Taxe sur les Transactions Financières

Les populations les plus pauvres, qui sont le moins responsables de la crise économique et financière, sont celles qui en souffrent le plus.
Rien qu’en 2012, la crise financière européenne a fait perdre près de 184 milliards d’euros aux pays en développement.
La crise s’est aussi traduite par le premier recul de la solidarité internationale depuis une quinzaine d’années.
Derrière ces chiffres, sont compromis des secteurs essentiels comme l’éducation, l’alimentation, et la santé de dizaines de millions de personnes qui subissent les conséquences des dérives du secteur financier. On estime qu’en 2009 , la crise financière a poussé 50 à 90 millions de personnes dans l’extrême pauvreté.

Face à ces inégalités qui ne cessent de se creuser, de nouveaux mécanismes de financement sont aujourd’hui nécessaires, que ce soit pour lutter, par exemple, contre le changement climatique et ses conséquences, pour assurer l’accès universel aux services essentiels ou encore pour le droit à l’alimentation.

Si des systèmes innovants ont déjà fait leurs preuves, comme la taxe sur les billets d’avion, certains, comme la taxe sur les transactions financières, restent à améliorer et à universaliser.

Le secteur financier, en partie responsable de la crise, reste largement sous taxé et continue ses profits en spéculant sur les marchés financiers, au risque de créer de nouvelles crises. Aujourd’hui, près de 8000 milliards de dollars s’échangent chaque jour sur les marchés financiers, soit 67 fois le PIB mondial.

Face à de telles sommes, une taxe sur les transactions financières pourrait générer des milliards, pour soutenir la lutte contre la pauvreté et le changement climatique dans les pays en développement, tout en décourageant la spéculation.

Grâce à nos actions et à celles de nos partenaires, notamment lors d’une grande campagne internationale en 2011 qui a récolté plus de 500 000 signatures, cette taxe « Robin des Bois », qui vise à prendre l’argent chez le secteur le plus riche de la planète pour le verser aux plus pauvres, est en train de voir le jour :

  • La France a instauré en mars 2012 une taxe française sur les transactions financières. Mais, limitée aux seules actions, elle ne taxe pas les produits les plus spéculatifs, pourtant responsables de la crise financière, et ne rapportera que 600 millions d’euros par an. Nous avons calculé qu’appliquée aux actions mais aussi aux obligations et produits dérivés, elle pourrait rapporter 20 fois plus. Surtout, seule une toute petite partie revient aujourd’hui au développement et à lutte contre le changement climatique dans les pays en développement.
  • Une taxe européenne sur les transactions financières est en passe d’être instaurée par dix pays membres, dont la France. Adoptée en l’état, elle devrait rapporter près de 37 milliards d’euros et participer à la régulation du secteur financier. Autant de milliards qui doivent revenir à la solidarité internationale.

La France et l’Europe peuvent agir :

Oxfam France, avec de nombreux alliés français et internationaux, continue de défendre :

  • L’amélioration de la taxe française et l’instauration d’une taxe européenne ambitieuse sur l’ensemble des transactions financières afin de limiter la spéculation financière ;
  • L’affectation de ces nouveaux revenus à la solidarité internationale  afin d’initier le premier mécanisme international de redistribution des richesses.

La France a su, en instaurant une taxe sur les billets d’avions, donner en moyenne 160 millions d’euros par an à Unitaid qui agit pour la réduction du prix des traitements pour le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme dans 80 pays pauvres. La France et l’Europe peuvent changer d’échelle et rétablir une justice internationale en instaurant une véritable taxe Robin des Bois dès maintenant.