gouvernement a reconnu les défis à surmonter, et a accepté de nous impliquer", explique Nkurunziza.

Un guide pour les citoyen-ne-s

Avec l’aide de fonds de l’aide publique au développement (USAID via le Millennium Challenge Corporation Threshold Program, puis avec le soutien de l’ONG Norwegian People’s Aid), Alexis Nkurunziza et le CLADHO ont travaillé avec le ministère des Finances et de la Planification économique du Rwanda. Ils ont rédigé le "Le budget national : Un guide pour les citoyens 2012-2013", un document qui permet aux Rwandais et Rwandais de s’informer sur le budget national et sur les façons de s’impliquer dans son élaboration et son suivi, tant au niveau national que local.

Faire entendre les voix

Le CLADHO organise également des forums dans les zones rurales et urbaines où des groupes de citoyens peuvent faire entendre leur voix sur les priorités des dépenses publiques, ce qui est essentiel compte tenu de l’écart entre les préoccupations des citoyens et celles du gouvernement. Ainsi, dans un de ces forums, Alexis Nkurunziza raconte que les citoyens réunis ont été très clairs sur leurs besoins : "Ils ont dit ’nous avons réclamé de l’eau potable pour cinq ans, mais le gouvernement a construit un marché. Nous avons déjà trois marchés.’"

Le guide budgétaire produit par le gouvernement et le CLADHO, parce qu’il est moins technique que des documents officiels, être compris par un plus grand nombre de citoyen-ne-s, ce qui permet au gouvernement de mieux répondre à leurs attentes.

Voilà pourquoi d’après Alexis Nkurunziza, le jeu en vaut la chandelle.