Indice de réduction des inégalités : comment se classe la France ?

Quels pays peuvent et doivent intensifier leurs efforts pour s’attaquer au fossé qui se creuse entre riches et pauvres ? Oxfam et le Development Finance International lancent ont lancé un nouvel indice qui mesure l’engagement des États, par la mise en place d’actions concrètes, à s’attaquer aux inégalités.

En 2015, dans le cadre des Objectifs du Développement Durable, 193 États se sont engagés à réduire les inégalités avant 2030. Les chefs d’États avaient alors reconnu l’efficacité de certaines politiques contre les inégalités, mises en œuvre avec succès par plusieurs États. Pourtant, depuis cet engagement de haut niveau, les inégalités n’ont pas diminué, bien au contraire. En 2016, les 1 % les plus riches possédaient plus de richesses que tout le reste de la population. En 2017, ces mêmes 1 % ont capté 82 % de la croissance des richesses.

Afin d’évaluer et orienter les politiques publiques mises en œuvre, Oxfam et le Development Finance International ont élaboré un indice qui mesure l’action des États en matière de lutte contre les inégalités. Cet indice repose sur trois critères reconnus comme essentiels pour réduire les inégalités : les dépenses sociales (éducation, santé et protection sociale), la fiscalité progressive et le droit du travail.

Des bons et des mauvais élèves

Le Danemark arrive 1er au classement, grâce à ses politiques fiscales parmi les plus progressives, qui taxent plus fortement ceux qui peuvent le plus contribuer. Le pays s’illustre également par un droit du travail particulièrement protecteur surtout vis-à-vis des femmes. Néanmoins, de nombreux pays en tête de classement doivent leurs bons résultats à des gloires révolues et le Danemark n’échappe pas à cette règle : les gouvernements récents ont fait marche arrière dans chacun des trois domaines de l’indice et des études récentes révèlent que les réformes de ces 15 dernières années ont conduit à un accroissement des inégalités de 20 % entre 2005 et 2015.

Parmi les pays plus pauvres, certains parviennent à respecter leur engagement de lutte contre les inégalités, malgré la faiblesse de leurs moyens. C’est le cas du Lesotho et de l’Éthiopie qui consacrent respectivement 14 et 23 % de leur budget à l’éducation. La Namibie, longtemps le pays le plus inégalitaire au monde a réussi à réduire les inégalités avec des politiques fiscales progressives, des dépenses de protection sociales élevées et l’augmentation du salaire minimum.

A l’inverse, le Nigéria se classe dernier, avec des dépenses sociales très faibles et une collecte des impôts inefficace. Des pays à plus haut revenu figurent également en bas du classement, comme Singapour qui a une politique fiscale particulièrement injuste, avec une augmentation du taux de l’impôt sur le revenu mais un plafonnement de ce taux pour les grandes fortunes.

Plusieurs pays ont choisi de réduire l’impôt sur les sociétés comme la Hongrie qui a désormais le taux le plus faible de toute l’Union Européenne ou les Etats-Unis qui ont aussi drastiquement coupé dans cet impôt. De telles mesures profitent avant tout à ceux qui sont déjà les mieux lotis et réduit les recettes que les Etats pourraient investir dans des politiques progressives qui bénéficient à tous.

La France sur une pente glissante

Depuis le milieu du XXème siècle, la France a conservé une tradition de services publics et de politiques redistributives. Après la seconde Guerre mondiale, le gouvernement a renforcé ce filet de sécurité pour les plus pauvres, avec une protection maladie universelle, une éducation obligatoire et gratuite et divers avantages sociaux, l’ensemble de ces mesures étant financé par une fiscalité progressive.

Aujourd’hui, ce modèle est remis en question par le gouvernement, en témoigne la 82ème place de la France en matière de fiscalité progressive. En effet, l’augmentation et la multiplication d’impôts régressifs à taux unique comme la CSG pénalisent les plus vulnérables. Dans le même temps, des mesures progressives comme l’impôt sur les sociétés sont attaquées, avec la baisse du taux de 33 % à 28 % en 2017, puis à 25 % dans les années à venir.

Du point de vue des dépenses sociales, la France se classe 3ème au niveau mondial, un bon classement principalement dû à l’investissement de 43 % du budget national dans la protection sociale. Cependant, là encore, ce modèle est menacé par les réformes fiscales qui impacteront négativement les recettes de l’Etat et sa capacité à fournir des services publics universels et accessibles à tous.

Le droit du travail français n’obtient que la 22ème place, loin derrière l’Allemagne qui est 4ème. Ce classement est tiré vers le bas par la faiblesse du congé paternité, qui n’est que de 11 jours, alors que d’autres pays en Europe, comme le Portugal, offrent 5 semaines de congé.

Avec ce classement, Oxfam a voulu rappeler aux États leurs responsabilités dans la lutte contre les inégalités et démontrer que les solutions existent et sont déjà mises en place par plusieurs gouvernements. Enrayer la spirale des inégalités ne dépend que de la volonté politique des gouvernements.

C’est pourquoi nous vous invitons à signer notre pétition pour qu’Emmanuel Macron s’engage pour une loi contre les inégalités.

Joignez vos forces citoyennes à cette mobilisation !