Surmonter la crise dans les pays en développement

En s’intéressant à l’impact de la crise financière sur la vie quotidienne des populations d’une douzaine [[Arménie, Burkina Faso, Cambodge, Equateur, Ghana, Indonésie, Nicaragua, les Philippines, Thaïlande, Le Vanuatu, Vietnam, and Zambie, avec des analyses régionales sur l’Afrique, l’Amérique latine, de l’Asie du Sud-est et le pacifique – Enquête auprès de 2500 personnes]] de pays en développement, Oxfam constate les multiples manières dont les individus, familles et communautés ont surmonté la crise.

Les réseaux sociaux ont fait preuve de solidarité. Au niveau des ménages, les stratégies de résistance reposent en grande partie sur l’action des individus eux-mêmes, de leurs amis et familles ainsi que des institutions locales telles que les groupes religieux ou communautaires. Dans l’ensemble des pays étudiés, les personnes se sont entraidées en partageant nourriture, argent et informations pour surmonter notamment leur perte d’emploi ou la réduction des envois de fonds de leurs proches vivant à l’étranger. Les familles ayant des terres à cultiver ou l’accès à des zones de pêche, ont pu survivre dans de bien meilleures conditions que les autres familles. Au Vietnam, les migrants ayant des réseaux sociaux forts ont pu bénéficier d’un soutien local, et même d’envois de fonds inverses depuis leur pays d’origine. L’Etat au cœur des différentes stratégies face la crise – Les capacités de résistance sont accrues lorsque les États ont abordé la crise avec une marge de manœuvre budgétaire – sous la forme de réserves importantes, d’excédents budgétaires et d’un faible niveau d’endettement – leur permettant de maintenir les dépenses, alors même que les recettes ont baissé. Les États dont les services administratifs sont efficaces et capables de réagir rapidement à la crise par des mesures fiscales incitatives, ont également prouvé leur vertu.Les pays ayant un système fiscal efficace réduisent leur vulnérabilité face aux pertes soudaines de taxes commerciales ou d’investissements étrangers. L’Ouganda a ainsi choisi de ne pas augmenter ses taux d’imposition fiscale, mais plutôt d’améliorer son administration fiscale et ainsi améliorer ses capacités de collecte de l’impôt. – Les systèmes de santé et d’éducation gratuits, ainsi qu’une protection sociale efficace, réduisent la vulnérabilité des populations pauvres aux chocs économiques, prévenant notamment la déscolarisation qui résulte souvent des pertes de revenus. Ces systèmes font également office d’amortisseurs en cas de recul des revenus des foyers, tels que l’assurance chômage ou des programmes de travaux publics motivés par la demande comme le programme indien National Rural Employment Guarantee Scheme (NREGS), car ceux-ci peuvent s’enclencher immédiatement en cas de crise. Le Chili a par exemple adopté une « politique de l’emploi socialement responsable » en 2006, qui stipule que si le chômage dépasse 10%, un fonds d’urgence est automatiquement activé pour financer des mesures d’emploi d’urgence. – L’appui de l’État auprès des petites exploitations agricoles et des sociétés de pêche est venu soutenir les stratégies de survie des foyers dans les pays tels que le Vietnam et le Sri Lanka par exemple. – Par ailleurs les Etats qui, comme le Brésil, conservent un contrôle sur une partie de leur système bancaire ont été plus en mesure d’utiliser les banques pour acheminer les crédits vers les PME et les petits producteurs à court de trésorerie. – Enfin, une législation du travail bien conçue est indispensable pour dissuader les employeurs peu scrupuleux de tirer parti de la crise en remettant en cause les droits des travailleurs (baisse radicale du salaire, exploitation). Cependant ces stratégies ont des limites : des emprunts, contractés pour faire face à la crise, finissent par alourdir la dette des Etats de manière insupportable. L’action des institutions internationales est essentielle pour alléger les coûts budgétaires de la crise sur les pays du Sud. Oxfam recommande notamment de prendre en compte la question du genre (de nombreuses femmes ont vu leur salaire gelé, ou encore ont été contraintes d’accepter des contrats plus précaires par des sociétés profitant de la crise) et de mettre en place des filets de sécurité sociaux effectifs et étendus au secteur informel, comme l’a fait le Brésil qui a étendu sa protection sociale Bolsa Familia à 1 million de foyers.

En savoir plus

– Voir le rapport complet crise économique mondiale et pays en développement, mai 2010 (en version anglaise seulement) -Télécharger le résumé du rapport en français – Lire l’article la crise contraint les pays pauvres à réduire leurs dépenses dans les secteurs sociaux