2023 : les vrais chiffres des financements climatiques

A trois semaines du Sommet pour un Nouveau Pacte Financier mondial organisé par Emmanuel Macron pour “bâtir un système financier international plus solidaire”, Oxfam dénonce la surévaluation systématique des financements climatiques des pays riches envers les pays du Sud.

Le rapport publié aujourd’hui par Oxfam montre que si les pays donateurs affirment avoir mobilisé 83,3 milliards de dollars en 2020, la valeur réelle de leurs dépenses s’élève tout au plus à 24,5 milliards de dollars.

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Financements climat : les promesses des pays riches non tenues

Alors que les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et que le changement climatique fait des ravages chez les populations qui en sont les moins responsables, les pays riches et polluants ont déjà trois ans de retard sur leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars annuels pour financer la lutte contre le changement climatique dans les pays à faible et moyen revenu.

Si les pays donateurs affirment avoir mobilisé 83,3 milliards de dollars en 2020, la valeur réelle de leurs dépenses s’élève tout au plus à 24,5 milliards de dollars. La somme de 83,3 milliards de dollars est surestimée car elle inclut des projets dont la part climatique a été surévaluée, ou des prêts qui sont par définition à rembourser.

Des financements climats problématiques à plusieurs égards

Le rapport d’Oxfam montre que le financement climat est loin d’atteindre son objectif du fait d’un nombre excessif de prêts, de subventions insuffisantes, d’un financement inadéquat de l’adaptation et de pratiques de comptabilisation trompeuses. Ce rapport révèle notamment que les pays donateurs repeignent en vert jusqu’à un tiers de leur aide publique au développement en financements climat au lieu de proposer des fonds additionnels.

De même, ces financements tiennent très peu compte des inégalités femmes-hommes alors que les femmes sont plus impactées par le changement climatique. Seuls 2,9 % de l’ensemble des financements ont identifié l’atteinte de l’égalité des sexes comme une priorité.

Par ailleurs, la volonté de mobiliser massivement la finance privée ne s’est pas concrétisée, puisque seuls 14 milliards de dollars sont investis annuellement par des acteurs privés dans le cadre de projets climatiques d’aide au développement.

La France, mauvaise élève en matière de dons

Bien qu’elle fournisse des montants relativement élevés en valeur absolue, la France est le pire élève concernant sa part de dons dans ses financements bilatéraux, avec seulement 7% de ses financements fournis sous forme de dons.

En étant donc accordés à 93% sous forme de prêts à rembourser, ces financements risquent de nuire davantage aux populations locales que de les aider car ils alourdissent encore plus le fardeau de la dette dans des pays déjà lourdement endettés et impactés par la hausse des taux d’intérêt.

Alors qu’Emmanuel Macron s’apprête à accueillir les 22 et 23 juin une conférence internationale pour élaborer un “nouveau pacte financier” avec les pays du Sud, il est temps pour la France de corriger le tir.

Rapport-oxfam-Financements-Climat-2023

Date : 

05/06/2023

Auteur : 

Oxfam