Mettre fin à la crise de la recherche et du développement dans la santé publique

Moins de 10% de toute la recherche médicale est consacrée aux maladies touchant plus de 90% de la population mondiale. Ce rapport présente les nouvelles approches nécessaires pour mettre fin au manque de recherche et développement (R&D) dans le domaine médical pour les plus pauvres.

"Les gouvernements et l'industrie pharmaceutique ne parviennent toujours pas à développer de nouveaux médicaments et vaccins pour faire face aux maladies affectant les pays en voie de développement".

Les maladies tropicales comme la dengue ou la maladie du sommeil touchent des millions de personnes dans les pays en développement, et pourtant à chaque fois que 100 000 dollars sont dépensés dans le monde pour la R&D (Recherche et développement) médicale seulement 1 dollar est consacré à ces maladies.

"Le maintien d'un statu quo ne permet tout simplement pas d'avancer, a déclaré Rohit Malpani, coauteur du rapport. Une R&D axée sur les besoins urgents des pays en développement est toujours dictée largement par la propriété intellectuelle dont elle dépend, même si ce système délaisse manifestement les populations pauvres."

Les pays riches sont toujours sérieusement en retard en matière de fourniture de ressources pour le financement de la recherche sur les maladies négligées. L'Allemagne n'a fourni que 20 millions de dollars en 2007 pour l'innovation médicale qui profiterait aux populations pauvres, soit seulement 0,12% de son budget total pour la recherche.

Même lorsque les gouvernements investissent pour améliorer la R&D, leurs initiatives sont souvent inefficaces et synonymes de gaspillage, avec peu de coordination et de transparence. Par exemple, la première initiative de la "garantie de marché" (AMC, Advanced market commitment), mécanisme prometteur visant à stimuler l"innovation en matière de vaccins contre les maladies négligées, s'est soldée par du gaspillage. L'objectif était de développer un vaccin pour prévenir les maladies pneumococciques, responsables de la mort de 1,6 million d'enfants chaque année. Les donateurs dont le Canada, le Royaume-Uni, la Russie, l'Italie, la Norvège et la Fondation Gates remirent plus de 1,5 milliard de dollars aux entreprises pharmaceutiques Wyeth et Glaxo-Smith Kline. Toutefois, les fonds furent utilisés pour modifier et obtenir un vaccin qui était déjà en cours de développement pour les marchés riches, ce qui n'a donc pas représenté une véritable innovation.

"À une époque où les donateurs sont tenus pour responsables de leurs budgets d'aide, il n'est pas logique que des fonds essentiels dédiés à la R&D soient mal utilisés", a ajouté Rohit Malpani. Oxfam précise que les idées ne manque pas sur la manière d'améliorer la recherche et le développement, comme les communautés de brevets et les fonds destinés à des prix ("prize funds"). L'agence demande à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) d'établir un "Fonds Global pour la Recherche et le Développement" qui serait dédié à l'encouragement d'innovations supplémentaires, afin de s'occuper de l'écrasant fardeau que représentent les maladies affectant principalement les populations pauvres des pays en développement.

Selon Rohit Malpani : "Depuis trop longtemps les pauvres reçoivent les restes de notre système mondial d"innovation médicale ; cela dure depuis des années. Un virage à 180° par rapport au système actuel non coordonné et dirigé par l'industrie doit être effectué impérativement en matière de pratiques de R&D."

Auteur(s) du rapport

Oxfam