Le féminisme à travers ses mouvements et combats dans l’Histoire

L’histoire des féminismes est étroitement liée aux différents mouvements et combats qui luttent pour la reconnaissance des droits des femmes, inexistants et bafoués pendant des siècles, ainsi que pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Néanmoins, l’historiographie féministe est en constante évolution tant les mouvements et combats sont hétérogènes.

Définitions : qu’est-ce que le féminisme ?

Un féminisme, des féminismes ?

On définit le féminisme comme : « un ensemble de mouvements et d’idées philosophiques qui partagent un but commun : définir, promouvoir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. »

Ou encore, on le décrit également comme « un mouvement pour l’égalité des droits juridiques, politiques, sociaux et économiques entre les femmes et les hommes » ; ou comme un « mouvement militant pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société ». Il a pour objectif de promouvoir le mieux vivre-ensemble, à travers l’égalité entre les femmes et les hommes.

Toutefois, on ne peut se contenter d’appréhender le-s féminisme-s uniquement à travers ces définitions.

Mouvements pluriels et en constante évolution, ce n’est pas un mais bien des féminismes que l’on doit envisager aujourd’hui. On abordera les féminismes au travers de l’histoire de leurs combats, de manière schématique et non exhaustive.

Les vagues féministes

On pourrait diviser les luttes et combats féministes par « vagues » successives. Selon l’historienne Bibia Pavard, dans Faire naître et mourir les vagues : comment s’écrit l’histoire des féminismes (openedition.org) : « La métaphore marine s’est désormais imposée pour distinguer une première vague féministe se déployant du XIXe siècle aux années 1930 autour de la question des droits civils et civiques, d’une deuxième vague émergeant dans les années 1960 davantage centrée sur la lutte des femmes contre le patriarcat et pour les libertés. Cette métaphore a été réactivée alors que l’on parle depuis les années 1990 d’une troisième vague et même plus récemment d’une quatrième vague depuis les années 2010 qui serait portée par l’activisme en ligne ».

Si l’utilisation de cette vague est contestée par certain-e-s militant-e-s, qui rappellent que cette histoire est centrée sur les pays occidentaux et fait fi de l’histoire des luttes féministes hors de ce contexte ; et perçue comme simplificatrice, elle permet une appropriation plus facile, comme le souligne l’autrice Aurore Koechlin dans une interview : « L’histoire des féminismes est peu connue, en grande partie parce qu’elle a été volontairement invisibilisée et oubliée. Je fais partie d’une génération qui a dû grandir en redécouvrant ce qu’avaient accompli les générations féministes antérieures, au prix d’un long apprentissage parfois difficile. Les choses sont en train d’évoluer avec un dynamisme certain du côté de l’histoire du féminisme, comme en témoigne par exemple la publication du récent ouvrage Ne nous libérez pas, on s’en charge — Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours de Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel. »

Comment les politiques publiques peuvent-elles être un outil de lutte féministe ?

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La première vague féministe : lutter pour la reconnaissance des droits civiques

On situe le début de cette première vague au milieu XIXe siècle, en partant du constat qu’en 1848, les femmes ne jouissaient d’aucun droit civique : elles n’avaient pas le droit de vote ni le droit de propriété et ne pouvaient pas non plus participer à l’élaboration des lois. Aux Etats-Unis, ce n’est qu’en 1920 que certaines femmes blanches obtiennent le droit de vote, en excluant toujours les femmes racisées.

C’est grâce au combat des suffragettes que les femmes obtiennent le droit de vote en Angleterre et il faudra attendre 1944 pour que ce droit soit accordé aux femmes en France.

La deuxième vague féministe : lutter contre le patriarcat

La seconde vague débute dans les années 1960, où de nombreuses féministes entendent renverser l’oppression patriarcale. Elles revendiquent l’égalité sociale (égalité de salaire, droit à un compte bancaire, droit à une éducation égale) et luttent pour obtenir le droit des femmes à disposer de leurs corps (« droit de contrôler leur utérus » et médiatisation autour des violences patriarcales).

La publication de Betty Friedman aux Etats-Unis, The Feminine Mystique, est considérée comme l’une des sources de cette seconde vague, en revendiquant que les femmes ne s’occupent pas seulement des tâches ménagères ni des questions de mariage. Ces combats sont néanmoins centrés autour de mouvements occidentaux, et il est nécessaire de rappeler que toutes les femmes n’ont pas accès aux mêmes droits, comme l’expose Françoise Vergès dans son ouvrage Un féminisme décolonial. Ce féminisme vise à atteindre la convergence des luttes, à la fois contre le sexisme, le racisme, le capitalisme, l’impérialisme. Il dénonce aussi les reliquats de l’idéologie coloniale qui structurent la société.

La troisième vague féministe : lutter pour les libertés

La troisième vague féministe identifiée dans les années 1990 regroupe des revendications hétérogènes, menées par des femmes aux parcours, cultures, origines, genre, orientations sexuelles différent-es. Néanmoins, elle permet de rendre visibles des femmes jusqu’alors invisibilisées dans l’histoire des féminismes et de leurs combats, en mettant en avant l’intersectionnalité des discriminations subies par les femmes.

Le terme d’intersectionnalité, né sous la plume de la juriste afro-américaine Kimberlé Crenshaw en 1989 dans son oeuvre Demarginalizing the Intersection of Race and Sex : A Black Feminist Critique of Antidiscrimination Doctrine, Feminist Theory and Antiracist Politics montre à quel point des femmes, en tant que femmes et en tant que minorités, subissent d’autres discriminations que celles basées sur le genre : racisme, transphobie, sexisme, homophobie, lesbophobie, grossophobie, validisme… Du fait de ces multiples discriminations, chaque système de domination qui les met en place doit être combattu.

A la même époque, Judith Butler, dans Gender Trouble, publié en 1990, a exposé les différences entre sexe et genre, afin de rendre visibles les combats autour la transidentité, soit le fait d’avoir une identité de genre différente du sexe assigné à la naissance.

La quatrième vague féministe : lutter avec des nouveaux modes de communication

Au début des années 2010, la quatrième vague féministe, qui est parfois perçue et appréhendée comme la deuxième partie de la troisième vague est une vague « numérique », est étroitement liée à l’essor des nouveaux modes de communication et au développement des réseaux sociaux.

Cette vague dénonce, entre autres, les violences sexistes et sexuelles, le harcèlement moral, sexuel. C’est également l’apparition du « JE » dans les combats féministes, avec de nombreux témoignages personnels, qui visent à sensibiliser les jeunes générations, à déconstruire des stéréotypes de genre et à créer de nouveaux modes d’expression, de nouvelles identités.

Sur les violences intrafamiliales et conjugales plus particulièrement, des mouvements féministes, tels que Ni Una Menos en Argentine, No Una di Meno en Italie, le collectif #NousToutes en France, se sont créés dans de nombreux pays autour des féminicides, violences extrêmes de genre, et se sont massifiés avec l’arrivée d’une nouvelle génération militante à la suite du mouvement #MeToo. Ces différents mouvements ont également largement contribué à imposer les « féminicides » dans le débat public.

Plus récemment, les collages dénonçant les violences faites aux femmes constituent une nouvelle forme d’engagement dans la lutte pour les droits des femmes et une manière de se réapproprier l’espace public.

Nous n’avons pas fini de lutter pour la reconnaissance des femmes et minorités de genre !

Livres et podcasts féministes :