Cette semaine marque la date du premier anniversaire de l’incendie qui a brûlé le tristement célèbre camp de Moria à Lesbos. Un an depuis la promesse du « Plus de Morias » faite par la commissaire européenne, Ylva Johansson, aux réfugiés vivant dans la « Moria 2 » temporaire et construite à la hâte, les conditions de vie y sont toujours aussi désastreuses et les déplacés d’autant plus vulnérables aujourd’hui qu’environ 91% des résidents du camp ne sont pas vaccinés contre le COVID-19.

En même temps, et alors que les dirigeants européens expriment publiquement leur préoccupation pour la sécurité des personnes en Afghanistan, peu d’inquiétude est accordée aux Afghans qui sont en quête de sécurité en Europe. Une nouvelle décision du gouvernement grec interdit aux Afghans, entre autres nationalités, d’entrer en Europe.

Ce alors qu’aujourd’hui, sur le site de Mavrovouni (Moria 2), les Afghans représentent 63 % de la population, un pourcentage stable depuis des mois et alors que le 16 août, au lendemain de la chute de Kaboul, le ministre grec des Migrations, Notis Mitarachi, a déclaré que « la Grèce ne pourrait pas devenir une porte d’entrée » pour les Afghans. Cela contredit non seulement les obligations existantes d’accueillir ceux qui recherchent la sécurité, mais représente aussi le risque de devoir renvoyer davantage de personnes en Turquie, pays qui accueille plus de réfugiés que tout autre pays au monde.

Jon Cerezo, responsable de la campagne migrations chez Oxfam France, a déclaré :
« Nous recevons des nouvelles inquiétantes sur les conditions des personnes déplacées à Lesbos. Dans un cas étudié par notre partenaire, le Conseil Grec pour les Réfugiés, les autorités grecques ont refusé d’examiner la demande d’asile d’une famille afghane.

Plutôt que de l’examiner, comme le veut la loi européenne sur les migrations, elles ont pris la décision infondée que, bien qu’elle n’ait passé que quatre jours en Turquie avant d’entrer en Grèce, la famille devait y être renvoyée. Ce malgré le fait que la Turquie refuse les retours de Grèce depuis 2020, ce qui signifie que cette famille est maintenant complétement bloquée à Lesbos. Et ce n’est pas un cas isolé ! »

L’absence de mesures de sécurité dans le camp met également en danger les femmes. Une enquête récente a montré que les femmes célibataires expriment leurs craintes de manquer d’eau ou d’utiliser les douches et les salles de bain après la tombée de la nuit. Des mesures telles que l’installation d’un éclairage approprié, l’examen de la possibilité de construire des toilettes plus près de la section des femmes célibataires du camp et le renforcement de la sécurité des femmes rendraient ce camp temporaire plus sûr pour les femmes.

Les personnes qui recherchent la sécurité vivent dans des conditions indignes, semblables à celles des bidonvilles. Comment l’UE entend concilier cette réalité en Europe avec son objectif exprimé d’aider les gens à reconstruire leur vie n’est pas claire.

Contact presse :

Jon Cerezo, responsable campagne migrations chez Oxfam France, 06 51 15 54 38

Notes aux rédactions :

– Lisez ici le « Bulletin de Lesbos » publié par Oxfam en partenariat avec le Conseil Grec pour les Réfugiés : une mise à jour sur la situation dans les îles grecques.
– Des porte-parole sont disponibles à Athènes et Lesbos (anglais).
– En juin, les autorités grecques ont décidé de désigner la Turquie comme pays tiers sûr pour les demandeurs d’asile originaires d’Afghanistan, de Syrie, de Somalie, du Pakistan ou du Bangladesh. Selon les données officielles, les candidats de ces cinq pays représentaient 65,8% des demandeurs d’asile en 2020.
– La Cour européenne des droits de l’homme a affirmé le 19 juillet 2021 que les conditions de vie dans le camp de Mavrovouni (« Moria 2 ») continuent de ne pas être conformes aux normes juridiques de l’UE.