Les coulisses de l’élevage d’exportation bas de gamme

Analyse des filières lait, porc et poulet de chair

Le Réseau Action Climat, Oxfam France et Greenpeace France publient aujourd’hui un rapport sur les exportations françaises de produits d’élevage vers les pays en développement. Notre rapport révèle que, dans un secteur économique monopolisé par quelques grands groupes agro-alimentaires, les trois filières agricoles les plus exportatrices (lait, porc et volaille de chair) ont des impacts humains, économiques et environnementaux délétères.

En contradiction totale avec les attentes sociétales, les acteurs de ces filières sont aujourd’hui enfermés dans un modèle insoutenable, à repenser en profondeur.

Une stratégie commerciale incohérente, qui va droit dans le mur

Notre étude montre que les filières françaises de lait, porc et volaille de chair exportent respectivement à hauteur de 42%, 39% et 25% de leur production. La part de ces exportations destinée aux pays en développement est en augmentation et concerne essentiellement des produits très bas de gamme comme le « poulet export », les bas morceaux du porc ou le lait en poudre.

Parallèlement, la France importe des morceaux plus haut de gamme pour répondre à la demande alimentaire de la population française. Un non-sens qui a de lourdes conséquences.

Lire le rapport

Des impacts sociétaux négatifs, au Sud comme au Nord

Cette stratégie absurde d’exportation de produits low cost, dominée par des entreprises agroalimentaires très puissantes, enferme les éleveurs français dans une course à la concurrence et à la recherche du coût le plus bas possible.

Les conséquences de ce modèle sont ravageuses. Non seulement les produits bas de gamme déversés à bas coût déstructurent les marchés des pays en développement mais ce modèle a aussi de lourds impacts sur le secteur de l’élevage français. Les éleveurs enfermés dans ce système ultra-productiviste dépendent de marchés internationaux volatiles et peu rémunérateurs tant pour leurs intrants que pour l’écoulement de leur production. Ce système tire aussi vers le bas les conditions des travailleurs français de l’agro-alimentaire.

Les conditions de production de ces produits issus de l’élevage intensif sont par ailleurs très peu compatibles avec le bien-être animal et ont un fort impact environnemental, tant en matière d’émissions de CO2 que pollutions locales aux nitrates ou à l’ammoniac.

Pour un modèle plus soutenable, nos recommandations

Nos organisations appellent les pouvoirs publics à :

  • Accompagner la réorientation des stratégies commerciales des filières et réviser les politiques agricoles pour diminuer les impacts sur les pays du Sud ;
  • Sortir des élevages intensifs et enclencher la transition vers un élevage durable ;
  • Accompagner l’évolution des modes de consommation alimentaire.
Rappor-elevage-exportation

Auteur :

Réseau Action Climat
Greenpeace France
Oxfam France

Date de parution : 

Octobre 2022