Oxfam France, 25 ans d’engagements : le témoignage de Patrice Sanon, d’une ONG partenaire

Cette année, Oxfam France fête ses 25 ans. 25 ans d’engagements, 25 ans de mobilisations pour un monde plus juste sans pauvreté. Pour remercier tous nos donateurs, bénévoles, adhérents, militant-e-s qui nous ont accompagné toutes ces années et continuent à nous soutenir aujourd’hui, nous leur donnons la parole tout au long de l’année 2013.

Chaque mois, découvrez les personnes qui partagent avec nous les valeurs du réseau Oxfam : citoyenneté active, conviction que la pauvreté n’est pas une fatalité et qu’elle peut être combattue par la volonté politique des décideurs et la mobilisation de citoyens éclairés et indignés contre les inégalités.

Patrice Sanon, de l’ONG ODSAD, partenaire d’Oxfam France

ODSAD est l’Organisation pour le Droit à la Santé et au Développement, basée au Burkina Faso, avec qui Oxfam France travaille sur les questions de santé.

Comment avez-vous connu Oxfam France ?

J’ai connu Oxfam par l’intermédiaire d’une amie, Pauline Londeix, alors présidente d’Act Up Paris, qui m’a mis en contact avec Marame Ndour, responsable de plaidoyer Santé à Oxfam France. Tout est parti de la volonté commune d’Oxfam et d’ODSAD de défendre les droits socio-économiques et culturels des personnes et pour ce faire de faire entendre nos messages de plaidoyer au niveau international.

Depuis ce premier contact avec Marame, nos échanges nous ont prouvé que nous partagions une même vision, orientée vers de meilleures politiques de développement et de protection des populations. Par la suite, j’ai également été en contact avec Charlotte Soulary, qui travaille aussi sur les questions de santé à Oxfam France et ce fut l’affermissement de notre collaboration, avec des actions concrètes sur le terrain.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur votre travail en partenariat avec Oxfam France ?

Oxfam et ODSAD travaillent ensemble sur la couverture santé universelle. Notre objectif est, entre autres, de mener des actions de plaidoyer pour convaincre les responsables politiques que la couverture santé universelle doit figurer parmi les prochains Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

Par ailleurs, nous sommes intervenus sur les antennes de RFI, dans l’émission « Votre Santé ». Nous sommes également allés ensemble sur le terrain (dans deux villages de la province des Hauts Bassins au Burkina Faso, et dans plusieurs centres de santé et de promotion sociale à Ouagadougou), pour comprendre les réalités des populations en matière d’accès aux soins.

D’autre part, nous sommes allés à Dakar, participer à un colloque international sur les inégalités sociales en santé où nous avons pu témoigner des réalités auxquelles les populations font face, en matière d’accès aux soins.

Une action menée avec Oxfam vous a-t-elle particulièrement marqué ?

La mission conjointe de Oxfam et ODSAD au Burkina Faso pour explorer le contexte et les actions menées en matière de protection sociale au Burkina Faso, a été très déterminante pour moi dans notre partenariat avec Oxfam. Elle a permis de toucher du doigt les réalités des populations en matière d’accès aux soins de santé. Il existe de nombreuses initiatives locales, par exemple des groupements de femmes qui développent elles-mêmes des programmes ; des femmes qui achètent des moto ambulances avec le produit de leurs activités génératrices de revenu, qu’elles mettent à disposition du centre de santé et de protection sociale ; des femmes qui accompagnent le personnel de santé dans l’offre de soins… Le personnel de santé manque de moyens (rupture de médicament, manque de matériel adapté…) pour assurer pleinement ses tâches. Ce qui permet de mesurer l’écart entre les politiques de santé telles que promues par les responsables politiques et dans le discours politicien, et leur mise en œuvre sur le terrain.

Cette mission permet aujourd’hui à Oxfam et à ODSAD de communiquer sur la base de constats issus d’observations directes dans les centre de santé et de protection sociale, de participations à des « causeries » avec les populations des villages et des villes, des échanges avec le personnel de santé, avec les acteurs terrains travaillant sur la question de l’accès aux soins.

Ces rencontres et ces témoignages, analyse faite, mettent en évidence que le combat pour la couverture santé universelle nécessite de véritables engagements des acteurs de la société civile, en premier lieu pour informer les populations sur les droits et à leur apprendre à les revendiquer. Il s’agit ensuite pour les acteurs de la société civile de jouer pleinement leur rôle qui est également d’analyser et de suivre la mise en œuvre des politiques de santé au Burkina Faso, d’éclairer et d’accompagner les décideurs, de les interpeller sur les insuffisances des politiques.

Que souhaiteriez-vous à Oxfam France pour cet anniversaire et les années à venir ?

Pour cet anniversaire, il serait intéressant pour Oxfam de mesurer l’impact de ses actions, et les progrès qui ont pu en découler. Cela lui permettra d’adapter sa stratégie s’il y a lieu et sans doute de se projeter d’autant plus efficacement pour les années à venir. Par ailleurs, je souhaite que l’engagement des acteurs d’Oxfam s’amplifie d’avantage et que ses liens se renforcent avec ses partenaires dans d’autres pays. Cela lui permettra de mener un plaidoyer encore davantage basé sur les réalités de terrain et de peser d’autant plus sur les politiques pour des changements en faveur de la protection des droits humains dans tous ses domaines d’actions.

Oxfam France a 25 ans cette année, quel regard portez-vous sur ces 25 ans d’actions ?

Bien que ne connaissant réellement Oxfam que depuis trois ans, je trouve qu’elle a su construire et défendre sa vision et ses missions. Elle a su s’imposer en tant qu’interlocuteur des politiques et défenseur des droits des personnes en France et dans le monde.