La crise contraint les pays pauvres à réduire leurs dépenses dans les secteurs sociaux

La crise financière de 2008, née du système financier des pays riches, a des effets désastreux dans les pays pauvres, en même temps que les pays riches. Dans un rapport, Oxfam révèle que la crise financière a créé un énorme gouffre financier de 65 milliards de dollars dans 56 pays à faible revenu, dont un tiers seulement a été comblé par l'aide de la communauté internationale.

Les pays pauvres ont ainsi dû réduire radicalement leurs dépenses en matière d'éducation, de santé, d'agriculture et de protection sociale. Au moment où il aurait fallu investir massivement dans les services sociaux pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement avant 2015, ces pays n'arrivent même pas à faire face aux dépenses sociales nécessaires face à la crise économique, qui plonge des millions de personnes dans une situation de pauvreté extrême. Entre 2009 et 2010, la crise a créé un énorme "trou fiscal", soit un déficit de 65 milliards de dollars dans les revenus budgétaires des pays à faible revenu. En comparaison avec les chiffres de 2008, la crise financière a réduit les revenus des pays étudiés de plus de 52 milliards de dollars en 2009, auxquels s'ajoutent plus de 12 milliards de dollars perdus en 2010 Ainsi, les revenus des pays pauvres ont diminué de 60% en 2009. Pour près de la moitié des pays analysés, les niveaux des revenus seront toujours en dessous des niveaux de 2008 d'ici la fin de l'année 2010. Pour les plus pauvres, l'impact de la crise dépend de la manière dont les gouvernements réagissent. Après avoir opéré des relances budgétaires pour combattre la crise, la majeure partie des pays à faible revenu a été contrainte de réduire les budgets alloués à un ou plusieurs secteurs sociaux prioritaires (éducation, santé, agriculture) entre 2009 et 2010. L'éducation et la protection sociale sont les secteurs les plus fortement touchés, avec des dépenses en 2010 inférieures à celles de 2008. Le Burkina Faso et le Cameroun ont tous deux réduit leurs dépenses dans l'éducation et la santé ; au Sierra Leone et en Zambie c'est l'éducation qui est particulièrement touchée par ces coupes budgétaires; enfin en Guinée-Bissau c'est le secteur de santé qui est le plus concerné. En 2010 pour les 56 pays, les budgets ont été réduits de 0,2 % du PIB en moyenne. Par ailleurs suite à la chute des recettes provenant de l'imposition des revenus des entreprises et des ménages ou des taxes douanières, les pays ont du augmenter les taxes indirectes sur la consommation, comme la TVA. Ces taxes frappent pourtant plus durement les pauvres qui les paient au même tarif que les plus riches. Par conséquent les plus pauvres pourraient être doublement victimes de la crise : ils sont à la fois victimes des coupes budgétaires dans les secteurs vitaux et de l'augmentation des impôts. De leur coté, les pays riches n'apportent pas l'aide nécessaire pour empêcher ces réductions budgétaires. En dépit des promesses du G20 et des pays donateurs qui s'étaient engagés à aider les pays pauvres à surmonter la crise, la communauté internationale a fourni seulement 8,2 milliards de dollars de subventions additionnelles en 2009 et 2010 ; bien en-dessous des sommes nécessaires pour combler le gouffre financier de 65 milliards de dollars, colmatant seulement 13% du trou fiscal. En 2010, seulement un tiers des pays étudiés devraient bénéficier d'une augmentation de subventions. Parce que la communauté internationale a réagi trop lentement à la crise et avec trop peu de moyens financiers, les trois quarts des pays à faible revenu ont dû avoir recours à des emprunts domestiques coûteux pour financer leurs dépenses en 2009. Cette situation exacerbe les risques d'endettement extérieur, mais surtout intérieur pour ces pays.

En savoir plus

– Consulter le rapport he Impact of the Global Economic Crisis on the Budgets of Low-Income Countrie (version anglaise seulement) _ Publié en juillet 2010, ce rapport, commandé par Oxfam au Development Finance International Group, examine l'impact de la crise économique sur les budgets de 2009 et 2010 de 56 pays à faible revenu, et plus particulièrement sur leurs dépenses pour atteindre les objectifs du Millénaire de développement (OMD), censées être atteints d'ici 5 ans. – oir le communiqué d'Oxfam Internationa – Lire l'article urmonter la crise dans les pays en développemen – Consulter le programme d'Oxfam France sur la [fiscalité des pays du sud->http://oxfamfrance.org/-Fiscalite-]