G8 2011 : assez de promesses !

Les 26 et 27 mai, le G8 s’est réuni à Deauville, sous la présidence de la France. Pour Oxfam France, les pays les plus riches n’ont aucune légitimité pour gouverner le monde et les enjeux internationaux doivent être traités dans les instances représentatives de tous les États, telles que les Nations unies. Mais les G8 et G20 restent des moments de décisions et de prises de positions politiques. Oxfam France et toute la confédération Oxfam se sont donc mobilisées, comme chaque année depuis la création de ces sommets.

Un bilan mitigé

Une fois de plus, le G8 a déçu, en publiant un communiqué final en demi-teinte, sans engagements concrets…

Sur les chiffres des précédents engagements Sur les 50 milliards promis pour lutter contre la pauvreté en 2005 à Gleneagles, l’OCDE estime qu’il en manque 19. En amont du sommet, le G8 a publié un « rapport de redevabilité » qui manipule les chiffres pour faire apparaitre 49 milliards prétendument dépensés, qu’il « entérine » dans sa déclaration finale. _ « A Deauville, 19 milliards de dollars peuvent être équivalents à 1,27 milliards mais dans la vraie vie, il y a une différence que des millions de personnes parmi les plus pauvres apprécieront. » _ Luc Lamprière, directeur général d’Oxfam FrancePartenariat de Deauville Le G8 a « réaffirmé » son partenariat avec l’Afrique et lancé le « partenariat de Deauville » avec le Moyen Orient et l’Afrique du Nord. _ « A moins que le G8 ne s’engage à également honorer ses engagements financiers existant contre la pauvreté, ses nouvelles promesses en soutien au printemps arabe pourraient s’avérer à moitié vides, comme les précédentes. » _ Luc Lamprière, directeur général d’Oxfam FranceTransparence des industries extractives Si le G8 parle de transparence des paiements versés aux Etats par les compagnies minières, pétrolières et gazières, il laisse la porte ouverte à des publications volontaires. _ « En soutenant la publication ’obligatoire ou volontaire’ des paiements effectués par les compagnies pétrolières, gazières et minières aux gouvernements, le G8 a réussi à transformer une réelle opportunité en un oxymore » _ Mamadou Biteye, directeur d’Oxfam en Afrique de l’Ouest

… Mais les messages d’Oxfam entendus et repris dans la presse

Le Monde, Libération, Le Figaro, Les Echos, L’Express, L’Humanité… Mais aussi radios et télévisions, presse locale et internationale : les actions d’Oxfam mettant en scène les « Grosses têtes » du G8, caricatures en papier mâché des chefs d’Etat du sommet ainsi que nos messages ont eu un bel écho médiatique toute la semaine du G8 !

Voir la revue de presse complète des actions et messages d’Oxfam dans les médias autour du G8

Communiqués de presse

G8 : un communiqué à la normande : pour Oxfam le G8 perd en crédibilité en publiant une déclaration dénuée de toute décision concrète. 27 mai 2011Transparence des industries extractives : les pays du G8 encore loin de répondre aux espoirs des populations des pays du Sud, communiqué publié avec le CCFD-Terre Solidaire, Dynamiques citoyennes et le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar. 27 mai 2011Le G8 doit rendre contraignante la transparence des compagnies minières, pétrolières et gazières : Oxfam demande aux pays du G8 de rendre obligatoire la publication, pays par pays et projet par projet, des paiements des entreprises du secteur extractif. 26 mai 2011Le G8, un simple ‘social network’ ? : à quelques heures de l’ouverture du G8 à Deauville, Oxfam appelle les chefs d’Etats qui y participent à assumer leurs responsabilités par rapport à leurs engagements passés et à prendre des décisions concrètes. 25 mai 2011La double comptabilité des engagements du G8 : dans un rapport de « redevabilité », le G8 affirme avoir dépensé 49 des 50 milliards promis en 2005 à Gleneagles. Un tour de passe-passe et des calculs douteux explique Oxfam France. 18 mai 2011

La mobilisation autour du sommet

A l’occasion du G8, des membres d’autres affiliés sont venus grossir les rangs de la délégation Oxfam au sommet. _ La mobilisation a commencé dès le week-end précédent le G8, avec le contre-sommet et la participation notamment de groupes locaux d’Oxfam France au contre-sommet du G8 au Havre. _ La semaine du G8, c’est devenu une tradition chez Oxfam, les « Grosses têtes » en papier mâché, représentant les dirigeants du G8, étaient aussi de la partie…


 

 

 Vendredi 27 mai, alors que le sommet de Deauville touchait à sa fin et à Paris, les Grosses têtes ont posé devant le Moulin Rouge, montrant le G8 tel qu’il est : un spectacle, sans décision concrète.
Mercredi 24 mai, la veille du sommet de Deauville, ce G8 en papier mâché a préféré se retrouver sur le Champ de mars, pour un déjeuner ambiance macarons et champagne plutôt que de se pencher sérieusement sur les questions de sécurité alimentaire mondiale.
Lundi 21 mai, à Paris, c’est autour d’une table de poker que Sarkozy, Obama, Merkel, Medvedev et leurs homologues se sont réunis, pour une partie de bluff sur leurs engagements lors des précédents sommets.
Oxfam France est membre de la coalition G8-G20, qui réunit trente-quatre organisations citoyennes – associations, syndicats, mouvements sociaux et citoyens. _ Un contre-sommet a eu lieu au Havre les 21 et 22 mai. – Une délégation d’Oxfam France était présente à la manifestation, pour porter notamment le message de la campagne Taxe Robin des Bois.

Les demandes d’Oxfam France

Oxfam était présente lors de ce sommet pour faire entendre sa voix ! Pour nous, cette rencontre était l’occasion pour nous de demander des comptes aux pays les plus riches sur les engagements pris mais aussi de faire avancer nos demandes en matière de régulation de la finance ou de financement climat…

1. Redevabilité sur les engagements pris lors des précédents sommets : Les promesses non tenues s’accumulent : | -** A Mukoska, en 2010, 5 milliards de dollars sur cinq ans ont été promis pour l’amélioration de la santé maternelle et infantile -**A L’Aquila, en 2009, 22 milliards de dollars sur 3 ans pour la sécurité alimentaire et l’aide à l’agriculture ont été annoncés : 2 ans plus tard, alors que les prix des denrées alimentaires atteignent les mêmes niveaux qu’en 2008, Oxfam estime que seuls 4 milliards additionnels ont été dégagés! -** En 2005, à Gleneagles, le G8 s’était engagé à augmenter de 50 milliards de dollars l’aide publique au développement d’ici à 2010, dont la moitié consacrée à l’Afrique.
_ Dans un rapport de « redevabilité » publié le 18 mai, le G8 affirme avoir déboursé 49 milliards. L’OCDE, de son côté n’en compte que 31. Le G8 manipule les chiffres dans « une opération de camouflage bien embarrassante pour le G8 et insultante pour les populations les plus pauvres » d’après Sébastien Fourmy, directeur du plaidoyer d’Oxfam France.  2. Taxe Robin des Bois : Une micro-taxe sur les transactions financières qui pourrait lever des centaines de milliards de dollars pour lutter contre la pauvreté et contribuer à réguler la spéculation.|
Près de 30 000 personnes ont déjà signé la pétition en faveur d’une « Taxe Robin des Bois » ; 1000 économistes se sont également prononcés en faveur de cette taxe, de même que le Parlement et le Conseil européen. _ Pour Oxfam, la France, qui s’est prononcée en faveur de la taxe sur les transactions financières, aurait dû profiter du G8 pour passer aux actes et entraîner dans son mouvement d’autres Etats du G8. – Le site de la campagne Taxe Robin des Bois, menée par Oxfam France avec Aides Coalition + et Attac 3. Financements Climat : Le sommet de Cancùn en décembre dernier a permis de sortir les négociations climat du coma, mais une nouvelle ambition politique est nécessaire pour arriver à un accord global. |
Après l’échec douloureux de Copenhague, le sommet de Cancùn en décembre dernier a permis de sortir les négociations sur le climat de l’impasse, avec l’annonce de la création d’un Fonds Climat et un accord sur l’objectif de limiter le réchauffement à un maximum de 2°C. _ Avant le prochain sommet sur le climat à Durban (28 novembre – 9 décembre), les Etats du G8 doivent confirmer la direction prise avec les conclusions du sommet de Cancùn et s’engager maintenant fermement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ils doivent prendre position pour un cadre international contraignant et ne pas se contenter d’une approche volontaire.
– Oxfam demandait aussi aux Etats du G8 _ – D’adopter des législations obligeant les industries extractives à faire preuve de plus de transparence sur les impôts qu’elles paient. _ – De se pencher sur les questions de sécurité alimentaire et de volatilité des prix. _ – D’honorer ses engagements de verser 5 milliards pour la santé maternelle.

Pour aller plus loin

G8/G20 : quelle place pour les questions agricoles ?, 9 mai 2011 _ › A qui doit profiter l’aide ?, rapport d’Oxfam qui démontre que les pays donateurs consacrent de plus en plus d’aide aux pays qu’ils considèrent stratégiques politiquement et militairement, février 2011 _ › Réparer deux injustices, rapport d’Oxfam pour un Fonds mondial pour le climat, novembre 2010 _ › Ensemble, remettons la finance dans le bon sens, dossier complémentaire de la campagne pour une Taxe Robin des Bois, février 2011| – Consulter les positions de l’AMCP (Action mondiale contre la pauvreté) et de Coordination Sud, dont Oxfam France est membre, et plus particulièrement les fiches sur la taxe sur les transactions financières, les paradis fiscaux et le soutien à l’agriculture paysanne.