Charbon : le mauvais calcul des banques françaises

Le cas de l'Afrique du Sud

Les cinq principales banques françaises ont soutenu le secteur du charbon à hauteur de plus de 30 milliards d’euros entre 2005 et avril 2014. Un chiffre qui fait de la France le 4ème plus gros financeur du charbon pour cette période. Elles ont notamment contribué au financement de 2 méga centrales à charbon en Afrique du Sud, Medupi et Kusile, les 3ème et 4ème plus grosses centrales thermiques au monde. Par leur soutien à ce secteur, les banques françaises contribuent directement et massivement aux changements climatiques, ainsi qu’à de graves atteintes sociales, sanitaires et environnementales dont sont victimes les populations sud africaines.

Au Sud comme au Nord, les phénomènes climatiques extrêmes ont un impact désastreux sur le quotidien de millions de personnes. Pour limiter le réchauffement de la planète à 2°C, changer de modèle énergétique est impératif. L’utilisation des énergies fossiles est la première cause des changements climatiques. Tous secteurs confondus, elle est responsable de 80 % des émissions de CO2 à l’échelle mondiale et de plus de 65% des émissions de gaz à effet de serre. Le charbon est la plus polluante de ces énergies, sa combustion générant à elle seule 44 % des émissions mondiales de CO2 dues aux énergies fossiles.

Les cinq principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE/Natixis et Crédit mutuel – ont soutenu le secteur du charbon  à  hauteur  de  plus  de  30  milliards  d’euros entre  2005  et  avril  2014.  Un  chiffre  qui  fait  de  la France le 4ème plus gros financeur du charbon pour cette  période.  Malgré  leurs  engagements  à  lutter contre les changements climatiques, les soutiens des banques françaises au secteur du charbon ont  augmenté  de  218  %  entre  2005  et  2013.  Ces milliards de soutiens se concrétisent en projets de mines  et  de  centrales  à  charbon  dont  les  impacts sont non seulement extrêmement mauvais pour l’environnement local et le climat mais aussi violents pour les droits des populations. La construction de deux énormes centrales, Medupi et Kusile, destinées  à  devenir  respectivement  les troisième et quatrième plus importantes au monde, assumée en partie par Alstom, a notamment été financée par les 5 banques pré-citées.

Réfutant l’ensemble des arguments avancés par les banques, cette étude démontre que par leur soutien, les banques françaises tendent à  enfermer  l’Afrique  du  Sud  dans  un  mode  de développement datant du siècle dernier, qui peine à dégager des bénéfices pour les populations, tant en termes d’emploi que d’accès à l’électricité, et malgré le fort potentiel du pays en énergies renouvelables. Par ailleurs, cette étude démontre que le « charbon propre » ne permet pas de concilier l’inconciliable : le charbon et le climat.

Pour les Amis de la Terre France et Oxfam France, soutenus par l’initiative Fair Finance France, les banques françaises doivent enfin prendre leurs responsabilités au regard des impacts des projets qu’elles financent, cesser leurs soutiens aux énergies fossiles, à commencer par le charbon, et réellement financer la transition énergétique.

 

 

Auteur(s) du rapport

Oxfam France / Amis de la Terre