Transparence des entreprises : une victoire de la société civile

Aujourd’hui, la transparence et la démocratie ont remporté une victoire historique face aux injustices et à la corruption. Avec ses directives « Comptables » et « Transparence », l’Europe va mettre au pas les entreprises qui s’enrichissent grâce à l’exploitation des ressources naturelles.

Des millions de personnes vivent dans la pauvreté dans des pays pourtant riches en ressources naturelles. Pour ces populations, jusqu’à maintenant, il était impossible de savoir où allaient les sommes colossales issues de l’exploitation du pétrole, des minerais, du gaz, du bois… Désormais, il sera enfin possible de demander des comptes aux entreprises et aux gouvernements : combien rapportent vraiment les industries extractives et forestières ? Qui en bénéficie ? Où va l’argent ?

Après des années de lutte contre cette opacité aux conséquences désastreuses pour le développement des pays concernés, ces questions vont enfin trouver des réponses ! 3 ans après l’adoption par les Etats-Unis de la loi Dodd-Frank, qui oblige les entreprises cotées en Bourse à rendre publics les paiements qu’elles effectuent aux Etats dans lesquels elles extraient des ressources naturelles, le Parlement européen vient de voter un texte similaire et couvrant encore plus d’entreprises !

Les directives « Comptables » et « Transparence » vont obliger les entreprises cotées en Europe ainsi que les grandes entreprises européennes (« grande » étant défini par le chiffre d’affaire, le nombre d’employés et montant du bilan) des secteurs extractif et forestier à publier ce qu’elles versent aux Etats dans lesquels elles exploitent des ressources naturelles. Ces rapports concerneront tous les paiements supérieurs à 100 000€ (même divisés en plusieurs versements) et devront être détaillés pour chaque projet d’extraction. Il sera ainsi possible de savoir combien Areva, par exemple, verse au Niger pour l’exploitation des sites d’Arlit et, à l’avenir, d’Imouraren.

Cette victoire c’est à vous que nous la devons, elle est le fruit de 10 ans de campagnes de mobilisation, de pression sur les décideurs, d’engagement et de soutien de milliers de citoyen-ne-s à travers le monde. Merci !

Dans les prochains mois, les Etats membres de l’Union européenne devront transposer ces directives dans leurs droits nationaux. La France et le Royaume-Uni ont déclaré qu’ils souhaitaient une transposition rapide pour que ces nouvelles règles, qui renforcent le pouvoir de la société civile, puissent s’appliquer dès l’exercice fiscal 2014. Nous serons là pour rappeler les Etats à leurs engagements !