Oxfam France, 25 ans d’engagements : le témoignage de Jean-Marie Fardeau, l’un des fondateurs d’Agir Ici

Cette année, Oxfam France fête ses 25 ans. 25 ans d'engagements, 25 ans de mobilisations pour un monde plus juste sans pauvreté. Pour remercier tous nos donateurs, bénévoles, adhérents, militant-e-s qui nous ont accompagné toutes ces années et continuent à nous soutenir aujourd'hui, nous leur donnons la parole tout au long de l'année 2013.

Chaque mois, découvrez les personnes qui partagent avec nous les valeurs du réseau Oxfam : citoyenneté active, conviction que la pauvreté n'est pas une fatalité et qu'elle peut être combattue par la volonté politique des décideurs et la mobilisation de citoyens éclairés et indignés contre les inégalités.

Jean-Marie Fardeau, un des fondateurs d'Agir Ici

En 1988, Jean-Marie Fardeau a fait partie de la poignée de militants, que certains ont qualifié de doux rêveurs, bien décidés à changer le monde qui ont créé Agir Ici. Il a ensuite rejoint le CCFD – Terre Solidaire et est maintenant directeur du bureau français de Human Rights Watch.

Oxfam France a 25 ans cette année, quel regard portez-vous sur ces 25 ans d'actions ?

Je suis heureux de voir Oxfam France aussi dynamique et engagée sur des causes qui méritent d'être connues des citoyens, des médias et bien sûr des décideurs. Je me réjouis de voir que l'association s'est structurée, renouvelée, et que l'équipe salariée semble toujours aussi motivée par le projet associatif.

La participation à la famille Oxfam International représente beaucoup pour moi puisqu'en 1986, lorsque nous discutions du lancement d'une nouvelle association, spécialisée dans l'interpellation des décideurs par les citoyens sur les questions Nord-Sud, nous étions allés rencontrer Oxfam Grande Bretagne, Oxfam Solidarité en Belgique, Oxfam Québec… Ces organisations avaient plusieurs longueurs d'avance et nous rêvions de pouvoir créer quelque chose de ce type dans l'Hexagone.

Pourriez-vous revenir en quelques mots sur la naissance de l'association en 1988 ?

Avec plaisir… mais il faudrait des pages et des pages ! La création d'Agir ici pour un monde solidaire, comme s'appelait alors Oxfam France, a reposé sur la volonté d'une belle équipe d'une dizaine d'amis qui travaillaient dans plusieurs ONG et qui ont pensé nécessaire de créer une association spécialisée dans le plaidoyer citoyen sur les questions Nord-Sud. Nous voulions réaffirmer qu'une partie des problèmes rencontrés par les populations parmi les plus pauvres du monde, prenaient leurs racines dans les pays dits "riches".

La première campagne sur les exportations de déchets toxiques de l'Europe vers l'Afrique illustrait bien notre projet. Agir Ici a commencé tout petit, avec les dons de quelques dizaines de personnes, et un don décisif d'Antoine Duchemin, alors président de la Convention des actionnaires de Nestlé, un groupe remarquable d'actionnaires qui posent des questions dérangeantes lors des Assemblées générales… Agir ici doit une fière chandelle à Antoine Duchemin.

Que souhaitez-vous à Oxfam France pour cet anniversaire et les prochaines années ?

Je souhaite à Oxfam France de rester le poil à gratter de la politique menée par la France, l'Union européennes et encore les entreprises transnationales à l'égard des pays du Sud.

Oxfam France conserve une place unique dans le paysage associatif français. Même si quasiment toutes les ONG font désormais du plaidoyer, Oxfam France dispose d'une légitimité et d'une expérience remarquables… Des lauriers sur lesquels, j'en suis sûr, Oxfam ne se reposera pas et veillera à toujours innover pour être plus efficace et percutante !

Un résultat, une rencontre ou une campagne vous a-t-elle particulièrement marqué ? Une petite anecdote ?

Il y en a tellement… En 1994, la France accueillait un 18ème sommet France-Afrique à Biarritz. Nous en avions assez de voir les mêmes têtes de dictateurs sur les photos officielles, et avons demandé aux citoyens membres du réseau d'envoyer une carte postale sur laquelle figurait la photo officielle du précédent sommet en ajoutant des croix rouges sur les visages de ceux que nous ne voulions plus voir reçus avec les honneurs en France. Je me souviens avoir été convoqué au Quai d'Orsay où un diplomate m'a expliqué que notre campagne était malvenue et excessive… ce qui nous incita bien sûr à lui donner encore plus de publicité !