Le rôle de la migration dans l’accès à l’eau et le développement du maraîchage au Mali

On dénombre environ 260 millions de migrant·e·s à travers le monde, c’est-à-dire que 3,5 % de la population mondiale n’habite pas dans le pays dont elle est originaire. Les raisons pour lesquelles une personne est amenée à quitter son pays sont multiples : raisons économiques, poursuite d’études dans un autre pays, pour rejoindre son ou sa compagne, pour fuir une guerre. On migre parfois seul et très jeune (mineur isolé).  Le terme « migrant » recouvre donc en même temps les personnes qui souhaitent déménager dans un autre pays de façon volontaire, librement et de façon régulière, mais aussi celles qui sont forcées de quitter leur pays car leur vie ou leurs droits y sont menacés.

Contrairement aux idées reçues, les deux tiers des personnes migrantes partent vers d‘autres pays de leur région, avec un niveau de développement similaire à leurs pays d‘origine. Aujourd’hui, ce sont les migrations entre pays du « sud » qui sont majoritaires. Les migrations, grâce aux transferts de fonds que les migrants internationaux envoient à des membres de leur famille ou leur communauté dans leur pays d’origine, jouent un rôle majeur dans le développement économique des populations les plus vulnérables de la planète, particulièrement en période de crise mondiale.

L’histoire d’Aïssata, Leïla et Fatoumata lorsque la migration aide au développement

Une réalisation de Edit Chambon

Le mot de l’illustratrice

 » Ma sœur travaille pour l’aide au développement en tant que « Gender Expert » depuis plus de 10 ans. Elle est particulièrement active dans la défense des droits des femmes et a commencé par travailler au Mali durant 5 ans sur des problématiques liées à l’excision et les financements attribués aux villages. Elle m’a donc sensibilisée à ces questions au cours des échanges que nous avons eus et de mes différentes visites au Mali, notamment lors d’un séjour de 3 mois après mon diplôme d’illustratrice… À l’époque (2008), j’ai réalisé des illustrations pour son programme dont la mission était de permettre le développement de la pisciculture. 

Ce projet a donc naturellement fait écho à ce premier travail qui m’avait beaucoup plu, dans la mesure où il m’avait permis de mettre mon savoir-faire au profit d’une organisation utile à la collectivité. 

Depuis, j’ai travaillé essentiellement dans le milieu de l’édition jeunesse et de la bande dessinée en France, où j’ai également eu l’occasion de m’interroger sur les conditions de travail des femmes dans ce domaine, et la place qui leur est laissée dans les médias grand public. Ce projet m’a ainsi également motivée dans la mesure où il permet à des femmes, autrices, de soutenir d’autres femmes, ailleurs, dans des problématiques à la fois différentes et communes.

Edith Chambon

Quand la migration améliore les conditions de vie des pays à faibles revenus

Icone-rond-Oxfam

En 2019, 548 milliards de dollars ont été transférés aux quatre coins du monde, une somme qui représente plus de 3 fois l’aide publique au développement.

Les études ont montré que, pour les pays qui ont de faibles revenus, ces transferts de fonds jouent surtout un rôle considérable pour améliorer l’alimentation, aider à la scolarisation et renforcer l’accès aux soins, y compris pour les femmes. Aujourd’hui, la moitié des migrant·e·s de la planète sont des femmes. Par les transferts de fonds qu’elles réalisent, leur rôle dans l’économie familiale s’est accru. Mais cela va avoir aussi un impact plus large sur leur communauté, notamment sur l’estime que les femmes ont d’elles-mêmes et sur le renforcement de leur capacité de décision.

La migration peut donc être perçue comme synonyme d’aide au développement. Par exemple, en 2019, l’argent des migrant·e·s a représenté 9,9 % du produit intérieur brut aux Philippines, 10,5 % au Sénégal, 8 % au Togo… Au Mali, les transferts de fonds des migrant·e·s représentent environ 7 % du produit intérieur brut et permettent d’améliorer l’accès à l’eau dans les communautés, ou de développer le maraîchage dans un grand nombre de villages.

Ces transferts de fonds des migrants sont d’ordre privé, et ne sont donc pas comptabilisés dans l’aide publique au développement. Néanmoins, celle-ci peut venir les renforcer, et orienter une partie de ces flux importants, en subventionnant (“cofinançant”) les projets les plus pertinents en termes de lutte contre la pauvreté, d’égalité femme-homme ou d’adaptation au changement climatique.