Combattre les inégalités en période de Covid-19

Combattre les inégalités en période de Covid-19
Indice de l’engagement à la réduction des inégalités 2020

La pandémie de Covid-19 s’est abattue sur des pays très mal préparés, qui ont subi de plein fouet les conséquences d’un très faible niveau de dépenses en santé publique, de la faiblesse de leurs filets de sécurité sociale et de droits du travail insuffisants. C’est ce que met en lumière une nouvelle analyse d’Oxfam et de Development Finance International (DFI). Seulement 26 des 158 pays étudiés pour établir l’indice ERI 2020 (Engagement à réduire les inégalités) consacraient la part recommandée de 15 % de leur budget de santé destinée à la lutte contre la pandémie.

Les citoyen.nes et les pays les plus pauvres payent aujourd’hui le prix fort de cette incapacité des gouvernements à lutter efficacement contre les inégalités.

Communiqué de presse

Des inégalités criantes, qui laissent les pays dépourvus face à la crise du Covid-19

L’indice ERI classe 158 États du monde en fonction de leurs engagements à réduire les inégalités. Il mesure les politiques et actions des gouvernements dans trois domaines ayant un impact direct sur la réduction des inégalités :

  • Services publics (santé, éducation et protection sociale)
  • Fiscalité
  • Droits du travail

Sur les 158 pays étudiés, seuls 26 dédiaient avant la pandémie 15% de leur budget à la santé, soit la part recommandée pour un financement adéquat. L’Inde, par exemple, n’y a alloué que 4%.

Par ailleurs, dans 103 pays, au moins un-e travailleur-se sur trois ne se voyait pas garantir ses droits fondamentaux ou de protection en matière de travail, tels que des congés maladie payés.

Les Etats déjà engagés dans la réduction des inégalités se sont, à l’inverse, montrés plus à même d’affronter les défis économiques et sanitaires posés par la pandémie de coronavirus.

Aucun pays du monde n’en fait assez pour lutter contre les inégalités

Si l’indice ERI souligne les « bons élèves », le constat reste le même qu’ailleurs : ils pourraient faire mieux. Alors que la Norvège occupe par exemple la première place en obtenant notamment le meilleur score en matière de droits du travail, 15 pays de l’OCDE se classent mieux qu’elle en matière d’inégalités.

Certains pays comme la Corée du Sud ou le Costa Rica avaient commencé à prendre des mesures positives avant la pandémie en augmentant le salaire minimum ou les dépenses de santé. La Nouvelle-Zélande a elle mis en place un budget « bien-être » pour lutter contre pauvreté chez les enfants et les inégalités.

Du côté des mauvais élèves, on retrouve les Etats-Unis qui se classent au dernier rang des pays riches du G7. Les raisons ? Des politiques antisyndicales, un salaire minimum très bas et une administration Trump qui n’a accordé qu’une aide temporaire aux travailleurs et travailleuses précaires lors de son plan de relance d’avril, après avoir réduit de façon permanente les impôts au profit des entreprises et des plus riches en 2017.

L’Afrique de l’Ouest est la région du continent africain où les gouvernements sont les moins engagés à réduire les inégalités. La croissance économique que connaît la région depuis 20 ans ne profite qu’à une toute petite minorité. Au Sahel plus spécifiquement, les inégalités alimentent un fort sentiment d’injustice et de défiance envers les décideurs politiques.

Enfin, beaucoup de pays figurant parmi les premiers de l’indice ERI tels que l’Allemagne, le Royaume-Uni ou la France accusent un recul en matière de réduction des inégalités, notamment en ce qui concerne les mesures d’imposition progressive.

La pandémie de coronavirus exacerbe les inégalités et montre l’urgence de les combattre

La pandémie est venue frapper un monde déjà profondément marqué par les inégalités. Pire, elle les amplifie. Les personnes les plus pauvres sont les moins à même de s’isoler et de se protéger. Sur un plan économique, ce sont également elles qui perdent leurs emplois et sont confrontées à des niveaux de faim plus importants.

Les femmes sont parmi les personnes les plus touchées. Généralement moins bien payées, elles occupent des emplois plus précaires et ont été particulièrement touchées par les mesures de confinement mises en place en réponse à la propagation du virus. Les violences fondées sur le genre ont également augmenté de façon spectaculaire.

Ces inégalités extrêmes ne sont pas une fatalité. Ces derniers mois plusieurs pays ont montré qu’une réponse plus juste et solidaire face à la crise est possible. L’Ukraine a augmenté de 300% les salaires des personnels soignants. Le Togo et la Namibie ont soutenu les travailleurs et travailleuses du secteur informel qui avaient perdu leur emploi. Le Bangladesh a distribué 11 millions de dollars en primes au personnel soignant mobilisé face au COVID-19, en grande majorité des femmes.

Les gouvernements doivent donc s’engager de façon urgente à réduire les inégalités, au risque de voir la crise actuelle les exacerber encore davantage. Certaines politiques ont fait leurs preuves, telles que la gratuité des soins de santé publics, la mise en place de filets de sécurité sociale pour les personnes ne pouvant travailler, des salaires décents et un système fiscal juste et équitable.

Je découvre le rapport

Project Pathik @ Bihar - Distribution of hot cooked meals and drinking water to stranded migrant labourers making their way home interstate on foot (May 2020) (2)

Auteur(s) :

Oxfam International

Date de parution :

Octobre 2020