La Corne de l’Afrique est confrontée à l’une des plus graves sécheresses du monde, après trois mauvaises saisons des pluies consécutives. Cette sécheresse alarmante menace l’agriculture et l’élevage, menace les moyens de subsistance de toute la région. Déjà dans une situation très difficile au départ, la sécheresse pousse des millions d’habitant.e.s dans un risque aggravé de malnutrition : 44.7 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence en Ethiopie, au Kenya, au Soudan du Sud et en Somalie. Oxfam, déjà présente dans la région, intensifie sa réponse face aux besoins.
La Corne de l’Afrique, confrontée à l’une des plus graves sécheresses de son histoire
La Corne de l’Afrique est confrontée à une alarmante sécheresse, après trois mauvaises saisons des pluies consécutives, tandis que le Soudan du Sud a subi une cinquième année consécutive de graves inondations. C’est toute la région qui est menacée, notamment l’agriculture et l’élevage. Des millions d’habitant.e.s risquent la malnutrition.
A l’heure actuelle, on estime que :
- près de 23 millions de personnes sont en situation d’extrême insécurité alimentaire;
- plus de 44.7 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire;
- rien qu’en Somalie, plus de la moitié de la population a besoin de soutien ;
- au Soudan du Sud, plus de 70 % de la population est en situation de besoin humanitaire.
Impacts de la crise en Ukraine
L’attention portée à cette crise est faible, malgré des besoins croissants, malgré un sous financement de la réponse, et malgré les impacts que la crise en Ukraine va avoir. Notamment en ce qui concerne la réponse alimentaire et l’acheminement d’aliments, les impacts de la situation en Ukraine vont se faire sentir bien au-delà de ses frontières. Elle va limiter d’une part l’approvisionnement des acteurs humanitaires, comme le Programme alimentaire mondial qui a déjà lancé l’alerte, et augmenté les prix des aliments. Un total de 4,4 milliards de dollars est nécessaire pour fournir une aide vitale aux personnes touchées en Éthiopie, au Kenya, au Soudan du Sud et en Somalie.
L’État de catastrophe déclaré au Kenya et en Somalie
Le Kenya et la Somalie ont déclaré l’état de catastrophe nationale (respectivement en septembre et en novembre 2021) et demandent l’aide de la communauté internationale.
Le bétail – moyen de subsistance essentiel dans cette région- meurt en masse. Au Kenya, pas moins de 1,4 million de têtes de bétails ont péri, selon l’Autorité nationale de gestion de la sécheresse (NDMA).
La crise va certainement s’aggraver jusqu’en juin et au-delà. Même si les pluies de mars-avril-mai 2022 sont moyennes ou supérieures à la moyenne, on s’attend à ce que 7 à 11 millions de personnes restent dans une crise d’insécurité alimentaire voire de famine au Kenya, en Éthiopie et en Somalie, jusqu’en septembre 2022.
Oxfam, déjà présente dans la région, intensifie sa réponse
Face aux besoins humanitaires dans la région, la confédération Oxfam, déjà présente dans la région depuis plus de 50 ans, intensifie sa réponse au Kenya, en Ethiopie, en Somalie et au Soudan du Sud auprès de 1 323 000 personnes vulnérables.
Grâce à nos équipes et nos partenaires locaux, nous allons :
- assurer l’accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement;
- renforcer la résilience des ménages vulnérables touchés par la sécheresse pour répondre à leurs besoins de base;
- apporter une aide alimentaire d’urgence (en nature ou en espèces);
- renforcer les moyens de subsistance locaux d’urgence.
Nos actions dans la Corne de l’Afrique à ce jour
- Somalie: à ce jour, nous avons porté assistance à 261 898 personnes au Somaliland, au Puntland et dans le centre-sud de la Somalie. Notre réponse, à 60% mise en œuvre avec des partenaires locaux, est multisectorielle : protection, garantir l’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement, et renforcer les moyens de subsistance. Mais en même temps que nous accentuons notre réponse d’urgence, nous redoublons d’efforts pour renforcer la résilience face aux catastrophes cycliques en Somalie et l’approche de solutions durables.
- Ethiopie: dans le Nord, les régions du Tigré, de l’Amhara et l’Afar sont touchées par le conflit, la population affectée est de 9,4 millions de personnes. À ce jour, nous avons porté assistance à 105 296 personnes à travers des programmes WASH (eau, hygiène et assainissement), alimentaires d’urgence (en nature ou en espèces) et de protection.
- Kenya: à ce jour, nos programmes au Kenya ont permis de venir en soutien à 40 000 personnes. Notre réponse vise à garantir ses droits fondamentaux, à réduire les impacts des conflits liés aux ressources disponibles limitées et à améliorer la capacité de résilience des foyers plus vulnérables, touchés par la sécheresse. Nous mettons en place des programmes des transferts monétaires et WASH à Garissa, Tana River, Isiolo, dans les comtés de Marsabit, Samburu, Turkana, Wajir et Mandera.
- Soudan du Sud: Oxfam a porté assistance à plus de 400 000 personnes sur l’ensemble de nos sites opérationnels, dans l’État de Jonglei (Akobo, Pibor) et l’État des Lacs (Rumbek, Yirol), mais les besoins augmentent. Nous allons intensifier nos actions pour atteindre 130 000 personnes supplémentaires. Notre réponse comprend des programmes d’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement, le renforcement des moyens de subsistance (en espèces et bons alimentaires d’urgence).
Sécheresses, catastrophes climatiques… des phénomènes exacerbés par les changements climatiques
La région de la Corne d’Afrique est touchée par les conséquences des changements climatiques, mais n’est pas la seule. Dans la région d’Afrique de l’Est, des cyclones plus nombreux et plus puissants ont contribué l’année dernière à des invasions sans précédent de criquets pèlerins qui ont grandement perturbé les chaînes alimentaires et limité la disponibilité et l’accès physique et financier à des denrées alimentaires pour des millions de personnes dans la Corne de l’Afrique et au Yémen.
Par ailleurs, cette augmentation de l’intensité et de la fréquence des catastrophes liées aux changements climatiques provoque aussi des déplacements de populations. Que ce soit à cause des ouragans ou tempêtes, à cause de la montée du niveau de la mer, ou de phénomènes lents mais constants de sécheresse dans la corne de l’Afrique et au Sahel central, cette sécheresse est inévitablement liée à l’insécurité alimentaire, aux tensions entre communautés pour le partage des ressources naturelles et aux conflits et aux déplacements forcés de ses habitant.e.s.
