Agriculture : les inégalités sont dans le pré

A l’occasion du Salon de l’agriculture, un nouveau rapport d’Oxfam « Agriculture : les inégalités sont dans le pré » fait la lumière sur l’ampleur des inégalités de genre dans le monde agricole. Et alors que le secteur est à l’avant-garde des effets du changement climatique, la place des femmes dans l’agriculture apparaît plus que jamais comme primordiale.

Agriculture et inégalités de genre : les infos-clés

  • La rémunération des agricultrices est 29% inférieure à celle des agriculteurs, soit ¼ de plus que dans les autres secteurs
  • La retraite moyenne des agricultrices est de 570€ mensuel contre 840€ pour un agriculteur
  • 132 000 agricultrices n’ont pas de statut lié à leur travail agricole
  • Les agricultrices sont plus présentes dans les pratiques agricoles durables : bio (13% de plus que dans les filières non-bio) et les circuits courts, élevage extensif…
  • Manque de données : il existe très peu de données ventilées par genre qui permettrait d’orienter les politiques agricoles vers plus d’égalité

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Un secteur agricole marqué par les inégalités de genre

Dans l’agriculture, les femmes font face à des inégalités multiples. Des inégalités de revenu tout d’abord : les agricultrices gagnent en moyenne 29 % de moins que les hommes. À la retraite, les écarts de pension se creusent aussi : en 2020, la retraite moyenne d’une agricultrice était de 570 euros par mois contre 840 euros pour un agriculteur, soit une pension 32% plus faible.

On estime par ailleurs que 132 000 femmes d’exploitants n’ont pas de statut qui permette de visibiliser leur action directe ou indirecte sur l’exploitation, malgré leur rôle vital.

Ces inégalités structurelles sont largement renforcées par des obstacles institutionnels, à commencer par le peu de données disponibles sur l’étendue des inégalités dont sont victimes les agricultrices.

Les agricultrices face au changement climatique

Les agricultrices sont proportionnellement plus présentes dans certaines cultures parmi les plus vulnérables aux effets du changement climatique, comme la viticulture ou le maraîchage. Les inégalités (de revenu, d’accès au foncier, à l’investissement…) auxquelles elles font face aggravent leur vulnérabilité car cela affecte directement leur capacité d’adaptation.

Pourtant, les femmes apparaissent comme davantage motrices dans la réponse au changement climatique. Les exploitations bio sont par exemple boostées par les femmes : elles gèrent un tiers des exploitations en bio alors qu’elles ne composent, pour tout le secteur, que 29% des actifs permanents agricoles. Les exploitations gérées par des femmes sont aussi plus souvent tournées vers les circuits courts et la vente directe que celles gérées par des hommes.

Les recommandations d’Oxfam France

Pour réduire les inégalités de genre dans le secteur agricole, Oxfam France appelle notamment à :

  • Orienter le service de la statistique agricole Agreste vers la production de données genrées
  • Tendre vers la parité des organisations agricoles, des instances décisionnaires, et du Ministère, en s’inspirant des quotas dans les conseils d’administration et les comités exécutif des grandes entreprises.
  • Réformer la Dotation Jeune Agriculteur afin que son attribution et son montant favorise l’installation des agricultrices, notamment
  • Réaliser une analyse sensible au genre dans le cadre de la révision de la stratégie nationale d’adaptation au changement climatique.

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Agri-Rapport-Genre

Date :

01/03/2023

Auteur :

Oxfam France