Crise des réfugiés : toujours aucun progrès de la communauté internationale

Il y a un an, jour pour jour, à l’initiative du président Barack Obama, les dirigeants mondiaux se réunissaient à New-York pour prendre des engagements forts afin de répondre à la crise mondiale des réfugiés. Sauver des vies, protéger les populations, partager la responsabilité à l’échelle mondiale, tels étaient les grands objectifs fixés. Un an après, le résultat est pitoyable. La communauté internationale a échoué à réaliser des progrès significatifs pour atteindre ces objectifs et répondre à l’urgence de la crise.

La déclaration, adoptée en septembre dernier, réaffirmait la responsabilité de tous les pays envers les réfugiés et établissait un délai de deux ans pour faire de ces engagements une réalité. Douze mois après, l’absence d’amélioration dans la prise en charge mondiale de la crise des réfugiés est à déplorer.

Dans de nombreuses parties du monde, les lois et les pratiques discriminatoires envers les personnes réfugiées et migrantes persistent, et aucuns signes majeurs ne laissent penser que les dirigeants aient traduit leurs engagements de New-York en mesures concrètes. Alors qu’une année s’est déjà écoulée, sur les deux ans donnés pour trouver une solution à la crise, les experts craignent que cette opportunité précieuse ne soit gâchée et qu’aucune solution réelle ne soit trouvée d’ici 2018.

Winnie Byanyima, Directrice exécutive d’Oxfam International, est présente à l’Assemblée Générale des Nations Unies pour faire entendre la voix des millions de personnes forcées de fuir, et défendre leurs droits. “L’opportunité ouverte l’année passée est en train de se refermer. 65 millions de personnes à travers le monde ont été forcées de fuir leurs foyers ; le pire est que la moitié d’entre elles sont des enfants. La communauté internationale – et surtout les pays les plus riches – ne peuvent pas juste souhaiter que cette souffrance disparaisse, ou prétendre qu’il n’existe pas de solution mondiale. Il est temps qu’ils prennent des mesures concrètes pour de réelles avancées dans la réorganisation du système mondiale d’accueil des réfugiés. Plus ils attendront, plus ce sera difficile. »

Oxfam exhorte les pays à rapidement suivre l’agenda ambitieux qui avaient été établi lors de la Déclaration de New-York. Il est nécessaire de travailler ensemble, de manière transparente, pour créer un mécanisme permettant de partager la responsabilité envers les réfugiés de manière équitable, d’ici 2018.

Ce mécanisme doit avant tout établir la responsabilité de chaque pays dans l’accueil, la protection et le soutien des personnes réfugiées et déplacées. La dernière évaluation d’Oxfam mettait en effet en lumière des contrastes flagrants dans la prise en charge des personnes en recherche de sécurité : les 6 pays les plus riches accueillent aujourd’hui moins de 9% des personnes réfugiées. Dans le même temps, des pays tels que l’Ouganda ou le Liban ont ouvert leurs portes à des millions de réfugiés. Malgré des demandes claires et concrètes de réinstallation et de soutiens financiers, la réponse de la communauté internationale reste encore clairement insuffisante.

“Les pays les plus pauvres de la planète ne peuvent pas et ne devraient pas continuer à porter tout le poids de cette crise. En tant que pays riches, détenant la plus grande partie des richesses de la planète, refuser de faire face à ces responsabilités est un scandale moral », déclare Winnie Byanyima. « L’Allemagne et la Turquie ont lancé des appels forts pour partager de manière plus coordonnée et équitable la responsabilité et cette charge, tout comme l’Inde et l’Arabie Saoudite. Les autres pays devraient suivre leur exemple. »

Il est aujourd’hui urgent d’agir. Oxfam alerte sur l’hostilité croissante envers les personnes réfugiées et migrantes. La multiplication des conflits violents augmente chaque jour le nombre de personnes sur les routes de l’exil.

Plus d’un million de sud-soudanais sont arrivés en Ouganda. Alors que 80% d’entre eux sont arrivés l’année passée, la communauté internationale n’a contribué qu’à moins du quart des 2 milliards de dollars dont le pays a besoin pour répondre aux besoins humanitaires et de développement.

2017 est en voie d’être l’année la plus mortelle pour les réfugiés et les migrants traversant la méditerranée, à la recherche de sécurité ou d’opportunité en Europe. Au mois d’août, on dénombrait déjà plus de 2 400 morts depuis le début de l’année. Il y a eu, par ailleurs, une augmentation de 17% des décès à la frontière sud des Etats-Unis.

Des centaines de milliers de personnes ont fui vers le Bangladesh pour échapper à la violence au Myanmar, avec aucune solution en perspective.

Le conflit syrien continue de faire rage – des millions de personnes déplacées, forcés de fuir la guerre, quittent le pays sans le soutien ni la protection nécessaire.

“Trouver un accord mondial au sein des Nations-Unies est la seule solution – nous ne pouvons pas gaspiller cette opportunité sans précédent. Ne pas tenir les promesses de la Déclaration de New York porterait un nouveau coup aux millions de personnes qui ont fui les conflits, la persécution et la violence. Nous leur devons mieux que ça », conclut Winnie Byanyima.

Plus de 400 000 citoyens se sont engagés aux côtés d’Oxfam pour faire entendre cet appel à la solidarité aux dirigeants mondiaux, réunis actuellement à l’Assemblée générale des Nations-Unies. Il est temps d’entendre leurs voix et celle des 65 millions de personnes contraintes de fuir.

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