Pas de crash pour les banquiers : des bonus et rémunérations toujours en hausse en 2015

Alors que les conséquences de la crise financière se font encore sentir, le niveau des rémunérations des plus hauts dirigeants des banques internationales est loin d’aller dans le sens d’une moralisation et d’une régularisation de la finance. 

Les récents rapports d’activités des principales banques françaises dévoilent en effet le détail des rémunérations perçues au titre de l’exercice 2015. Loin de connaître la crise, celles-ci s’envolent avec une croissance à deux chiffres, grâce à des bonus toujours plus faramineux, une tendance observée depuis 2012. Au total, Société Générale, BNP Paribas et Natixis comptabilisent à elles-seules 368 banquiers millionnaires. Soit 91 de plus en un an[1].

Les dirigeants et « preneurs de risques » de la BNP Paribas et de la Société Générale sont les mieux lotis en cette année 2016, suivis de près par la banque d’investissement du groupe BPCE, Natixis. Les rapports d’activités du Crédit Agricole et du Crédit Mutuel-CIC n’étant pas encore parus, l’évolution des rémunérations perçues restent inconnues.

Jackpot à la direction

Les instances dirigeantes des principales banques françaises voient leurs salaires s’envoler. La rémunération globale du directeur général de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé, s’élève à 3,6 millions d’euros au titre de l’exercice 2015, contre 2,8 millions d’euros en 2014. Il a ainsi vu sa rémunération augmenter de 26,5% par rapport à l’année passée. Si le salaire fixe du dirigeant de BNP Paribas n’a pas changé et s’élève toujours à 1,25 million d’euros, sa part variable a explosé de 62 % et atteint cette année 1,95 millions d’euros[2]. Au pays des bonus, le directeur est roi !

Le directeur général délégué de BNP Paribas, Philippe Bordenave, a également vu ses rémunérations passer à  2,3 millions euros en 2015 contre 1,4 millions d’euros en 2014[3].    

La rémunération de Frédéric Oudéa, directeur général de la Société Générale, est également en forte hausse, de 35,4%, et atteint en 2015 un total de 2,78 millions d’euros.Là encore, la croissance de sa rémunération résulte de la nette augmentation de sa part variable. Elle s’élève à 1,47 millions d’euros en 2015, soit une hausse de 55,4 % par rapport à 2014[4].

Les traders raflent la mise

Dans le secteur financier, le risque paye et paye bien. Les « preneurs de risques », terme englobant notamment les activités de trading et de courtage, ont ainsi vu leurs rémunérations s’accroitre significativement en 2015[5].  

BNP Paribas

  • La banque compte cette année 224 banquiers millionnaires, un chiffre en hausse de 50 % par rapport à l’année passée.A noter qu’un peu moins de 15 % de ces banquiers sont en France (33), le reste exerçant en Angleterre et aux Etats-Unis. 
  • Au global, les rémunérations (fixes et bonus) des traders et dirigeants de BNP Paribas ont augmenté de 58 % cette année.
  • Les bonus ont connu une croissance de 63 %.

Société Générale

  • La banque compte en 2015 118 banquiers rémunérés plus d’un million d’euros par an.
  • La Société Générale a augmenté la rémunération (fixe et bonus) de ses dirigeants et traders de 26 % au total.
  • Les bonus ont augmenté de 19 %.

Natixis

  • Au sein de Natixis, les rémunérations globales des dirigeants et traders ont augmenté de 18,6%.
  • Les bonus ont augmenté de 8,5 %.
  • On compte 26 banquiers millionnaires au sein de Natixis en 2015.

La saison des Assemblées générales approche en France et avec elle le temps des questions et des contestations. Ces primes importantes rémunèrent en effet une prise de risque qui repose encore trop souvent sur la spéculation ou le recours aux paradis fiscaux. Cette situation est aussi une provocation face à la montée des inégalités que ces rémunérations mettent inévitablement en lumière : des voix se feront-elles entendre pour dire stop comme ça a été le cas de la rémunération de Carlos Ghosn, PDG de Renault ?

En parallèle, la moitié des français gagnent moins de 1 772 euros nets par mois[6] et l’Europe, le continent le plus riche, voit en son sein près d’un quart de sa population prête de sombrer dans la pauvreté et l’exclusion sociale[7].

On est encore loin de voir s'améliorer les mauvaises notes des banques françaises en matière de bonus et rémunérations, établies par Fair Finance France.