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Nouveau rapport d’Oxfam publié en amont du 8 mars et publication d’un manifeste dans Le Journal du Dimanche signé par plus de 48 président∙e∙s de collectivités – dont Nathalie Appéré (Rennes), Martine Aubry (Lille), Jeanne Barseghian (Strasbourg), Grégory Doucet (Lyon), Marie-Antoinette Maupertuis (Assemblée de Corse), Benoit Payan (Marseille), Johanna Rolland (Nantes), et Stéphane Troussel (Seine Saint-Denis) – et demandant d’accélérer les efforts sur les territoires en matière d’égalité femmes-hommes.

En amont de la journée internationale des droits des femmes, Oxfam France a décidé de mettre à l’honneur des initiatives innovantes prises par des collectivités locales ces dernières années.

Un an après avoir dressé un bilan mitigé de « la grande cause du quinquennat » du gouvernement [1], ce rapport démontre que des collectivités avancent pour développer une approche féministe sur les territoires.

Le rapport présente des exemples concrets de bonnes pratiques et formule des recommandations.

 

Des initiatives locales à la pointe

Ces dernières années des initiatives innovantes et féministes ont émergé sur le territoire français, des collectivités qui ont décidé de : décortiquer leur budget pour mieux mesurer l’impact de leur action sur la réduction des inégalités femmes-hommes ; ouvrir des centres d’accueil et de prise en charge de femmes victimes de violences pour pouvoir mieux répondre à la demande croissante des habitantes ; repenser les cours d’école et les équipements urbains pour que l’espace public ne soit plus accaparé par les hommes et les garçons.

Et les résultats sont là :

  • Un rééquilibrage des subventions de la ville de Lyon aux tournois sportifs féminins et
    masculins.
  • 8 000 places de crèches créés à Paris en près de 10 ans. Une cour d’école aux Lilas repensée pour permettre aux jeunes filles et aux jeunes garçons de mieux partager l’espace public.
  •  50 femmes sarcelloises éloignées de la vie publique qui deviennent de réelles actrices de leur ville.
  •  3 nouvelles femmes victimes de violences accueillies chaque jour dans des centres ouverts à Nantes et Nanterre.

« Alors que le combat pour l’égalité femmes-hommes stagne, ces initiatives locales sont essentielles. L’échelon local est un échelon incontournable pour mettre en place des politiques publiques de réduction des inégalités. Certains territoires sont à la pointe, ces bonnes pratiques doivent alimenter le débat national et donner des idées à l’Etat pour concrétiser la grande cause du quinquennat » déclare Sandra Lhote Fernandes, responsable du plaidoyer Droits des femmes d’Oxfam France.

 

Un pouvoir local qui se féminise !

Ces progrès et initiatives s’expliquent notamment par une plus grande féminisation des exécutifs locaux : en 20 ans et grâce aux lois sur la parité, on est passé respectivement de 22% à 42% de conseillères municipales, de moins de 10% à 50% de conseillères départementales, et de moins de 3% à 49% de conseillères régionales. En 2001, seules deux maires des dix premières villes françaises étaient des femmes, elles sont désormais quatre.

Ces progrès au niveau des fonctions électives ne se traduisent cependant pas encore suffisamment à d’autres échelons clés du pouvoir local : pour les dix premières villes françaises, une seule femme occupe le poste de Directrice Générale des Services, tandis qu’au niveau des régions les compétences telles que les affaires sociales sont davantage attribuées aux femmes (83%), alors que les délégations considérées comme les plus stratégiques et valorisées comme les finances sont davantage occupées par les hommes (seulement 16% détenues par des femmes).

« Plus de femmes au pouvoir est au cœur des combats féministes pour que les politiques ne soient plus uniquement faites par et pour les hommes. Electeurs, électrices, partis politiques et élu.e.s doivent impérativement œuvrer à poursuivre et accélérer la féminisation du pouvoir au niveau local, mais également soutenir des territoires féministes ! » ajoute Sandra Lhote Fernandes.

 

La grande cause du quinquennat largement sous-financée dans les territoires

La grande cause du quinquennat reste malheureusement largement sous-financée : 1% du budget de l’Etat concourt à la politique française d’égalité femmes-hommes et malgré une nette augmentation, le budget du Ministère des droits des femmes n’en représente que 0,018%.

Le contexte budgétaire des collectivités limite également leurs marges de manœuvre. Les collectivités subissent à la fois une politique globale de baisse des dépenses publiques, ont été fragilisées par des suppressions d’impôt insuffisamment compensées et font face à l’inflation et la montée des prix de l’énergie.

« Alors qu’il faudrait faire plus pour accélérer les efforts en matière d’égalité, les collectivités doivent se contenter de moins. Leur situation financière les empêche de contribuer à la hauteur de leur potentiel. Par exemple, le manque à gagner pour les collectivités dû à la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises [2] serait de 650 millions d’euros cette année. Cette somme équivaut à 30 000 places d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violences conjugales ou 16 000 places en crèche » déclare Sandra Lhote-Fernandes.

« La grande cause du quinquennat ne sera jamais une réalité sur les territoires sans un réel plan d’urgence pour faire avancer l’égalité femmes-hommes. Le président Emmanuel Macron ne peut pas se satisfaire d’un bilan insuffisant sur ce sujet et doit entendre l’appel de 48 élu-e-s prêt-e-s à accélérer les efforts, car les femmes ne veulent pas attendre plus de 130 ans avant de connaitre un monde égalitaire ! [3] ».

Contact presse

Marika Bekier, responsable médias
mbekier@oxfamfrance.org| 06 24 34 99 31

Notes aux rédactions:

Le rapport est téléchargeable en avant-première sur ce lien.
Un appel intitulé « Territoires féministes ! Appel d’élu-e-s pour accélérer les efforts en
faveur de l’égalité femmes-hommes » est désormais signé par plus de 48 collectivités et
sera publié en début de semaine prochaine. Nous contacter pour plus d’information.

[1] Le 3 mars 2022, Oxfam a publié un rapport dressant le bilan du quinquennat d’Emmanuel
Macron en matière d’égalité femmes-hommes intitulé « Grande Cause, petit bilan ».

[2] La loi de finances 2023 prévoit la suppression sur deux ans de la cotisation sur la valeur
ajoutée des entreprises (CVAE), une taxe progressive selon le chiffre d’affaires des entreprises
qui était perçue par les collectivités locales. Cette suppression fait suite à première baisse de la
CVAE en 2020. Bien que l’Etat ait annoncé que cette suppression serait indolore pour les
collectivités l’association des maires de France (AMF) a annoncé que le manque à gagner pour
les collectivités allait être de 650 millions d’euros en 2023. L’Etat s’est engagé à compenser ces
baisses en transférant des recettes de TVA, mais souhaite y adjoindre des objectifs de
réduction des dépenses des collectivités. Moins de recettes fiscales pour les collectivités,
moins de recettes fiscales dans le budget général (qui compense une partie du manque à
gagner), le cocktail est explosif. Le Conseil des Prélèvements Obligatoires s’inquiète de l’impact
de ces baisses sur les marges de manœuvres budgétaires.

[3] Selon le rapport annuel du Forum économique mondial, au rythme actuel il faut encore 132
ans avant d’atteindre l’égalité femmes-hommes à l’échelle de la planète.